Monde : SYRIE
Al-Jazeera toujours sans nouvelles de sa journaliste disparue


La chaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera a affirmé hier être toujours sans nouvelles de sa journaliste Dorothy Parvez, détenue selon elle en Syrie, et démenti les informations d'un quotidien syrien selon lesquelles elle aurait quitté le pays.
Le journal Al-Watan, proche du pouvoir en Syrie, a affirmé hier que Dorothy Parvez, détenue selon la chaîne qatarie depuis son arrivée à Damas le 29 avril, avait quitté la Syrie le 1er mai. «Les autorités syriennes ne nous ont donné aucune information sur ce qui est arrivé à Dorothy après son arrivée en Syrie. Cette affaire relève de leur responsabilité et nous continuons de réclamer sa libération», a affirmé un porte-parole de la chaîne dans un communiqué. Les Etats-Unis avaient déclaré vendredi chercher à entrer en contact par voie diplomatique avec Dorothy Parvez, une Américano-canado-iranienne qui a rejoint Al- Jazeera en 2010 pour travailler pour sa chaîne en anglais. La chaîne qatarie avait appelé mercredi les autorités syriennes à libérer sa journaliste, déclarant qu'elle était détenue depuis son arrivée à Damas. D'après Al-Watan, la journaliste, âgée de 39 ans, a quitté la Syrie le 1er mai, «les autorités lui ayant interdit l'entrée car elle était munie d'un visa touristique alors que son matériel montrait qu'elle se rendait en Syrie dans l'intention de couvrir» les événements. Al-Jazeera est critiquée en Syrie pour sa couverture jugée exagérée du mouvement de révolte populaire entamé mi-mars, et dont la couverture est étroitement surveillée par le régime du président Bachar Al-Assad. Les médias officiels syriens accusent régulièrement les chaînes satellitaires, en particulier Al- Jazeera, Al-Arabiya, la BBC et France 24, d'utiliser des images «fabriquées» sans s'assurer de leur source.

Libération de six figures de l'opposition
Six figures de l'opposition syrienne, dont cinq arrêtées au cours du mouvement de contestation sans précédent contre le régime de Bachar Al-Assad, ont été libérées, ont indiqué hier un avocat et un militant des droits de l'Homme.
«Le juge a décidé de libérer mardi l'écrivain Fayez Sara (arrêté le 11 avril), le dirigeant du parti du peuple démocratique Georges Sabra (arrêté le 10 avril), et le militant Kamal Cheikho, détenu depuis le 16 mars», a précisé l'avocat Michel Chammas à l'AFP. Ils ont été libérés après le versement d'une caution de 100 dollars chacun. Les autorités ont libéré en outre lundi soir «Hassan Abdel-Azim en compagnie du journaliste Hazem Al-Nahar. Ils n'ont pas été traduits en justice», a ajouté l'avocat. Avocat de formation, M. Abdel Azim, 80 ans, est secrétaire général du parti de l'Union arabe socialiste et porte-parole du Rassemblement national démocratique, mouvements d'opposition de gauche. Il a été enlevé il y a plusieurs jours. M. Chammas a appelé les autorités à «libérer tous les détenus de conscience en Syrie et à engager un dialogue national généralisé, pour parvenir à une solution à la crise». De nombreux opposants ont été arrêtés en Syrie depuis le début, le 15 mars, du mouvement de protestation réclamant des réformes politiques et économiques et un changement de régime en Syrie. Le président Assad a levé le 21 avril l'état d'urgence en vigueur depuis l'arrivée au pouvoir du parti Baâth en mars 1963, répondant ainsi à l'une des principales revendications des contestataires, avec la libération des prisonniers politiques. Malgré cette mesure, la répression a continué contre les manifestants et les arrestations se sont multipliées. Pour sa part, le président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme, Ammar Qorabi, a annoncé dans un communiqué la libération dimanche de l'opposant Habib Saleh, qui a purgé une peine de trois ans de prison sous l'accusation de «propagations d'informations mensongères». Les services de sécurité l'avaient arrêté en mai 2008 à Tartous (nord-ouest) après avoir publié un article appelant à des réformes politiques. Cet écrivain avait été arrêté en 1982, puis en 1986, en 1994, et en 2001 avec neuf autres militants démocrates et avait alors passé trois ans en prison. Il avait à nouveau été arrêté en mai 2005, accusé d'«avoir publié des informations mensongères» sur internet.

Le frère du président Al-Assad sanctionné
Le frère cadet du président syrien Bachar al-Assad, Maher, chef de la Garde républicaine, figure en tête de liste des 13 responsables syriens sanctionnés par l'Union européenne pour leur rôle dans la répression des opposants, selon le Journal officiel de l'UE publié hier.
Maher al-Assad, 43 ans, présenté comme «le principal maître d'œuvre de la répression contre les manifestants», précède sur la liste le chef des renseignements généraux Ali Mamlouk, 65 ans, et le nouveau ministre de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaâr (âge non précisé), nommé le 28 avril, également sanctionnés pour leur «implication». Les plus hauts responsables de l'appareil répressif syrien sont également en bonne place comme les chefs respectifs de la sécurité politique, du renseignement militaire et du renseignement militaire de l'armée de l'air, Mohammed Dib Zeitoun, Abd al-Fatah Qudsiyah et Jamil Hassan. Les sanctions contre les treize responsables syriens, identifiés comme étant particulièrement impliqués dans la répression violente des manifestations, prévoient un gel de leurs avoirs et l'interdiction d'accès aux pays de l'UE. Bruxelles a également décidé un embargo sur les armes, les deux mesures entrant en vigueur dès hier. Une personnalité qualifiée de «proche de Maher al-Assad», le colonel Hafez Makhlouf, 40 ans, qui dirige une unité des Renseignements généraux figure sur cette liste. De même Rami Makhlouf, 41 ans, «homme d'affaires syrien associé à Maher al-Assad», qui «finance le régime permettant la répression contre les manifestants». Les autres responsables visés sont : Atef Najib, un cousin du président, «ancien responsable de la sécurité politique à Deraâ» (sud), localité où a éclaté le mouvement de contestation du régime, Amjad al-Abbas, chef de la sécurité politique à Banias (côte méditerranéenne) et «impliqué dans la répression des manifestants à Baida» (Centre), Rustum Ghazali, chef du service de renseignement militaire pour le gouvernorat de Damas (ex-homme fort au Liban du temps de la présence militaire syrienne dans ce pays, NDLR), et enfin deux membres de la milice Shabiha, et du clan du président, Fawwaz al-Assad et Mundir al- Assad. Le président Bachar al-Assad a échappé dans l'immédiat aux sanctions, en raison de divergences au sein de l'UE sur l'opportunité de viser le chef de l'Etat syrien, selon des sources diplomatiques. L'Allemagne n'a pas exclu un second train de sanctions renforcées. «Les sanctions décidées (par l'UE) sont un premier pas. Si Damas poursuit la répression, nous ferons davantage pression et renforcerons les sanctions», a estimé hier le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, cité dans un communiqué. Selon des organisations de défense des droits de l'homme, depuis le début du mouvement de contestation, entre 600 et 700 personnes ont été tuées et au moins 8 000 autres ont été interpellées en Syrie.

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