Culture : VALENTINA GHANEM EXPOSE � LA GALERIE ART 4 YOU, ALGER
Une �Cinqui�me saison� aux couleurs de l�arc-en-ciel


Chaque exposition de Valentina Ghanem est une invitation � s�journer dans le jardin d�Eden. Le lieu des d�lices et de toutes les tentations. Cette fois encore, Eve y cueillera le fruit d�fendu...
Pos� pr�s de l�entr�e de la petite galerie, le tableau titr� �Myst�re devant et derri�re la fen�tre� offre au candidat au voyage les cl�s du royaume valentinien. Cette immense peinture � l�huile sur toile (110 x 65 cm), r�alis�e en 2002, est l�une des combinaisons secr�tes permettant d�ouvrir le coffre-fort pour en d�couvrir les tr�sors cach�s. Le code ainsi d�crypt�, le visiteur pourra plus facilement aller � la rencontre des 26 autres toiles qui fleurissent les cimaises. Parmi elles, l��uvre Cinqui�me saison qui a inspir� l�intitul� de l�exposition. Une saison, bien s�r, qui n�existe que dans le jardin des p�ch�s o� les pommes abondent. A moins que loin l�-bas dans les plaines ukraniennes ou dans les steppes russes, au beau milieu du printemps lorsque Jane Bitchevskaya chante Les deux guitares ? Oui, une cinqui�me saison y est c�l�br�e par une musique tsigane, au rythme de la balala�ka, le long du Don paisible ou de la Volga. Vladimir Vissotsky accompagne le tempo, sa voix �raill�e et m�lancolique faisant r�sonner l��me des peuples slaves. Ici, on est intuitif, romantique et tout d�une pi�ce. Surtout, on aime faire la f�te. Jusqu�au bout de la nuit... La derni�re exposition de la plasticienne Valentina Ghanem Pavlovskaya, qu�abrite la galerie Art 4 You jusqu�au 31 d�cembre 2011, est fort justement un long po�me lyrique. Un hymne � la vie, � la chaleur humaine, � l�amour, � la nature. Plus qu�un s�duisant jeu de miroirs, une telle �uvre plastique invite � saisir la vie � bras-le-corps tout en faisant la part belle au r�ve, � la po�sie, au fantasme et � l�oubli. La mort y est aussi pr�sente, mais vite chass�e par la musique des sens, dans un cycle de naissance et renaissance toujours recommenc�. Chaque toile devient alors refuge, comme le ventre de la femme tisseuse de vie, si rassurant de sa chaleur amniotique. L�Ukrainienne de naissance (et Alg�rienne d�adoption depuis l�ann�e 1981) d�roule son fil � loisir, au gr� de son humeur et de sa fantaisie. �J'aurais bien voulu, nous dit-elle, f�ter ces trente ans v�cus en Alg�rie en pr�sentant une �uvre plus cons�quente. Il �tait d�ailleurs pr�vu une grande et belle exposition au Mus�e des beaux-arts, en ce mois de d�cembre. Une cinquantaine de tableaux d�di�s au grand Sud alg�rien, avec comme intitul� �Symphonie du vent de sable�. C��tait une proposition de la directrice du mus�e, mais le projet est tomb� � l�eau. On me demande de pr�parer cela pour le premier trimestre 2012... J�ai tout de m�me pu marquer l��v�nement et c�l�brer ce trentenaire avec la pr�sente r�trospective � la galerie Art 4 You.� L�amateur de belles expositions ne perd pas au change. Les 27 tableaux (une mini-r�trospective de ses travaux qui s��chelonnent de 1999 � 2007) illustrent une �uvre tr�s vivante dans sa diversit� et ses sources d�inspiration, profond�ment intimiste surtout. Chacun d�eux se d�cline comme une tranche de vie sur toile, une invitation � un voyage dans l�imaginaire, pour aller � la d�couverte du monde secret et de l�univers myst�rieux de l�artiste. Valentina Ghanem se laisse guider par ses sentiments, ses �motions, son imagination, ses souvenirs, ses joies et ses tourments. Sa muse, c�est bel et bien elle-m�me. Par exemple, lorsqu�elle se laisse doucement gagner par la nostalgie de ses quinze ans, le souvenir du pays natal. Ou encore ces coups de c�ur et de blues pour une violoniste, un tango argentin, un bain de soleil, une femme bleue comme une pomme, ces sc�nes de la Belle Epoque des ann�es trente... Une esth�tique du raffinement et de la vraie vie avec des clins d��il � Edith Piaf, Patricia Kaas entre autres. Le romantisme de celle qui cherche son c�ur d�enfant perce dans le bleu de ses peintures (avant m�me d��tre trahi par la couleur de ses yeux), dans toutes ces roses fuchsia. L��l�gance du trait ajoute � cette esth�tique de la beaut� c�l�brant la musique des sens. Chez Valentina Ghanem, la f�erie des couleurs, la diversit� des plans, la multiplication des aplats, les formes des personnages (magistralement dessin�s, comme sculpt�s) et les constructions g�om�triques forment une �uvre harmonieusement structur�e. L�unit� du style r�ussit � int�grer tous les proc�d�s de repr�sentation, au point que chaque toile se lit comme une partition nouvelle. Cette parfaite ma�trise de l��quilibre des formes, du mariage des couleurs et de l�harmonie des lignes �clate dans toutes les techniques utilis�es (peinture � l�huile, gouache, aquarelle, pastel sec, acrylique, fusain...). Une �uvre tr�s personnelle, donc, dans laquelle le figuratif, le cubisme et l�art moderne en g�n�ral ont �t� (presque) effac�s par la sensibilit� de l�artiste et ce don inn� de raconter � chaque fois une histoire nouvelle. Une belle histoire, une histoire vraie, m�me si elle na�t de son imagination. �Apr�s la pluie, soleil� : ce tableau exprime si bien la cinqui�me saison de Valentina Ghanem. Cette philosophie-l� signifie tout simplement que les �motions sont la musique de l��me. Vivre pour aimer, vivre et aimer... L�amour comme source de cr�ativit�, la passion qui donne l��lan vital � chaque fois recommenc� (ah ! ces dures �preuves qui forgent l��tre humain). �Vous savez, nous confie-t-elle, r�veuse, je crois que mes plus belles �uvres ce sont mes deux grands gar�ons. Du moins, elles sont les plus accomplies.� Mais ce qui lui ferait le plus plaisir ? �Que le public vienne � mon exposition. Car � chaque fois, mon bonheur est d�ajouter une petite pierre � l��difice. Donner � voir de la beaut�, du r�ve et de l��motion � travers mes peintures reste mon principal leitmotiv. Et quand le plaisir est partag�, cela m�encourage � continuer.� Son ami le po�te Mohamed Abouda le disait � propos de son �uvre : �Peindre ce que nous ne pouvons pas voir.� En l�occurrence, cela r�sume on ne peut mieux le paradis d�Eve qu�elle invite � (re) d�couvrir.
Hocine T.

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