Contribution : R�VOLUTIONS ARABES
III- La lampe d�Aladin


Par Noureddine Boukrouh
noureddineboukrouh@yahoo.fr
Les partis islamistes vainqueurs en Tunisie et en �gypte donnaient l�impression d��tre complex�s par les conditions de leur victoire (pas assez nette dans le premier cas, compromettante dans le second) et effray�s par les probl�mes qui les attendent. Ils ont fait dans leurs discours et leurs d�clarations � la presse, surtout occidentale, les premi�res concessions en se voulant rassurants sur l�Etat de droit, la soci�t� civile, la d�mocratie et les accords internationaux. D�o� un certain adoucissement de leurs propos. Ils n�ignorent pas qu�ils vont �tre observ�s comme des extraterrestres, qu�aucun faux pas ne passera inaper�u, et qu�aucune erreur ne leur sera pardonn�e.
La �solution islamique� qu�ils brandissaient comme une lampe d�Aladin, ils vont devoir la mettre en place et en d�montrer rapidement l�efficacit� sinon personne ne les croira plus, et eux-m�mes peut-�tre cesseront d�y croire. Car grande sera leur d�convenue lorsqu�ils s�apercevront que la lampe mirifique est vide, qu�il n�en sort aucun djinn faiseur de prodiges, qu�il ne tombe rien du ciel, et qu�ils devront tout faire eux-m�mes.

Les despotes n�ont pas laiss� les caisses pleines, une administration performante et une �conomie dynamique, mais d��normes probl�mes, sans parler des traumatismes occasionn�s par leur r�sistance � la contestation populaire. C�est de probl�mes d�emplois, de logement, de dette ext�rieure, de rentr�es en devises et autres �patates chaudes� que les islamistes ont h�rit�. Or, leur savoir-faire en mati�re de gestion des affaires publiques est modeste. Pr�cher la bonne parole, raconter en boucle les merveilleuses histoires d�un pass� mythifi� et momifi�, exhorter les gens � l�observance des prescriptions religieuses et aux signes ext�rieurs de religiosit�, etc. ne suffira pas et ne pourra pas tenir lieu de programme de gouvernement. Les op�rations caritatives ponctuelles, l�aide aux n�cessiteux, les actions de bienfaisance ambulatoires et intermittentes, etc. ne rimeront plus � rien sauf � en faire b�n�ficier toute la nation. Le background de secouriste n�est plus de mise, il faut d�ployer de v�ritables aptitudes op�rationnelles pour faire face aux urgences br�lantes et aux attentes pressantes. L�attirail de charit� devra �tre remplac� par une batterie d�instruments de gouvernement efficients, sinon c�est l��chec assur� et peut-�tre une nouvelle r�volution. Le voile pour les femmes, la barbe et la calotte blanche pour les hommes, la traque des couples �suspects�, la g�n�ralisation des salles de pri�re sur les lieux de travail, et m�me la lib�ration de la Palestine peuvent attendre. Ce qui urge, c�est de faire red�marrer l��conomie pour que les gens ne cr�vent pas de faim. Il va falloir agir sur la base de lois, mettre au point des m�thodes de travail, des programmes d�action et des plans �conomiques, assurer le fonctionnement du service public sur tout le territoire, faire rentrer de l�argent dans les caisses de l�Etat, et mille autres soucis quotidiens. Sans parler des in�vitables tiraillements avec les partis qui se sont alli�s � eux. Ayant plac� la barre trop haut en laissant croire � des masses cr�dules qu�Allah allait regarder de leur c�t� et multiplier ses b�n�dictions sur elles pour avoir vot� en faveur de l�islam, les nouveaux dirigeants vont devoir � tout le moins faire mieux que l�ancien r�gime. Or, en prenant les r�nes du gouvernement, ils vont tout de suite se heurter aux r�alit�s, � l�impatience des citoyens, � la raret� des moyens, � la crise �conomique et financi�re mondiale, � la baisse drastique des ressources du tourisme� Ils prendront alors conscience de l�inanit� des discours moralisateurs, de l�exhibition ostentatoire de la d�votion, et des risques et p�rils induits par des promesses irr�alistes. Ils d�couvriront que les affaires humaines sont trop fluctuantes pour �tre r�gies par des r�gles immuables, qu�il y a tant de contraintes, d�impr�vus, d��volutions rapides dans la vie et dans le monde. Confront�s � l��pret� des relations internationales, ils constateront qu�ils ne peuvent pas faire ce qu�ils veulent, m�me chez eux. Les islamistes pr�tendaient incarner la troisi�me voie entre le socialisme et le capitalisme, et �tre une alternative � l�Occident. Voici que l�opportunit� d�en faire la d�monstration devant leurs peuples et l�humanit� leur est offerte. Tant que la probl�matique de l�islam, �religion et Etat�, �foi et monde�, �tait d�battue in abstracto, ils �taient imbattables. Maintenant qu�elle va devoir �tre abord�e sous l�angle pratique, elle commence � donner des cheveux blancs aux plus lucides d�entre eux qui n�en avaient pas. L�affrontement ne va plus �tre id�ologique, culturel ou rh�torique, il va �tre politique, �conomique et diplomatique. On ne sera plus dans la casuistique, pliant devant le principe d�autorit�, mais dans le r�el, le vivant et le mouvant. Le d�bat portera sur des questions pr�cises comme l�emploi des jeunes, les fins de mois des travailleurs, le pouvoir d�achat, les conditions de vie des citoyens, les taux du ch�mage et de l�inflation, les indices de d�veloppement humain, l�attrait des investisseurs �trangers� Le crit�re entre le vrai et le faux sera la gestion des affaires publiques et ses r�sultats, et non telle ou telle profession de foi. Arriv�s au pouvoir par la voie des urnes, ils ne pourront pas esp�rer retirer l��chelle apr�s s�en �tre servis pour grimper. Ils ne pourront pas vouloir abolir la d�mocratie sans voir se soulever contre eux les autres partis, les citoyens qui n�ont pas vot� pour eux, les instances internationales et l�opinion publique mondiale. Ils se trompent ceux qui, parmi eux, pensent qu�ils pourront rester au pouvoir par la force. Ils l�auraient gard� s�ils l�avaient conquis de haute lutte. Or ils ne l�ont pas conquis, ils n�ont pas vaincu le despote, c�est �le peuple facebook� qui l�a vaincu et le vote atavique qui leur a confi� les cl�s du pays dans l�espoir d�une vie meilleure, voire de r�sultats miraculeux. Ils auront juste �t� les premiers b�n�ficiaires de l�alternance. Ils c�deront la place un jour, peut-�tre aux prochaines �lections, sauf � r�ussir spectaculairement, en quel cas ils seront reconduits pour le bonheur de leurs �lecteurs et du reste du monde. Autre source de probl�mes pour les islamistes devenus �mod�r�s� par la force des choses : ils perdront leur �authenticit� aussit�t qu�ils commenceront � donner suite aux �concessions� faites publiquement. S�ils reprennent � leur compte les notions de r�publique, de d�mocratie, de tol�rance, d��lections, de libert�s publiques, de droits de la femme, etc., qu�est-ce qu�il leur restera d�islamiste ou m�me d�islamique ? En transigeant sur les questions de l�h�ritage, de l�adoption et des ch�timents corporels comme ils l�ont promis, ils perdront le droit � l�utilisation du label �islamiste�. Celui-ci ne couvre que les produits d�origine contr�l�e. Or, par rapport aux crit�res de distinction du musulman du non-musulman enseign�s par leurs ma�tres � penser, ils sont dans la contrefa�on, dans le �kofr�, le reniement et l�opportunisme. Ils seront d�s lors confront�s � la surench�re des radicaux de leur pays et de l��tranger qui se poseront en censeurs vigilants de leurs paroles et en juges implacables de leurs actions. C�est de l� que viendront les plus vives oppositions, et non de ceux qu�ils croient �tre leurs ennemis de toujours : les la�cs. Ces alter ego les sommeront d�appliquer l�ensemble des dispositions coraniques, � commencer par le voile de la femme, l�interdiction de l�alcool, la suppression de la mixit�, la discrimination envers les adeptes des autres confessions, les ch�timents corporels, etc. Ils r�clameront l�application en bloc et dans le d�tail de toutes les prescriptions de la charia, y compris celles qui dresseront contre eux la communaut� internationale. Ils tireront leur argument massue du verset : �Croirez-vous en une partie du Livre saint et pas en l�autre ?� Ce qui reste d�al-Qa�da ne tardera pas non plus � s�en prendre � eux. Il leur arrivera ce qui est arriv� au communisme lorsqu�il a abandonn� sa puret� et sa duret� avec les r�formes de Gorbatchev (Perestroika et Glasnost). Le doute s��tant introduit dans la doctrine comme le ver dans le fruit, tout s�est �croul� un jour. Enfin, les ambitions personnelles, le go�t du pouvoir et l�embourgeoisement accompliront leur travail d�usure et de corruption sur les �tres humains pareils aux autres qu�ils sont. Avec le temps, ils se banaliseront et se d�mon�tiseront. A ce moment-l�, on leur en voudra plus qu�� l�ancien r�gime, plus qu�aux partis qui auront gouvern� avec eux, car leurs �lecteurs estimeront avoir �t� trahis dans ce qu�ils ont de plus cher : leur id�e de l�islam. C�est devenu une mode, tous les partis islamistes disent vouloir s�inspirer de l�exp�rience de l�AKP en Turquie. AKP signifie �Parti de la justice et du d�veloppement �. En �gypte, les Fr�res musulmans ont appel� leur parti Parti de la justice et de la libert�, au Maroc le parti qui a remport� les �lections s�appelle Parti de la justice et du d�veloppement, et en Libye le parti nouvellement cr�� porte le nom de Parti pour le d�veloppement et la r�forme. Si le qualificatif islamique a disparu des appellations, ce n�est pas un pur hasard mais un signe des temps : on veut changer d�enseigne. Le mod�le turc est cit� en exemple d�abord parce qu�il n�y en a pas d�autre, ensuite pour rassurer sur leurs propres intentions, et enfin pour faire croire aux masses qu�avec un gouvernement islamiste leur fortune est faite ici-bas et dans l�au-del�. Le message est : une nation ne peut que prosp�rer si elle est gouvern�e au nom d�Allah. Et c�est vrai ! La Turquie a r�alis� des avanc�es sociales, �conomiques et diplomatiques consid�rables au cours de la derni�re d�cennie, correspondant justement � la gouvernance islamiste. Elle occupe aujourd�hui la 16e place dans le classement �conomique mondial et la 6e en Europe. Malheureusement, l��conomie turque n�est pas une �conomie islamique et ses performances ne sont pas dues � l�islamisme. C�est une �conomie de march� aussi classique et lib�rale que celles des pays europ�ens auxquelles elle est �troitement li�e. Il n�y a d�islamique dans la bonne gouvernance turque que les convictions personnelles des membres de l�AKP. Ce n�est pas pour amoindrir le m�rite d�Erdogan, de G�l et de leurs �quipes qui ont d�montr� qu�islam et d�mocratie �taient compatibles, mais pour garder une vue claire et objective des choses. Quand on se prom�ne aujourd�hui � Istanbul ou � Ankara, rien n�indique que l�on est dans un pays musulman s�il n�y avait les mosqu�es et le voile f�minin. Teyyip Erdogan n�est pas Aladin, et il n�a pas trouv� la lampe merveilleuse d�o� sort � la demande un g�nie bienfaisant qui r�alise des miracles. Il a appliqu� les r�gles de l��conomie de march� avec le s�rieux qui sied � un pays qui a une haute id�e de lui-m�me, qui a administr� durant des si�cles un empire compos� d�une trentaine de pays d�Asie, d�Afrique et d�Europe, et qui a su mettre � profit ses avantages comparatifs. La Turquie islamiste n�a pas invent� une nouvelle �conomie, ni d�pos� beaucoup de brevets d�invention, elle a fait, toutes proportions gard�es, comme la Chine, l�Inde ou le Br�sil, c�est-�-dire d�velopp� des niches de comp�titivit� qui lui ont ouvert les march�s europ�ens et arabes. Elle a connu une forte pouss�e de son taux de croissance (7% en 2011) et un �norme bond en avant de ses exportations, mais elle n�est pas � l�abri de la crise europ�enne. Ses exportations en d�pendent � 50%. Actuellement, l�inflation et le d�ficit budg�taire plafonnent � 10% et sa monnaie, la livre, vient de perdre pr�s du quart de sa valeur par rapport au dollar. Si l�euro continue de s�affaiblir et la croissance europ�enne de baisser, ses exportations chuteront dans des proportions importantes et rendront son taux de croissance n�gatif. Les pr�visions officielles annoncent pour 2012 un taux de croissance de 4%, tandis que le FMI le situe autour de 2%. L�islamisme turc n�est pas arriv� au pouvoir � la faveur d�une r�volution, mais par la voie d�mocratique et apr�s une lente �volution. Il a un long cheminement derri�re lui, fait d�apprentissage, de victoires et d��checs dont il a su tirer les enseignements. Le premier parti politique islamiste est apparu en 1970 sous le nom de �Parti de l�ordre national�. L�ann�e suivante, il est dissous. En 1972, le Parti du salut national est cr�� par Necmetin Erbakan et pr�sente des candidats � l��lection l�gislative de 1973 o� il obtient 11,8% des voix, score qui le place au troisi�me rang des partis vainqueurs. Les islamistes font leur entr�e au gouvernement pour la premi�re fois en s�alliant � d�autres formations. De 1983 � 1990, le Parti de la m�re patrie gouverne avec succ�s sous la direction de Turgut �zal qui a �t� Premier ministre puis pr�sident de la R�publique. En 1997, le Parti de la prosp�rit� (Refah) d�Erbakan, dans lequel militent Erdogan et G�l, est dissous et Erbakan renvers� parce qu�il voulait supprimer l�article 2 de la Constitution relatif � la la�cit�. Ce dernier �tait en outre oppos� � l�adh�sion de la Turquie � l�Union europ�enne. En 2001, les deux amis cr�ent l�AKP qui se r�clame des id�es mod�r�es et de l��uvre de Turgut �zal et prennent leurs distances des positions jug�es extr�mistes d�Erbakan. En 2002, la nouvelle formation politique gagne les l�gislatives. Elle en est � son troisi�me mandat qui expirera en 2014. L�AKP n�a pas gagn� l�adh�sion de la majorit� des Turcs et le respect international en fanatisant ses membres, en opposant les croyants aux non-croyants, en promettant de bouleverser la vie des Turcs, en s�engageant � r�tablir le califat (eux qui l�ont d�tenu jusqu�en 1923) mais en se tournant vers les d�fis du monde moderne et en s�appropriant les attributs de la modernit�. Il n�a pas �t� infect� par le salafisme et le djihadisme comme les partis islamistes apparus dans le monde arabe. Dans la Turquie d�aujourd�hui, il existe 6 000 journaux quotidiens, 200 cha�nes de t�l�vision locales et 1 200 radios, ce qui renseigne sur le pluralisme et le climat de libert� qui y r�gnent. Deux facteurs capitaux, dont ne b�n�ficieront pas les partis islamistes arabes, sont � l�origine du succ�s de l�islamisme turc : la la�cit� et le processus d�adh�sion � l�UE. La la�cit� a servi l�AKP plus qu�elle ne l�a desservi, contrairement � ce qu�on peut penser. Elle l�a pr�muni contre la tentation th�ocratique (dans le pays qui fut pendant des si�cles le si�ge du califat), le charlatanisme dont sont coutumiers les partis religieux arabes, et l�hostilit� de la communaut� internationale. Elle lui a ferm� la voix de l�obscurantisme et lui a assign� une ligne rouge � ne pas franchir, celle des libert�s individuelles. D�un autre c�t�, la la�cit� l�a innocent� aux yeux des islamistes radicaux qui ne pouvaient pas lui reprocher de ne pas appliquer la chari� puisqu�il �tait cens� avoir une ba�onnette sur la gorge. Fort opportun�ment, elle le lib�rait de l�embarrassante obligation d�avoir � appliquer des prescriptions, coraniques certes, mais non moins inapplicables de nos jours : amputations, lapidation, statut de �dhimmi� pour les non-musulmans, etc. C�est pourquoi, lors de sa r�cente tourn�e dans les pays arabes o� la r�volution a triomph�, le Premier ministre turc a cru bon de la recommander aux partis islamistes qui n�ont pas d� le comprendre bien s�r. Quant au processus d�adh�sion � l�UE, il a induit une mise � niveau du dispositif juridique et institutionnel de la Turquie visant � l�harmoniser avec celui des Etats-membres de l�Union europ�enne. Il lui a balis� le chemin vers l��conomie de march� mais, plus important encore, il a prot�g� l�AKP des interventions intempestives de l�arm�e. Le gouvernement, accrocheur dans sa d�marche d�adh�sion � l�UE pendant une d�cennie, semble s�en d�sint�resser �trangement depuis quelque temps. Et si ce n��tait qu�une man�uvre intelligente pour se lib�rer de la menace militaire ? Car entretemps l�arm�e a perdu l�une apr�s l�autre ses pr�rogatives r�galiennes sur la vie politique et n�est plus la garante de la Constitution. Elle est rentr�e dans les rangs et c�est elle qui d�pend d�sormais du pouvoir civil. En septembre 2010, une r�forme constitutionnelle avait rendu ses membres justiciables des tribunaux civils. C��tait la premi�re �tape. Deux mois apr�s la victoire de l�AKP aux l�gislatives de juin 2011, le gouvernement engage une purge de grande ampleur contre le commandement militaire supr�me. Le chef d��tat-major et les commandants des trois armes (terre, air, mer) sont accul�s � la d�mission, tandis que 250 officiers sup�rieurs (dont une quarantaine de g�n�raux) sont incarc�r�s pour �complot contre le gouvernement�. C��tait la deuxi�me �tape. Il y a une vingtaine de jours, c��tait au tour de l�ancien patron de l�arm�e, chose inimaginable il y a un an, d��tre arr�t� et jet� en prison sous l�accusation de �complot terroriste contre le gouvernement�. C��tait le coup de gr�ce : l�arch�type d�une arm�e au-dessus de tout et de tous depuis la cr�ation de la Turquie a �t� bris�. Une nouvelle Constitution est en cours d��laboration dont la r�daction a �t� confi�e aux partis repr�sent�s au parlement. Elle remplacera celle r�dig�e par les militaires en 1982 et dessinera le nouveau visage de la Turquie. On en conna�tra la teneur cette ann�e. Ceux qui aimaient � dire que les militaires en �gypte et en Alg�rie doivent, pour faire contrepoids aux islamistes, prendre exemple sur l�arm�e turque doivent �tre bien embarrass�s.
N. B.
A suivre dans notre prochaine �dition : Le nouvel �ge arabe.

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