Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE
Le �printemps arabe� et ses d�rives


Par Hassane Zerrouky
Il y a un an, qui aurait imagin� que le patron de Nessma- TV compara�trait devant la justice pour �atteintes aux valeurs du sacr�, et ce, pour avoir diffus� le film Pers�polis. Une diffusion qui avait provoqu� le 9 octobre dernier la col�re des salafistes, lesquels avaient tent� d�incendier le si�ge de Nessma-TV et le domicile de Nabil Karoui, le patron de cette cha�ne priv�e tunisienne.
Certes, le parti Ennahda a r�agi en consid�rant �que les poursuites engag�es contre le directeur de Nessma ne repr�sentent pas la meilleure solution pour r�pondre � la probl�matique sur l'identit� du peuple et l'attachement au sacr� d'un c�t�, et la libert� d'expression de l'autre�. Mais, il n�en reste pas moins aujourd�hui que les islamo-conservateurs sont les ma�tres du jeu en Tunisie, l�agress� risque une peine de deux ans de prison, tandis que les agresseurs, nullement inqui�t�s, rassembl�s devant le tribunal, faisaient pression pour que justice soit faite. En Syrie, un fait est pass� inaper�u ou du moins n�a pas �t� relev� par des observateurs se revendiquant des valeurs de la d�mocratie et du respect des droits de l�Homme : il s�agit du retrait de l�Arabie saoudite de la mission des observateurs arabes en Syrie. Ce pays, sans Constitution, qui ne tol�re aucune opposition, donc aucune alternance au pouvoir, ni la libert� de la presse, qui a r�prim� dans le sang � la presse nationale et internationale en ont fait �tat � les manifestations des chiites, qui a envoy� des troupes pour sauver la monarchie de Bahre�n, offert l�exil � Ben Ali, est en pointe au sein de la Ligue arabe pour d�noncer la r�pression du r�gime de Bachar al-Assad contre ses opposants ! Le Qatar, qui se prend pour une grande puissance, pays o� la moindre critique contre ses dirigeants se traduit par la prison, s�est fait tout simplement renvoyer par la �petite � Mauritanie : le pr�sident Mohamed Ould Abdelaziz n�avait pas appr�ci� les �conseils� de l��mir du Qatar l�engageant d�entreprendre sans tarder des �r�formes politiques� que le m�me �mir refuse d�engager chez lui ! Il lui a demand� de quitter vite fait les lieux ! Bah, les Mauritaniens auraient d� lui demander de prodiguer ses conseils de r�formes � ses amis saoudiens et autres �mirs de cette r�gion sous protection militaire am�ricaine. Poursuivons. Les Etats-Unis et leurs alli�s occidentaux se moquent �perdument de la d�mocratie dans les pays arabes : leur seul et unique objectif est d�abattre des r�gimes qui ne leur plaisent pas. Formul� ainsi, c�est peut-�tre un peu court. Reste qu�ils sont intervenus en Irak au nom de la d�mocratie. Apr�s l�avoir d�vast� �conomiquement et socialement, voil� qu�ils le quittent en laissant ce pays exsangue. C�est le cas �galement de la Libye : apr�s avoir d�truit le r�gime de Kadhafi, ils ont laiss� ce pays dans la pire des situations. Les combats qui opposent les diff�rentes factions libyennes illustrent la d�composition d�un pays o� les amis de Bernard-Henri L�vy � le Conseil national de transition � ne disposent d�aucun pouvoir ni d�aucune autorit�. Et pendant qu�� l�arri�re-plan, on assiste � des manifestations exigeant l�application de la Charia � sauf que la loi islamique ne s�appliquera qu�aux pauvres, comme c�est d�j� le cas dans les p�tromonarchies, mais jamais aux riches �mirs et � leurs familles � voil� que les kadhafistes se rappellent au bon souvenir de tous en prenant le contr�le de Bani Walid ! Concluons : il est vrai que les r�gimes autoritaires arabes, qui �taient d�ailleurs soutenus par ce m�me Occident, portent une grande responsabilit� dans ce qui se passe aujourd�hui. Reste qu�il faut cesser de s�illusionner sur ce �printemps arabe� qui aurait, para�t-il, un go�t d�inachev�. D�ailleurs posons-nous la question : pourquoi les femmes sont-elles les premi�res victimes de ce pr�tendu �printemps arabe� ? Et, partant, cessons de galvauder la notion de �d�mocratie�, de s�illusionner sur cet Occident qui jouerait avec le feu en soutenant l�alternative islamiste, alors qu�il sait parfaitement ce qu�il fait. Et ce, si l�on ne veut pas faire le jeu des tenants de l�autoritarisme politique r�actionnaire qui attendent leur heure pour revenir en force !
H. Z.

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