Par Na�ma Yachir
naiyach@yahoo.fr
Les cheveux �bouriff�s, les yeux encore gonfl�s par le sommeil, une gamine pas plus haute que trois pommes tra�ne des tongues pointure 40 qu�elle a un mal fou � garder dans ses pieds de poup�e. Traverser la rue est une v�ritable �preuve pour ce bout de chou. Il est 7h.
Dans la petite commune de Berahmoune, dans la wilaya de Boumerd�s, le trafic se fait dense depuis quelque temps. Jadis, cette petite bourgade n��tait gu�re fr�quent�e par les automobilistes. Aujourd�hui, pour fuir les embouteillages du matin, nos conducteurs ont trouv� la parade et bifurquent vers Berahmoune, un petit bourg fait de maisons et de magasins d�alimentation g�n�rale, dont une boulangerie. Et c�est justement l� que notre gamine voulait se rendre. Elle avance un pied, perd sa tongue, recule pour �viter une voiture qui freine sec devant elle, le conducteur, horrifi�, cache son visage. Il ne l�a m�me pas vue ! Il descend... Bl�me, il se pr�cipite vers la fillette terroris�e. Elle traverse la rue en abandonnant ses tongues devant une foule ahurie et se pr�cipite � l�int�rieur de l�unique boulangerie du coin. Elle va chercher du pain pour le petit-d�jeuner : une mission que lui a confi�e sa ch�re maman. Elle n�a pas int�r�t � venir bredouille � la maison ! Elle a beau s��gosiller par des � Amou, donnez-moi cinq pains�, le boulanger, derri�re son comptoir, ne l�entendra pas et ne la verra m�me pas. Elle ne l�chera pas prise pour autant et continuera de r�clamer son pain, devant le va-et-vient incessant des clients press�s. Elle n�a d� son salut qu�� cet homme qui d�un ton ferme s�adresse au boulanger : �Donnez-lui son pain et laissez-la partir !� �D�sol�, je ne l�ai pas vue. Je ne comprends pas comment des parents ont le courage de laisser sortir une fille de cet �ge avec toutes ces voitures qui circulent, surtout � cette heure de la journ�e. C�est vraiment de l'inconscience !�

Nombre de lectures :

Format imprimable