Le Soir Retraite : LA CITY DE LONDRES RESTE PEU REGARDANTE SUR L�ORIGINE DES FONDS
L�autorit� de r�gulation juge que de nombreuses banques sont trop laxistes face � l�argent sale


Un �tudiant �tranger d�pose un million de livres (1,12 million d�euros) dans une banque londonienne. Trop heureux de faire fructifier cette cagnotte, l��tablissement de la City (place financi�re � Londres) ne v�rifie pas l�identit� du jeune d�posant, qui a des liens de parent� avec un homme politique de son pays.
Or, les avoirs de ce dirigeant, qui a d�tourn� des biens publics, font l�objet d�un gel international. Cet exemple, �voqu� dans un rapport accablant publi� le 23 juin par la Financial Services Authority (FSA), le r�gulateur de la City, souligne la porosit� des contr�les des banques britanniques sur la provenance des fonds plac�s � Londres par des �Political exposed persons� ou �Peps�, des personnes expos�es politiquement, ou par leurs proches. Au terme d�une enqu�te aupr�s de vingt-sept banques, la FSA d�nonce le laxisme de trois quarts d�entre elles dans l�application des lois antiblanchiment. Les autorit�s charg�es de la lutte contre l�argent sale envisagent d�ailleurs des poursuites contre deux �tablissements r�put�s, accus�s de ne pas avoir cherch� � conna�tre l�origine de d�p�ts provenant visiblement de la corruption. Les �d�ontologues� ch�rement pay�s pour veiller � la conformit� des op�rations avec la loi n�ont rien trouv� � redire devant ce recyclage de fonds ill�gaux.
Caisse noire plan�taire
Le secteur tr�s lucratif de la gestion de patrimoine est � nouveau sur la sellette. L�afflux de capitaux de grosses fortunes du Proche-Orient et du Maghreb inqui�te des effets du �printemps arabe�, tout comme celui des avoirs des pays de la p�riph�rie europ�enne � la recherche d�un havre de paix face � la crise de la monnaie unique, ont mis un ph�nom�ne en �vidence : pour la City de Londres, l�argent des tyrans comme celui des �vad�s fiscaux n�a pas d�odeur. La situation est d�autant plus grave que deux �l�ments ont accru cette tendance au blanchiment : depuis les scandales des comptes secrets du Nig�rian Abacha, du Chilien Pinochet et d�autres dictateurs des ann�es 1990, l�innovation technologique et financi�re a acc�l�r� les transferts de fonds en brouillant les pistes ; ensuite, la propension des paradis fiscaux dans la sph�re d�influence britannique � accueillir les fonds d�o� qu�ils viennent. L�argent va, vient, virevolte dans un labyrinthe de comptes bancaires offshore, de trusts opaques, de coquilles de complaisance pour terminer dans les coffres de la City. Cette caisse noire plan�taire permet de se jouer des r�gles antiblanchiment �dict�es dans la foul�e des attentats du 11 septembre 2001. Face � ce sombre tableau, les organisations non gouvernementales ont bien accueilli l�investigation de la FSA. Mais, � �couter �Global Witness�, qui �uvre pour la transparence dans le n�goce des mati�res premi�res, cette initiative sera sans lendemain, faute de stricts contr�les de la manne plac�e dans les filiales des banques britanniques install�es dans des paradis fiscaux. Pour sa part, l�association des banquiers britanniques a r�it�r� son engagement � �extirper la criminalit� de la finance en �troite association avec le r�gulateur�.
D. H.

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