Contribution : CONTRIBUTION De la d�mocratie contr�l�e � la d�mocratie r�elle
Par Chafia
Mentalecheta*
Difficile de dire ce qui se passe sur le territoire national mais par
contre sur la zone 1 (France Nord), il semblerait que les �lections
l�gislatives de mai 2012 se placent d�ores et d�j� sous de mauvais
auspices. Et l�exercice d�mocratique que notre Pr�sident appelle de tous
ses v�ux depuis janvier 2012 para�t tourner vers le faux-semblant au
risque de donner raison aux partisans du boycott. Apr�s cinquante ann�es d�ind�pendance, dix ann�es de terreur et un
printemps arabe, notre pays se targue de montrer au reste du monde que
nous, Alg�riennes et Alg�riens, sommes capables de prendre en main notre
destin. Et notre pays a raison. Nul besoin de solution � la libyenne
pour nous. Nous sommes des Alg�riennes et des Alg�riens et nous sommes
seuls en capacit� de faire de notre pays une Alg�rie moderne, juste,
solidaire et porteuse de valeurs. La volont� est l�. Que reste-t-il donc
� faire pour concr�tiser ? Sinc�rit� et confiance peuvent �tre les
ma�tres-mots dans la mise en �uvre de notre volont� de d�mocratie.
Sinc�rit� dans l�organisation du scrutin
En sus de ceux d�j� connus, de nouveaux partis politiques viennent
d��tre agr��s et vont pr�senter des candidats aux �lections l�gislatives
de mai 2012. Par ailleurs, des candidats ind�pendants (hors partis
politiques) ont la possibilit� de se pr�senter au suffrage sous r�serve
qu�ils obtiennent 400 parrainages par si�ge en lice. Tout va bien, dira
donc le lecteur, au d�tail pr�s que ce qui aurait pu passer pour un
signe de bonne sant� d�mocratique est en train de se transformer en
parcours du combattant pour les candidats vraiment ind�pendants. Nul ne
conteste la notion de parrainage, c�est une d�cision de bon sens qui
permet au candidat ind�pendant d�inscrire sa candidature dans la
l�gitimit� de la soci�t� civile. Le parrainage est une marque de
confiance accord�e au candidat et un acte de citoyennet� pos� par la
marraine ou le parrain. Pour parrainer un candidat, le citoyen alg�rien
expatri� doit �tre immatricul� et inscrit sur la liste des �lecteurs de
la circonscription �lectorale. Il doit valider son parrainage aupr�s de
son consulat de r�f�rence en apposant son empreinte digitale et sa
signature devant un officier d��tat civil. Nul doute ainsi qu�un
parrainage ne puisse �tre extorqu� ! Jusque-l�, tout va toujours bien,
dira le lecteur, sauf que lorsque le parrain habite � 200 km du consulat
le plus proche, qu�il semblerait travaille toute la semaine, que le
samedi, il fait ses courses et que le litre d�essence est � 1,62 euro,
se pose alors la question de la sinc�rit� de l�ouverture du scrutin aux
candidats ind�pendants. Se pose �galement la question de la sinc�rit�
d�accorder � chaque Alg�rienne expatri�e et Alg�rien expatri� la r�elle
possibilit� d�exercer sa citoyennet�. En r�alit�, chacun le sait, la
d�mocratie ne se d�cr�te pas, elle s�exerce. Pour s�en acquitter, il
faut s�en donner les moyens. Visiblement, les moyens ne sont pas � la
hauteur des ambitions. Certes, on pourrait imaginer qu�un candidat
ind�pendant recueille les 400 parrainages dans une zone de mobilit�
r�duite avec un consulat en �picentre. Mais que dire aux autres
Alg�riens qui vivent � une distance plus importante ? Qu�ils n�auraient
pas d� aller habiter si loin ? Que les Alg�riens de Tours, de Caen,
d�Auxerre, de Reims sont moins alg�riens que ceux de Paris, de Pontoise,
de Vitry, de Metz ? Et que dire � ces Alg�riennes et Alg�riens qui
vivent en Martinique ou sur l��le de la R�union ? Pour �vacuer ces
questions, une solution simple et peu co�teuse existe. Elle n�cessite un
zeste de volont�, une touche de sinc�rit�, la d�localisation sur une
journ�e d�un officier d��tat civil du consulat dans chaque chef-lieu de
d�partement et le tour est jou�. L�on aurait pu penser que cette simple
initiative �mana des autorit�s consulaires respectives. Mais, nous
dit-on, rien ne se fait sans l�accord d�Alger. Il revient donc � Alger
de d�cider si oui ou non chaque Alg�rienne expatri�e et Alg�rien
expatri� a vocation � exercer sa citoyennet� quel que soit son lieu de
r�sidence. Une autre solution existe, celle de v�rifier seulement
l��ligibilit� de la marraine et du parrain a posteriori par la
commission administrative en pr�sentant avec chaque parrainage la copie
d�une pi�ce d�identit� de la marraine ou du parrain. D�autres solutions
peuvent �tre encore pens�es. Mais quel dommage de ne pas y avoir
r�fl�chi plus en amont. C�est un peu comme si finalement, nous les
Alg�riennes et Alg�riens expatri�s, comptions si peu� En plus de nous
faire mal, cette difficult� � nous prendre en compte comme citoyens
l�gitimes et patriotes induit chez certains de nos candidats a priori
ind�pendants � recourir au sempiternel syst�me D. Syst�me que l�on
pourrait pour la circonstance renommer syst�me P. P comme Parti. Ne nous
voilons pas la face, ce multipartisme soudain est une v�ritable aubaine
pour celui qui n�est pas habitu� � labourer. Pourquoi aller chercher 400
parrainages quand seule la signature du chef suffit. Peu importe le
programme, les valeurs et les convictions, seule compte l�investiture et
se pose alors la question de la sinc�rit� du candidat. Vous le
constaterez, l�organisation du scrutin pour les Alg�riennes et Alg�riens
expatri�s rel�ve du regard qu�Alger pose sur nous. Et l�on comprend
mieux pourquoi un d�cret ex�cutif fixant les modalit�s d�application de
l�article 5 de l�ordonnance du 13 f�vrier 2012 et concernant la
communaut� nationale � l��tranger est publi� 10 jours apr�s les premiers
d�p�ts de candidatures. C�est comme si l�arbitre fixait les r�gles au
fur et � mesure de l�avanc�e du match. Que de flou dans cette
transparence affich�e ! Ce flou artistique est incompr�hensible, apr�s
avoir pos� la question � deux consuls et un vice-consul, de toute
�vidence, il n�y a pas de r�ponse � la d�finition du mot liste et sur la
proc�dure. La question est pourtant simple. Une zone, 2 si�ges. Doit-on
candidater obligatoirement pour les deux si�ges et composer une liste de
4 personnes : 2 titulaires et 2 suppl�ants ? Ou peut-on candidater pour
un si�ge et constituer une liste de deux personnes : 1 titulaire et un
suppl�ant ?
Un pays, deux consulats, trois r�ponses diff�rentes d�o� le fameux �One
two three, viva l�Alg�rie !�
Mais Alger a certainement la r�ponse. Alger, Alger, toujours Alger,
diriez-vous. C�est malheureusement la seule r�ponse que l�on apporte aux
questions des expatri�s � chaque fois que l�on veut leur expliquer
l�inexplicable. Pourquoi avez-vous envoy� un courrier aux pr�sidents
d�association seulement le 19 f�vrier pour leur annoncer que la r�vision
exceptionnelle de la liste �lectorale �tait ouverte du 12 au 21 f�vrier
? R�ponse : c�est Alger. Sur quels crit�res objectifs avez-vous nomm�
les membres de la commission administrative �lectorale qui repr�sentent
les �lecteurs ? R�ponse : c�est Alger. Pourquoi ne mettez-vous pas en
place un service de l�galisation des parrainages de proximit� ? R�ponse
: c�est Alger. La liste est longue mais il vaut mieux s�en arr�ter l�.
Il n�est jamais trop tard lorsque l�on veut bien faire. Notre communaut�
nationale expatri�e veut croire en la sinc�rit� de ce scrutin du 10 mai
prochain alors donnons-nous les moyens de la sinc�rit�.
Confiance aux �lecteurs issus de la communaut� nationale �tablie �
l��tranger
Dans le contexte politique actuel chez nos voisins, tout le monde aura
compris l�enjeu fondamental que constituent les �lections l�gislatives
du 10 mai prochain dans notre pays. Quand un but marqu� � Khartoum
bloque Paris et les grandes villes de France jusqu�� une heure avanc�e
dans la nuit, il n�y a plus de doute � avoir sur le degr� d�attachement
que la communaut� nationale expatri�e �prouve pour l�Alg�rie. Cet
attachement est aussi intense pour la famille, les amis, les voisins qui
vivent sur le territoire national que pour le peuple alg�rien dans son
ensemble. Ce sentiment partag� induit de fait l�esp�rance d�une vie
meilleure pour celles et ceux qui nous sont chers. Il n�y a pas de
distance entre l�Alg�rie et la communaut� nationale �tablie �
l��tranger. L�Alg�rie est toujours au plus pr�s, dans les esprits et
dans les c�urs. Nationaux, binationaux, tri-nationaux, notre alg�rianit�
nous rassemble autour du m�me espoir, celui de voir notre pays
s�inscrire avec fiert� et dignit� dans le XXIe si�cle. Nous ne voulons
plus de sang, de larmes et de terreur. Nous voulons un pays o� il fait
bon vivre, inscrit dans la modernit�, respectueux de la justice sociale
et de la diversit� culturelle, o� le peuple participe activement � la
production des richesses. Il faut donc faire confiance � notre
conscience politique et � notre maturit�. Nous ne nous �garerons pas sur
le chemin d�un vote sans lendemain. Cinquante tr�s longues ann�es ont
pass�, une nouvelle page s�ouvre et le vote ne peut �tre utile que s�il
permet � une nouvelle g�n�ration de d�velopper des comp�tences et de
participer � la construction d�un Etat fort et moderne au service d�un
peuple �panoui et talentueux. Il ne sert � rien de diaboliser le diable,
Diable il est, diable il restera. Comme il ne sert � rien d�encenser les
hommes car ils ne sont que des hommes et ils le resteront avec leurs
forces, mais aussi leurs faiblesses. Il ne sert donc � rien de pr�ner le
vote utile car notre conscience saura nous faire choisir la troisi�me
voie. La voie du progr�s, de la d�mocratie. La voie de la R�publique. La
volont� est l� mais encore trop fra�che pour en oublier les r�flexes des
pratiques qui datent d�j� du si�cle dernier. Nous voulons croire en
cette Alg�rie nouvelle et nous voulons participer � l��criture de la
nouvelle page. Contrairement � celles et ceux qui pr�nent le boycott en
restant camp�s sur le pass�, nous regardons vers l�avenir avec confiance
et s�r�nit�.
C. M.
* Candidate aux �lections l�gislatives au titre de la soci�t� civile,
ind�pendante depuis 1962 et� qui tient � le rester
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