Contribution : � PROPOS DU DRAPEAU ALG�RIEN
Quand l�accessoire supplante l�essentiel


Par Ouali A�t Ahmed, officier de l�ALN
Dans mon article paru le 27 ao�t 2012 intitul� �La v�ritable histoire du drapeau alg�rien�, j�ai voulu faire partager et transmettre aux lecteurs du quotidien le peu de connaissances dont je dispose, relatives � la conception, en 1934, de l�embl�me national par la Gena (Glorieuse �toile nord-africaine), digne h�riti�re de l�ENA (Etoile nord-africaine), tout en d�mystifiant les id�es aussi fausses que m�prisables v�hicul�es dans le cadre de la strat�gie �labor�e par l�ennemi d�hier, sous la houlette des historiens et de cin�astes id�ologues de �l�-bas � avec des relais puissants sur notre sol.
L�essentiel de mon article a consist� � soutirer notre symbole des sp�culations qu�on nous ass�ne � chaque instant et sans interruption et s�inscrivant en harmonie ad�quate avec la th�orie de la sup�riorit� de la race aryenne sur les autres. Si j�ai repris le nom d�Emilie Busquant � plusieurs reprises, ce n�est pas pour la critiquer ou la diffamer, mais simplement lui contester, d�une mani�re cat�gorique et sans appel, la �maternit� du drapeau alg�rien. Je n�ai nullement l�intention et ne formule nul v�u � �tablir sa biographie pour ne pas verser dans l�accessoire. Si M. Amar Belkhodja, dans son article du mardi 4 septembre 2012, intitul� �Pas de ressentiments ni d�anachronisme en histoire �, paru dans le quotidien Le Soir d�Alg�rie, m�assimile au courant de ceux qui la calomniaient, dont Ahmed Bouda, souligne-t-il, je lui r�torquerai qu�en 1953, date du d�c�s de Mme Messali � j�en fais amende honorable et en remercie l�auteur pour la pr�cision de l��v�nement �, j��tais encore adolescent et �l�ve dans l�unique �tablissement secondaire de �la Grande-Kabylie�, Mais, au fait, s�agissait-il de calomnies ou de v�rit�s palpables et incontournables de la part des t�nors de l��poque ? Tenant compte de la chronologie des faits y aff�rents, je pencherais pour le second volet de la question. Le Crua (Comit� r�volutionnaire pour l�unit� et l�action) ne pouvait supporter davantage l�immobilisation de la diversion et les luttes intestines et st�riles au sein du PPA/MTLD. Le temps a fini par leur donner raison en passant � l�action car on ne peut r�cup�rer ce qu�on a perdu par la force que par la force. Lorsque M. Belkhodja parle de ressentiment et de vengeance, j�en ris � pleins poumons bien que et j�en rougisse � sa place. Dans un combat mettant aux prises deux parties antagonistes � individus ou deux forces contraires �, le vainqueur n�est jamais, � aucun moment, anim� de ressentiment ou de vengeance � l��gard de son adversaire d�hier. Bien au contraire, il travaille dans une perspective de r�conciliation en vue d�apaiser les esprits. Cela fait partie de sa grandeur et de sa noblesse � d�passer les contingences du moment. Par contre, le vaincu, tiraill� par la honte et le regard m�prisant des t�moins directs et indirects de sa d�faite, cherchera toujours � se venger et � assouvir son ressentiment. J�ai eu l�honneur et le privil�ge d�appartenir � cette cat�gorie d�hommes et de femmes qui ont forc� la puissance coloniale fran�aise � s�asseoir autour de la table de n�gociations dont l�issue �tait d�abord le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, et la proclamation de l�ind�pendance, le 3 juillet, enfin. Donc ni moi ni mes compagnons de lutte du FLN/ALN historique ne nourrissons de ressentiments envers quiconque. Ce sentiment, plus inh�rent � l�animal qu�� l�humain � � moins que les deux se confondent comme dans la th�orie de Darwin � se manifeste avec virulence de l�autre c�t� de la M�diterran�e, avec des soubresauts ici m�me en Alg�rie, au sein de tous ceux qui ont remu� ciel et terre pour que notre peuple reste � tout jamais sous le joug colonial. C�est sous cet angle et cet angle seulement qu�il faut voir la falsification de l�histoire propag�e par les Stora, Pujadas, Reveillon, Drucker, Bernard-Henri Levy, les enfants de harkis et goumiers qui ont l�acc�s facile aux m�dias t�l�visuels ou autres, sans oublier les relais en Alg�rie charg�s de r�habiliter ceux qui ont braqu�, sans h�sitation, leurs armes sur les combattants du FLN/ALN, en Alg�rie ou en France, avec la complicit� et l�aide des forces coloniales Vous-m�me, M. Belkhodja, vous nous avez �clair�s d�une fa�on pertinente, sur ce point dans les deux derni�res colonnes de votre article, en y ins�rant la d�claration de Messali Hadj, au cimeti�re de Neuve- Maison, en France, et relev�e de l�ouvrage de Benjamin Stora Messali Hadj, pionnier du nationalisme alg�rien. A lire ces lignes de sa �d�claration�, on s�aper�oit que c�est cousu de fil blanc, les �poux ne s�interpellent jamais par leur nom familial. Ils le font, plut�t, par leurs pr�noms respectifs. Dans son premier cri path�tique que lui pr�te Benjamin Stora, �Par-del� la tombe de celle qui fut mon �pouse��, Messali consid�rait toujours Emilie Busquant comme fran�aise et non partie int�grante d�un bin�me indivisible qu�est le couple, luttant pour un m�me id�al devant d�boucher sur l�ind�pendance de l�Alg�rie. Dans sa troisi�me strophe, il pousse le bouchon plus loin, en s�adressant aux peuples alg�rien et fran�ais pour leur dire de �construire une soci�t� plus humaine, plus juste, o� la libert� ne sera pas un vain mot�. Noy�e dans le flot des mots, la v�rit� s�en d�gage plus �clatante que jamais : une soci�t� pour deux peuples. Le mot est l�ch� en 1953, lors de l�enterrement de son �pouse. N��tait-ce pas le prolongement du segment assimilationniste �labor� en 1936, lors du congr�s musulman regroupant les Oul�mas, les �lus et communistes alg�riens ainsi que les partisans de Ferhat Abbes avant son �volution qualitative future qui l�honorera � plus d�un titre ? Et cette v�rit�, M. Amar Belkhodja, est perceptible dans votre article, � travers les r�f�rences dont vous faites mention, tir�es de l�ouvrage de Benjamin Stora : Messali Hadj, pionnier du nationalisme alg�rien. Dans notre �crit, l�anachronisme relev� quant � la date de d�c�s d�Emilie Busquant (1953 au lieu de 1961) ne vous a servi que d�alibi pour faire l�apologie du leader du MNA (Mouvement national alg�rien) et tenter de lui refaire une virginit�. Sa collaboration avec l�ennemi, de douteuse qu�elle �tait, avant, �tait devenue r�elle, consomm�e en sandwichs assaisonn�s de chair humaine de ceux qui sont devenus la cible pr�f�r�e des historiens, id�ologues fran�ais et leurs thurif�raires alg�riens qui jubilent de voir la fum�e de leurs encensoirs se r�pandre � travers la nature. Mais � d�faut d�encens envo�tants, c�est l�odeur naus�abonde de la trahison qui �touffe le milieu ambiant. Que l�on jette le sigle MNA aux oubliettes ou que l�on reconduise celui du FLN pour salir le FLN historique, cela rel�ve de la m�me d�marche strat�gique. Mais �Fatma finira par reconna�tre son mari� comme le souligne la sagesse populaire, et celui-ci reconna�tra celle-l�, pourrai-je dire pour boucler le boucle. Pour conclure, n�est-il pas temps de se d�carcasser les m�ninges et de se retrousser les manches pour construire une �soci�t� libre, plus humaine, plus juste�, ouverte sur l�univers, con�ue et r�alis�e par nous seuls, sans l�apport de quiconque, sans touche de ma�tres � penser ? Mais cela ne pourra se faire que par le savoir, le savoir-faire et la volont� de faire le tout conjugu� au masculin et f�minin pluriels. Cela ne peut �tre que l��uvre de l��cole dans ses divers compartiments.
O. A.-A.

P.S. :  A l� instant m�me o� je remets le pr�sent pour la saisie, l�on m�am�ne le quotidien Le Soir d�Alg�rie qui reproduit un article d�un des thurif�raires, ci-haut cit�s, faisant un l�ch� d�eaux torrentielles charriant des insultes, des invectives et des propos orduriers � l�encontre de ma personne et de l�ALN. J�en suis doublement d��u : d��u de le voir � un niveau aussi bas, lui que je croyais de la trempe de Tahar Djaout, atteindre le summum de la r�flexion. D��u aussi de sa haine visc�rale de tout ce qui lui rappelle le combat lib�rateur men� par des femmes et hommes sans condition d��ge, de race, de langue ou de religion. Ce sentiment qui le remue de fond en comble n�est pas � analyser uniquement sous l�angle d�int�r�t de son produit � vendre et � vulgariser, mais surtout par le biais du milieu familial dans lequel baignait sa tendre enfance et dont la temp�rature ambiante �tait entretenue par les �Kobus� et consorts. Il fait piti� en se r�duisant au colportage des comm�rages de m�g�res et de l�ches. L�ALN qui n�est ni Barataria ni �quipe de football a men� le plus grand et le plus noble combat lib�rateur du XXe si�cle pour lib�rer notre belle Alg�rie, une et indivisible et dont la Kabylie est, � la fois, le c�ur et le nerf, n�en d�plaise � M. Benchicou. S�il revendique sa filiation d�Emilie Busquant et de Messali Hadj, grand bien lui fasse. Je termine, simplement, qu�une �certaine ALN� a pu mettre en �chec la France coloniale et ses collaborateurs, malgr� les mille milliards de francs qu�elle d�pensait annuellement directement ou indirectement pour venir � bout de la r�sistance h�ro�que des moudjahidine ; (voir en annexe la copie de la lettre du g�n�ral de Gaulle � ses proches collaborateurs, dont l�original nous a �t� ramen� de France par le fr�re de combat Boussad Ouyad de la F�d�ration du FLN en France) qui avait souffert, ainsi que ses compagnons de lutte, de la n�faste et criminelle activit� combin�e des Messalistes et de la police fran�aise.
O. A. A.

ANNEXE
Lettre du g�n�ral de Gaulle
(adress�e � ses troupes le 26-12-1959)

Nous employons en Alg�rie 500 000 hommes au service d�ordre arm�. Les rebelles emploient au maximum 30 ou 40 000 hommes � l�insurrection arm�e. Nous appuyons nos forces de moyens mat�riels �crasants par rapport � ceux de la r�bellion (aviation, h�licopt�res, camions, armements, concours de la marine�). En qualit� militaire, nos cadres, nos �tats-majors, notre commandement sont incomparablement mieux form�s que les malheureux analphab�tes de l�insurrection. Nous d�pensons chaque ann�e 1 000 milliards en Alg�rie sous toutes sortes de formes pour la lutte en Alg�rie. Le FLN d�pense environ 30 milliards. Par le combat, les ex�cutions sommaires, les ex�cutions l�gales, nous tuons dix fois plus d�adversaires que ceux-ci ne nous tuent de musulmans (de toutes esp�ces) ou de Fran�ais. Nous d�tenons dans les camps et les prisons 80 000 adversaires tandis que le FLN n�en d�tient pour ainsi dire pas. La crainte est dans notre �me beaucoup plus que celle des fellaghas. Nos moyens de propagande : radio, journaux, affiches, tracts, argent, �coles, secours sanitaires, centres de formation�, sont d�une puissance beaucoup plus grande que celle des moyens FLN. Notre influence et notre action diplomatiques sont hors de toute proportion avec celles du GPRA, etc. Et cependant, malgr� toutes les affirmations, promesses et illusions, l�ensemble de la population musulmane n�a pas du tout �bascul� de notre c�t�, ni en Alg�rie, ni dans la m�tropole, ni � l��tranger. A en croire les r�veurs ou les fumistes, il suffirait d��tre les plus forts pour que les musulmans nous rallient. Quelles forces suppl�mentaires nous faudrait- donc pour qu�ils le fassent ! Il est parfaitement vrai que notre �crasante sup�riorit� militaire finit par r�duire la plus grande partie des bandes. Mais moralement et politiquement, c�est moins que jamais vers nous que se tournent les musulmans alg�riens. Pr�tendre qu�ils sont fran�ais, ou qu�ils veulent l��tre, c�est une �pouvantable d�rision. Se bercer de l�id�e que la solution politique c�est l�int�gration ou la francisation, qui ne sont et ne peuvent �tre que notre domination par la force que les gens d�Alger et nombre de bons militaires appellent �l�Alg�rie fran�aise�, c�est une lamentable sottise. Or, �tant donn� l��tat r�el des esprits musulmans et celui de tous les peuples de la terre, �tant donn� les 150 000 hommes morts en combattant contre nous en Alg�rie, � il est tout simplement fou de croire que notre domination forc�e ait quelque avenir que ce soit.
Sign� le g�n�ral de Gaulle, 26 d�cembre 1959
(in J.R. Tournoux, Jamais dit, �dition Plon pages 207-208).
� �Paix des braves� ,23 octobre 1958.
� �Autod�termination� ,16 septembre 1959 (attentat contre Messali le 17 septembre 1959).



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