La librairie Cheikh de Tizi- Ouzou, qui est en
passe de devenir un carrefour de rencontres et d’échange entre les
écrivains et leurs lecteurs, a reçu, dernièrement, le Cercle des amis d’Assia
Djebar.
La rencontre autour de l’œuvre Lire Assia Djebar !, le livre
collectif sur la sociétaire de l’Académie française animée par Assia
Chaouati, coordinatrice de l’ouvrage et présidente du club littéraire,
et Anne-Marie Carthé, poétesse et plasticienne, a donné lieu à une
agréable causerie littéraire sur le parcours de la première femme de
lettres algérienne à siéger sous la coupole de l’Académie française.
Assia Chaouati, qui est venu à Tizi- Ouzou pour une vente-dédicace du
livre Lire Assia Djebar !, est revenue longuement sur cet ouvrage écrit
conjointement par onze auteurs des quatre coins du monde et qui
partagent la même passion pour l’auteure des Femmes d’Alger dans leur
appartement, roman qui a inspiré une toile et des poèmes à Anne-Marie
Carthé, plasticienne, auteure, membre du Cercle et native de
Sidi-Bel-Abbès, dont les poèmes ont accompagné Lire Assia Djebar. Une
œuvre qui a permis aux onze auteurs, dont l’écrivaine algérienne Wassila
Tamzali, des comédiens, la traductrice japonaise d’Assia Djebar, des
universitaires, psychologues, une plasticienne, une poétesse et
écrivaine, venant de plusieurs régions du monde Japon, USA, Djibouti,
France, Allemagne…) de croiser leur subjectivité, leurs émotions et
leurs regards culturellement divergents sur l’expérience scripturaire d’Assia
Djebar, avec au bout des expressions nouvelles qui n’abordent pas
l’œuvre de la sociétaire de l’Académie française de façon théorique et
universitaire, car c’est un travail de création et de transformation
littéraire qui est mis en œuvre à travers ce livre coordonné par Assia
Chaouati et édité en France au mois d’octobre 2012. Intervenant après
Amal Chaouati, la poétesse et plasticienne Anne Marie Carthé fera la
lecture de quelques lignes qu’elle dit inspirés de Femmes d’Alger dans
leur appartement qui a inspiré également une toile à la plasticienne
française native de Sidi- Bel-Abbès dont la contribution à cet ouvrage
«est un hommage à Assia Djebar. » S’ensuivra une causerie, presque une
discussion conviviale et à bâtonsrompus entre les participants à cette
rencontre qui ont évoqué plusieurs facettes liées à la vie et à l’œuvre
d’Assia Djebar. L’univers romanesque, le rapport à la langue française
et à ses langues souches dans son travail d’écriture, l’engagement
féministe d’Assia Djebar qui ne sort pas de ses romans pour déborder sur
l’espace public. Dans le débat, il a été aussi question de la réception
des romans d’Assia Djebar en Algérie. Paradoxalement, l’illustre
Immortelle reste, en dehors des cercles universitaires et élitistes, peu
connu du grand public. Pour autant, ce déficit de popularité n’entame en
rien la notoriété internationale de la romancière algérienne qui est
traduite dans plusieurs langues, notamment en japonais.
S. Aït Mébarek