Actualités : Après son admission en urgence dans une clinique
suisse
La famille d’Aït Ahmed parle de sa maladie
«L’état de santé de Si l’hocine est stable. Au niveau
du FFS, on ne peut pas dire plus que ce qui a été dit dans son bulletin
médical transmis par sa famille». C’est en ces termes que le premier
secrétaire national du FFS, M. Nebbou, a commenté l’état de santé du
président d’honneur de son parti.
Abder Bettache - Alger (Le Soir)
L’état de santé du leader charismatique du FFS, Hocine Aït Ahmed,
victime d’un accident vasculaire cérébral, qui a contraint son entourage
familial à l’évacuer en urgence avant-hier vers une clinique suisse, a
dominé la conférence de presse animée hier par les responsables de ce
parti. Ainsi, la déclaration rendue publique hier et lue en la
circonstance par le premier secrétaire national du parti, M. Mohamed
Nebbou, sanctionnant les travaux de la dernière réunion du conseil
national du FFS, a confirmé que Hocine Aït Ahmed a été hospitalisé
samedi dernier dans un établissement de santé à Lausanne suite à un
accident vasculaire cérébral. Le conférencier, qui a évité de donner
plus de détails sur l’état exact du président d’honneur du FFS, a
indiqué que le conseil national a pris connaissance «avec une profonde
émotion» cette triste nouvelle, contenue dans le message de vœux
accompagné du bulletin médical du président d’honneur, Hocine Aït Ahmed,
transmis par sa famille à la direction du parti. «Nous vous transmettons
pour la nouvelle année 2015 ainsi qu’à l’occasion du Mawlid ennabaoui et
de Yennayer, tous les vœux de Hocine Aït Ahmed, qui aurait tant voulu
pouvoir vous les exprimer directement. Agé de 89 ans, son état de santé
est marqué par une série d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) sans
latéralisation, qu’il a subie l’année écoulée. Ces derniers, consécutifs
à des troubles du rythme cardiaque (infarctus en 1999 avec fibrillation
auriculaire) ont affecté en particulier le centre de la parole», écrit
la famille Aït Ahmed, tout en rassurant qu’il est traité en conséquence
par ses médecins à Lausanne.
Ce message a été envoyé à la direction du parti dans la journée de
samedi dernier, soit au second jour de la réunion du conseil national
dont l’ordre du jour était l’évaluation de la préparation de la
conférence de consensus national. A ce titre, et selon la même source,
«le conseil national assure la famille de son soutien et de son
réconfort, en souhaitant affectueusement un prompt rétablissement et une
longue vie à notre cher président». Selon des sources sûres, Hocine Aït
Ahmed a quitté le jour même «son lit d’hôpital pour se reposer chez lui,
avec les membres de sa famille».
«Son état de santé, bien que fragilisé davantage par cet AVC qui lui a
fait perdre l’usage de la parole, reste stable», ajoute-t-on. Pour
rappel, l’information faisant état de son hospitalisation a été
largement relayée par les réseaux sociaux et suscité beaucoup de
commentaires mais surtout des rumeurs sur sa disparition. Agé de 89 ans,
Hocine Aït Ahmed est malade depuis plusieurs années. Ce qui l’a
d’ailleurs contraint à arrêter sa carrière politique, en passant le
flambeau aux jeunes lors du 5e congrès du parti tenu en 2013. Aït Ahmed,
l’un des artisans du déclenchement de la guerre de Libération nationale,
est devenu au lendemain de l’indépendance le plus farouche opposant au
régime. Il a démissionné du gouvernement provisoire de la République
algérienne (GPRA) et de tous les organes du nouveau pouvoir lors de la
crise de l'été 1962. En septembre 1963, il a fondé le Front des forces
socialistes (FFS), qui réclame le pluralisme politique face au
verrouillage de la vie politique imposé par le système du Parti unique.
Arrêté et condamné à mort en 1964, il s’est évadé de la prison
d'El-Harrach le 1er mai 1966.
Exilé en Suisse, il devient docteur honoris causa. Il rentrera en
Algérie après l’ouverture démocratique qui a suivi les événements
d’octobre 1988. Il quitte de nouveau l’Algérie après l'assassinat du
président Mohamed Boudiaf en 1992. Il reviendra à plusieurs reprises au
pays, notamment à l'occasion du 50e anniversaire du déclenchement de la
guerre de Libération. Il prend part à l’élection présidentielle de 1999,
mais se retire la veille avec les autres candidats à cause de graves
irrégularités avérées.
C’est à la fin de la campagne électorale de ces présidentielles que
Hocine Aït Ahmed a subi la première attaque cardiaque.
A. B.Conférence nationale de consensus
Le FFS reconnaît la complexité de son initiative
Le FFS ne désespère pas de voir son projet portant
organisation d’une conférence nationale de consensus se concrétiser, et
ce, même si «son conseil national est conscient de la complexité de la
mission». C’est le message-clé qui ressort de la déclaration ayant
sanctionné la réunion de son conseil national qui s’est tenue les 23 et
24 janvier derniers.
Abder Bettache - Alger (Le Soir)
Le constat a été fait hier par les membres de l’instance
présidentielle du FFS en présence du premier secrétaire national du
parti, M. Mohamed Nebbou, à l’occasion d’une conférence de presse animée
au siège du parti. Selon les animateurs de cette rencontre avec la
presse, le conseil national a débattu de l’état d’avancement de la
«préparation de la conférence nationale de consensus (CNC), d’où ses
félicitations au travail accompli à ce jour et de l’intérêt exprimé par
les acteurs politiques sociaux et les citoyens». Cependant, l’instance
suprême du FFS a reconnu la «complexité» de la mission et appelle «à
poursuivre le processus engagé pour arrêter avec les partenaires la date
de la conférence, l’organisation des travaux en sessions successives
(société civile, personnalités et partis politiques), le format de
présentation des propositions, la constitution de bureaux des sessions,
la composition des groupes de rédaction du rapport des travaux, la liste
des participants et la préparation collective de la seconde phase».
Toutefois, le parti a laissé entendre que «les adversaires opposés à
cette conférence manœuvrent dans le but de la discréditer». M. Rachid
Hallet, membre de l’instance présidentielle du FFS qui a évité
d’identifier les adversaires opposés à l’initiative de son parti, a
indiqué que ces derniers «seront dévoilés lorsque l’action prendra de
l’ampleur». Cela dit, la réunion du conseil national du FFS a traité
d’autres questions d’actualité à l’image de la crise née sur la question
du gaz de schiste.
A ce sujet, le conseil national du FFS, lit-on dans la déclaration,
«considère que ces questions d’intérêt stratégique, liées à la
préservation de nos ressources, doivent faire l’objet d’un consensus
national et d’un devoir de vérité envers notre peuple».
«Le conseil national appelle à entendre et respecter les aspirations
légitimes de nos concitoyens du Sud pour préserver notre environnement
et nos ressources et s’élève également contre toute mesure qui porterait
atteinte au pouvoir d’achat, notamment des populations les plus
démunies», lit-on dans le document. Pour Rachid Hallet, «l’objectif du
FFS est de rassembler toutes les parties concernées par la crise».
A. B. Un parcours jumelé au mouvement national
Hocine Aït-Ahmed, qui vient d’être victime d’un AVC,
avant-hier, a eu un parcours révolutionnaire qui colle presque à celui
du mouvement national.
M.Kebci - Alger (Le Soir)
Natif d’Aït-Yahia, dans la région de Aïn-El-Hammam, en
Haute-Kabylie, un certain 20 août 1926, dda L’Ho, comme se plaisent à
l’interpeller les Algériens en général et ses partisans plus
particulièrement, fait figure des toutes dernières figures de proue de
la glorieuse guerre de Libération nationale dont il fut l’un des chefs
charismatiques. 1926, l’année où fut créée l’Etoile nord-africaine (ENA)
dont il épousera la quintessence, l’indépendance du pays.
En effet, lycéen à Ben Aknoun, il rejoint le Parti du peuple algérien (PPA)
et ne tardera pas à gravir les échelons en s’attribuant des
responsabilités au sein du Comité central.
Après avoir eu la première partie du bac, il arrête ses études pour se
consacrer à la politique au sein du PPA dont le congrès de 1947
accouchera, sur son insistance, de l’Organisation Spéciale (OS), une
entité paramilitaire chargée de se préparer pour une éventuelle lutte
armée qu’il dirigera, succédant ainsi à Mohammed Belouizdad, malade,
après avoir été élu membre du CC et du Bureau politique.
Farouche partisan de l’option armée, Aït Ahmed passera à l’action malgré
les réserves de Messali, en planifiant l’attaque de la Grande-Poste
d’Oran, avec le chef de l’OS à Oran, Ahmed Ben Bella. Soupçonné de
veilléités berbéristes, il subira la purge anti-berbériste en se faisant
remplacer, en septembre 1949, par Ben Bella à la tête de l’OS et se fera
exclure officieusement du CC et du BP.
A la décapitation de l’OS avec l’arrestation de centaines de militants
dont Ben Bella, Aït-Ahmed reprendra du service pour lancer une
diplomatie algérienne en atterrissant au Caire le 1er mai 1952, avec la
qualité de membre de la délégation extérieure du PPA-MTLD.
Il se tiendra loin des querelles intestines entre Messalistes et
Centralistes et optera pour une troisième voix en stimulant la création
du Crua (Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action), en mars 1954.
Ce Crua qui se chargera aussitôt de préparer le déclenchement de la
guerre de Libération nationale.
En avril 1955, il dirigera la délégation algérienne à Bandung où il
présentera un «Mémorandum maghrébin» réclamant l’indépendance de
l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Il réussira quelques mois plus
tard à ouvrir un bureau du FLN auprès des Nations-unies (ONU) à New
York. Il manquera, cependant, le congrès de la Soummam qu’il considère
comme étant l’ initiative, fondatrice de l’Etat algérien moderne,
victime du détournement d’avion d’octobre 1956. Membre à titre
honorifique du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA),
il en démissionnera suite à une crise de l’été 1962. Il créera en
septembre 1963, le Front des forces socialistes (FFS), qui réclame le
pluralisme politique face au verrouillage de la vie politique imposé par
le système du Parti unique. Arrêté et condamné à mort en 1964, il
s'évade de la prison d'El Harrach le 1er mai 1966 pour s’établir,
depuis, en Suisse.
De retour au pays en 1989 à la faveur de l’ouverture démocratique
induite par les événements d’octobre 1988, il reprendra le chemin de
l’exil après l'assassinat du président du HCE, Mohamed Boudiaf, en 1992,
non sans effectuer quelques descentes au pays. En 1995, opposé qu’il
était à l’interruption du processus électoral, Aït Ahmed sera parmi les
acteurs du contrat de Sant’Egidio et prendra part aux élections
présidentielles d’avril 1999 dont il se retirera en compagnie de 5
autres candidats. Il ne terminera même pas la campagne électorale y
afférente pour des soucis de santé.
Ces derniers seront, d’ailleurs, à l’origine de son retrait de la tête
du FFS à la faveur du dernier congrès du parti, en mai 2013 auquel il
n’a pu assister, exténué qu’il était des suites d’un voyage au Maroc
pour assister aux obsèques de sa sœur.
M. K.
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