Actualités : DES ASSOCIATIONS DÉCIDÉES À COMBATTRE LE FLÉAU
Les chiffres effarants de la toxicomanie en Algérie
L’Anej (Association nationale des échanges entre
jeunes) a accueilli hier la quatrième réunion du collectif associatif
dans le cadre de l’élaboration de la première caravane nationale pour la
prévention et la lutte contre la toxicomanie dans les milieux de jeunes.
Une stratégie globale est en train de se bâtir pour une meilleure
synergie et un dispositif efficient.
Naouel Boukir – Alger (Le Soir) – Il n’est plus question de
«toxicomanie» : ce terme jugé «désuet» et «rabaissant» est désormais
remplacé par «addiction», étant plus scientifique, ont expliqué les
spécialistes lors de la rencontre.
Cannabis, amphétamines, drogues douces et drogues dures : des substances
dont l’Algérie était, il y a à peine quelques années, «un simple
territoire de passage. Aujourd’hui, on parle de «pays consommateur»,
voire «accro». C’est un marché énorme et il faut le voir comme tel de
par l’importance de son potentiel commercial. D’autant plus que les
tranches jeunes, les plus fragiles socialement, y constituent la
majorité de la population. Ce qui fait du pays «la proie parfaite» pour
ce trafic, a précisé l’avis expert. Plus de 340.000 usagers réguliers
recensés et un million d’usagers occasionnels sont les chiffres
officiels ne considérant que les cas déclarés, sachant que leur moyenne
d’âge ne dépasse pas la trentaine. Pourtant les chiffres ne sont que la
partie visible de l’iceberg : un aspect minime et partiellement
communicatif. Le coût social et psychologique est le plus «désastreux»
néanmoins non quantifié en Algérie. A titre d’exemple, il est de 5
milliards en France. Le nombre de centres spécialisés dérisoire manquant
de moyens et de qualifications rencontre une prolifération exponentielle
du fléau dont la précarité, le chômage, le malaise social et la mauvaise
structure familiale encouragent davantage. D’autre part, les lois
relatives à la toxicomanie sont répressives de plus qu’elles traitent le
problème en aval et que les 332 associations activant dans ce domaine ne
sont pas toutes engagées, se sont accordés à afirmer les intervenants.
C’est un tel contexte qui a incité l’Anej à s’allier avec un corps
associatif (ANPE, SARP, AGT, AMQC, entre beaucoup d’autres) pour
élaborer et mettre en place la première caravane nationale pour la
prévention et la lutte contre la toxicomanie dans les milieux de jeunes.
Il y a lieu de se pencher avec détermination sur le sujet de la
toxicomanie sans tabous en s’inscrivant dans la durée, a insisté Ali
Sahel, président de l’Anej. Pour ce faire, le collectif associatif dit
prendre pour allié et engagement la formation.
Effectivement, le dispositif de prévention se base essentiellement sur
la formation des éducateurs, allant de 3 à 6 jours, en s’appuyant sur
des exposés théoriques, des travaux en atelier, des jeux de rôles et des
débats.
Elle est d’ailleurs assurée par des spécialistes et médecins
psychologues et psychothérapeutes, militant dans les associations
adhérentes ou fournis par l’Anem (Agence nationale de l’emploi) dans le
cadre d’une convention bilatérale.
Outre le capital humain, la caravane, qui prendra pour point de départ
Bordj Bou-Arreridj, sera dotée d’une dizaine de cellules mobiles
d’intervention pour sillonner les milieux scolaires et de psycho-bus
aménagés en box où l’équipe intervenante spécialiste sera en constante
écoute et conseil des personnes souffrant d’addiction pour une prise en
charge directe ou une éventuelle orientation vers des centres
spécialisés, a précisé le spécialiste Abdelkrim Abidat. De plus, pour
faciliter davantage l’aspect logistique de la campagne, le corps
associatif a pris pour partenaires les ministères de la Solidarité et de
la Jeunesse, DGSN et Gendarmerie, Association nationale des parents
d’élèves et le territoire national a été divisé en 6 pôles pour une
meilleure post-évaluation.
Outre le dispositif, le travail de communication et de sensibilisation
est permanent. Des affiches, affichages sur grands écrans et des
journées de rencontre avec les médecins et spécialistes dans les places
publiques sont organisés à Alger. Or, Alger n’est pas l’Algérie, c’est
pourquoi l’ensemble des associations travaillent pour étendre leurs
actions vers l’intérieur du pays dans la mesure du possible, considérant
les restrictions «budgétaires et administratives», ont déclaré les
concernés.
Par ailleurs, c’est toute la société civile qui se voit impliquée dans
cette cause et en premier lieu la cellule familiale, ont rappelé les
intervenants. «Les parents doivent assumer leur rôle et s’impliquer
davantage dans l’éducation et le suivi de leur progéniture.
Les pouvoirs publics ont également leurs missions à accomplir. Le
collectif associatif n’est évidemment pas le serviteur ou le
représentant de ces derniers, mais seulement en partenariat dans le
respect des droits et des libertés de chaque structure», a spécifié A.
Sahel.
N. B.
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