Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE
Quoi de neuf dans ce vieux monde ?
Par Hassane Zerrouky
[email protected]
Il
y a une semaine, sans faire trop de bruit, deux astronautes chinois,
Chen Dong (37 ans) et Jing Haiping (49 ans) décollaient à bord de la
fusée Longue Marche – ça ne s’invente pas – de la base de Jiunquan, dans
le désert de Gobi, pour rejoindre le deuxième laboratoire spatial
Tiangong 2 (le Palais céleste) mis en orbite autour de la terre en
septembre dernier. Outre la réalisation de tests et d’expériences en
médecine, biologie, physique, l’observation de tempêtes solaires et la
réparation d'équipements, l’objectif de cette mission spatiale, d’une
durée de 30 jours, est de préparer la mise en orbite d'une station
habitée dans l'espace en 2022.
Mieux encore, la Chine, qui a réussi à faire alunir sa sonde Chang'e-3
en décembre 2013, puis à débarquer sur la surface lunaire un véhicule
téléguidé au joli nom de «Lapin de jade», rêve d'envoyer un homme sur la
Lune.
Et pendant que nos amis chinois s’investissent dans la conquête de
l’espace, ambitionnant d'envoyer un vaisseau spatial autour de Mars vers
2020, et d’y déployer un véhicule téléguidé, chez nous en Algérie,
quinze siècles après l’avènement de l’Islam, une institutrice a
transformé sa salle de classe en mosquée obligeant les enfants à faire
la prière, comme si les cours d’éducation religieuse ne suffisaient pas,
une autre enseignante l’ayant précédée, faisant un selfie-vidéo avec ses
élèves qui répétaient derrière elle que l’arabe est la langue du
paradis. Alors, si on ne parle pas l’arabe, on n’ira pas au paradis ?
Transmis donc au plus d’un milliard de musulmans qui ne pipent pas un
mot d’arabe – les Turcs, les Perses, les Afghans, les Pakistanais, les
Indonésiens, les Ouzbeks, les Kazakhs, les Azéris, les Indiens, les
Bengalis, etc.– et qui apprécieront la finesse de notre institutrice et
de l’enseignement prodigué à nos enfants.
Quoi d’autre dans ce monde ? Tenez, juste en face de l’Algérie, à deux
heures de vol d’Alger, le président François Hollande a régalé les
médias français par sa dernière sortie. Dans un livre intitulé Un
président ne devrait pas dire ça (ed.Stock), on découvre des
«confidences surprenantes» sur ses adversaires, ses ministres, Jean-Marc
Ayrault en particulier, lequel apprend au détour d’un paragraphe qu’il
était sur un siège éjectable depuis 2013, un an avant d’être viré de son
poste de Premier ministre… le président de l’Assemblée nationale Claude
Bartolone qui découvre qu’il n’a pas l’envergure pour être un Premier
ministre, l’ex-campagne du chef de l’Etat français Valérie Trierweiler
qui n’a pas été oubliée et est qualifiée de «femme extrêmement jalouse»
! Arrêtons là et faisons nôtre cette observation du site d’information
espagnol El Confidential, piquée dans le Courrier international : «Ce
qui se dit entre une bouteille (de vin bien sûr) et une assiette de
saucisson partagée avec deux professionnels convertis en confidents
devrait être toujours off the record et ne pas devenir, comme cela
semble être le cas, on the rocks». Et voilà comment un président de la
République, se qualifiant de «Président normal», censé se porter
candidat pour un second mandat en 2017, donne sa tête à couper avant la
fin de sa mission présidentielle. Retour en Algérie. Ammar Saâdani a été
dégommé, officiellement, c’est lui qui le dit et on est prié de le
croire, pour des raisons de santé. Et le bon docteur Djamel Ould Abbès,
qui l’a remplacé à la tête du FLN, s’est abstenu de nous révéler de quoi
souffrait exactement M. Saâdani. Pourtant, quelques jours avant, le
désormais ex-patron du FLN, sûr de ses soutiens d’en haut, faisait une
rentrée tonitruante, balançant invectives et accusations, qui se sont
avérées, au final, comme autant de pétards mouillés, contre des
adversaires présumés qualifiés de «traîtres à la solde de la France»,
pourtant KO debout depuis plus d’une année. Le plus incroyable est que
son intervention a été à maintes reprises interrompue par… des
applaudissements nourris, venant d’un parterre composé du président de
l’APN, de ministres, d’ex-ministres, et de députés et autres membres du
bureau politique du parti ! Mieux, gonflant le torse, il convoquait
séance tenante un comité central du FLN. Ce grand homme, c’est ce qu’il
croyait être, ignorait que ceux qui l’applaudissaient ce 5 octobre,
allaient entériner sans état d’âme, le 22 octobre suivant, sa mise à
mort politique, et ce, dix jours avant le 1er Novembre.
H. Z.
|