Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Entre Macron et nous !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où l’on renonce volontiers, le temps de se
refaire la voix, de noter la déficience affective et le besoin de
reconnaissance chez l’autre. J’en ai entendu plus d’un se dire stupéfait
à l’idée que la seule visite d’un politique français ait suffi à en
garder certains suspendus à ses lèvres dans l’espoir qu’il aurait, lui,
mieux que ses prédécesseurs, le courage de reconnaître que ce que son
pays a commis en Algérie est aussi abominable qu’impardonnable. Mais de
quelle repentance parle-t-on et qui pense, honnêtement, que plaider
coupable, faire acte de contrition ou exprimer des remords suffirait à
effacer ce sur quoi les historiens continuent de plancher pour ne pas
privilégier une définition sur une autre plus soft ? Un homme, en
campagne électorale, est venu faire son marché à Alger. C’est de bonne
guerre. Pourquoi lui reprocher de vouloir s’assurer un soutien, y
compris financier, pour sa campagne ?
Emmanuel Macron n’était d’ailleurs pas le premier à tenter l’exercice.
Un autre candidat se pensant plus légitime étant donné les origines
algériennes de son grand-père a battu le terrain avant lui pour les
mêmes raisons. Pourquoi faudrait-il que le seul fait d’affirmer que
coloniser l’Algérie fut un crime contre l’humanité suffirait à faire
l’impasse sur la suite de la déclaration ? Ainsi, selon Emmanuel Macron,
l’acte colonial avec tout ce qu’il implique de monstrueux aurait tout de
même permis à la «modernité» d’entrer par «effraction» là où, pourtant,
les autochtones étaient relégués au statut d’indigènes.
Là où ils n’étaient que cela et n’avaient aucun moyen pacifique et
encore moins «structurel» de prétendre ou d’aspirer à une possible
émancipation. Rien ne leur aura épargné l’ignominie de la dépossession.
Les réactions énamourées en faveur de Macron ou en sa défaveur
renseignent sur le fait que nous n’avons pas fini de nous interroger sur
les effets de ladite colonisation. L’affaire est loin d’être réglée et
si d’aucuns se sentent quelque peu soulagés, voire émus par les propos
de ce dernier, autant se dire qu’elle est peut-être là, la mauvaise clef
qui empêche d’avancer.
M. B.
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