Actualités : PRODUITS DE LARGE CONSOMMATION
Vers la suppression des subventions


Selon l’évolution des prix mondiaux, le différentiel pris en charge par l’Etat pour les produits de première nécessité, coûte au Trésor public entre 2,5 et 3 milliards de dollars par an, soit 3 à 5% de la rente pétrolière.
Mounira Amine-Seka - Alger (Le Soir)
- Si les experts, dont le Dr Abderrahmane Mebtoul, tirent la sonnette d’alarme quant à la gestion surannée des subventions, l’Etat reste muré dans le silence et maintient les subventions en 2017, pour éviter les remous sociaux.
Le spécialiste, dans un article paru dans le journal Le Maghreb, a déclaré que «l’Etat ne doit pas omettre la chute du cours des hydrocarbures et s’adresser directement aux plus démunis.». Dans ce contexte, Andrew Jewell, économiste principal au FMI, estime que «des transferts monétaires ciblés se révéleraient plus efficaces pour protéger les pauvres et moins onéreux que les subventions actuelles.». Il faudrait souligner que la subvention indirecte profite beaucoup plus à la classe moyenne et aisée qu’à celle des plus démunis.
En effet, en septembre dernier, les services du Fonds monétaire international (FMI) ont recommandé à l’Algérie de remplacer progressivement les subventions généralisées par un programme de transfert monétaire qui ciblerait les familles les plus démunies. Ce programme, selon l’expert, reviendrait nettement moins cher à l’Etat et mettrait les pauvres à l’abri.
Dans ce cas, l’Etat doit avoir recours à la société civile et se faire aider par le réseau associatif. Ce programme a été adopté par l’Iran, deuxième économie, après l’Arabie Saoudite, dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Quand bien même l’Iran, deuxième pays producteur de gaz naturel et quatrième quant à ses réserves de pétrole prouvées, son programme repose non seulement sur le secteur gazier, mais également sur l’agriculture, les services et se caractérise par une présence notable de l’État dans l’industrie manufacturière et les services financiers, le rapport de la Banque mondiale, datant du 30 septembre 2016, déclare que le gouvernement iranien a mis en œuvre des réformes en profondeur de son programme de subventions sur des articles de première nécessité, comme les produits pétroliers, l’eau, l’électricité et le pain, ce qui s’est traduit par une amélioration progressive de l’efficacité de la dépense publique et de l’activité économique.
Le dispositif de subventions directes dont le coût avoisinait les 77,2 milliards de dollars, estimé à 27% du PIB, en 2007-2008. Des chiffres atténués par le programme de transferts monétaires directs aux ménages iraniens, ce qui a valu la réduction, à travers la hausse des prix pétroliers intérieurs, du déficit de l’organisation des subventions ciblées, estimé à 0,3% du PIB, en 2015.
Si les produits de large consommation coûtent à l’Etat algérien 277 milliards de dollars, les assainissements répétés aux entreprises publiques ont coûté 60 milliards de dollars au Trésor public, entre 1971 et 2015, sans parler des exonérations fiscales accordées par les organismes d’investissement comme l’Ansej et les entreprises étrangères qui reviennent à des dizaines de milliards de dinars.
Quant aux augmentations des produits énergétiques, Andrew Jewell relève que malgré la hausse de l’essence algérienne marquée à 34%, elle reste légèrement plus chère que l’eau et figure parmi les moins chères au monde. Si l’Algérie exporte son pétrole aux prix des marchés internationaux, elle est devenue importatrice des produits raffinés au prix de 2 milliards de dollars, entre 2014 et 2015, pour le mettre sur le marché national à un prix plafonné.
Il en est pareil pour l’eau dont le prix de revient atteint les 69 DA le mètre cube, alors que le prix facturé aux consommateurs varie, selon les volumes consommés entre 16,20 et 24,70 DA le mètre cube, pour les usages industriels et entre 3,60 et 24,70 pour les usages domestiques, soit, une différence allant entre 34 et 53 DA que le Trésor public paye au mètre cube.
Pour passer de la subvention indirecte à la subvention directe, les propositions des spécialistes et économistes fusent, seulement, jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucun n’a présenté ne serait-ce un semblant de schéma à suivre, pour établir ce nouveau programme, ni chiffres comparatifs. Au final, aucune proposition n’a été faite dans ce sens et personne ne sait si ce nouveau programme va aider le Trésor public à véritablement redresser l’économie.
M. A.-S.



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http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2017/03/20/article.php?sid=210993&cid=2