Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
La réussite coupable des filles !


Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où lorsque vous lisez quelque part que «la mixité à l’école produit des exclus, des frustrés et des schizophrènes», que la réussite scolaire d’une fille engendre une dérive chez le garçon, vous trouvez ces affirmations tellement ahurissantes que vous vous demandez si vous n’êtes pas en train de vivre un cauchemar à répétition !
Un docteur, autoproclamé «chercheur en sexologie», a choisi le 8 Mars pour aller expliquer, à la Bibliothèque nationale, en quoi les filles qui réussissent beaucoup mieux dans leurs études sont coupables de l’échec des garçons et pourquoi ces derniers que leurs déboires rendraient violents ont du mal à réussir leur ascension sociale. Et M. Smaïl Boulbina, auquel beaucoup de ses confrères contestent le titre de médecin, n’y va pas de main morte. Inutile de s’interroger sur la fiabilité de ses conclusions. Ce n’est pas l’objet de ce billet. Quand on pense que de tels arguments trouvent une audience auprès de départements censés protéger les populations qu’ils administrent de discours aussi rétrogrades, on comprend mieux pourquoi l’Algérie peine à sortir du bourbier intellectuel dans lequel l’enfonce une poignée de bonimenteurs. Des individus qui vieillissent mal pour n’être jamais parvenus à convaincre la communauté scientifique. La vraie ! Il faut dire qu’entre les exorcistes, les faiseurs de miracles qui refusent le prix Nobel et les muftis d’un genre nouveau qui nous expliquent pourquoi il est urgent de bannir la mixité dans les écoles et vite séparer les filles des garçons parce que c’est autour de la mixité que fleurissent prostitution, drogue, homosexualité et harcèlement, tout y passe, en fait ! Même le célibat des professeurs, le problème de logement, les tenues moulantes des filles, les uniformes, la discipline, les coupes de cheveux, internet, la télévision. Rien n’échappe au regard d’un homme maladivement préoccupé par le besoin de servir la communauté.
A chacun ses fixations ! Voilà qu’aujourd’hui, la misogynie d’un conférencier paranoïaque nous en dit long sur les raisons qui font que l’Algérie avance d’un pas et recule de deux !
M. B.





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