Actualités : LE POUVOIR VEUT «À TOUT PRIX» INTÉGRER LE MSP DANS LE
NOUVEAU GOUVERNEMENT
Les dessous d’une «obsession»
A quoi obéit le souci en haut lieu à vouloir, coûte
que coûte, intégrer le MSP dans le gouvernement post-élections
législatives du 4 mai dernier ?
Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Bien avant le verdict, définitif
celui-ci, du Conseil consultatif au sujet des résultats des élections
législatives de jeudi dernier, le président de la République a chargé le
Premier ministre d’entamer les consultations en vue de la constitution
du nouveau gouvernement qui devra obéir justement à ces résultats selon
l’esprit et la lettre de la nouvelle Constitution de février 2016. Et le
tout premier pas de Abdelmalek Sellal a été de recevoir, mercredi
dernier, le président du MSP, lui faisant part de l’offre du président
de la République de rejoindre le futur exécutif.
Proposition à laquelle Abderezzak Mokri a affirmé réserver la réponse,
le Conseil consultatif national du mouvement devant, selon lui,
l’étudier lors d’une session extraordinaire prévue la fin du mois en
cours. Une sollicitation qui, loin d’étonner, intrigue par son
«inopportunité constitutionnelle mais aussi son timing. La nouvelle loi
fondamentale du pays stipule que le président de la République consulte
la majorité parlementaire pour constituer le gouvernement. Une majorité
que détient largement le duo FLN-RND qui cumule provisoirement, dans
l’attente des résultats définitifs de l’institution que préside Mourad
Medelci, pas moins de 264 sièges. Ce qui exempte le Président de toute
contrainte d’élargissement du prochain gouvernement au-delà du cercle de
l’allégeance déjà garni du trio MPA-TAJ-ANR qui comptabilise 38 sièges
parlementaires, une escarcelle plus consistante que celle du MSP.
A quoi obéit, donc, ce souci en haut lieu, de vouloir à tout prix
associer le MSP à la constitution du gouvernement post-élections
législatives du 4 mai dernier ?
Pour le secrétaire général du Mouvement Nahda, qui affirme que
l’alliance triangulaire que son parti a scellée avec le FJD et El Binaa
qui comptabilise 15 sièges de députés, n’a pas reçu d’offre de
participation au prochain exécutif au même titre que le FFS, le RCD et
le PT, si cette option de réintégrer le MSP dans le gouvernement se
vérifiait, cela voudrait dire que «tout a été ficelé bien avant les
élections pour pérenniser le statu quo».
Mohamed Douibi soutient que «la logique aurait été de laisser le duo
FLN-RND et les autres partis satellites assumer seuls les retombées de
ces élections qui ne traduisent pas la réalité politique du pays,
contrairement à ce que l’on tente de faire croire».
Mais quid du timing de ces consultations intervenant bien avant que le
Conseil constitutionnel ne tranche sur les nombreux recours déposés par
nombre de partis dont le MSP qui crie à la spoliation dont il aurait été
victime ? Un timing qui tord le cou, par ailleurs, comme le fait
remarquer le chef islamiste, à la Constitution qui parle de
consultations autour de la formation du gouvernement une fois la
nouvelle Assemblée installée et le gouvernement en poste démissionnaire.
Tout porte à croire que ce souci court d’autres objectifs que ceux
avoués publiquement. Notamment celui de porter le coup de grâce au MSP,
miné depuis quelque temps par une guerre larvée entre le courant radical
incarné par le président en exercice du mouvement et celui
participationniste porté par son prédécesseur. Au-delà de lui faire
payer son départ du gouvernement en 2012, cette obsession à lui faire le
chemin inverse objecte de discréditer pas que le MSP auprès d’une
opinion publique majoritairement boudeuse de la chose politique. Car de
larges pans de l’opposition avec lesquels il s’est acoquiné ces
dernières années subiront les contrecoups néfastes de cette énième
volte-face du parti que préside Abderezzak Mokri dont le discours
virulent et acerbe à l’endroit du pouvoir ne sera perçu par le simple
quidam que comme un marchandage de strapontins gouvernementaux, pas
plus.
Un coup de grâce à une opposition déjà en mal de sympathie au sein d’une
opinion publique dont la bouderie massive du scrutin du 4 mai dernier
est le baromètre.
M. K.
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