Actualités : Le Maire de Tizi-Ouzou quitte le parti
Un autre coup de tonnerre au RCD
Abdelouahab Aït Menguellet, le premier magistrat de
la commune de Tizi-Ouzou, une des plus «sensibles» du pays tant les
courants qui la traversent emportent souvent ceux qui s’y aventurent, a
annoncé, hier, sa démission du RCD, parti au sein duquel il a milité
depuis le tout début des années quatre-vingt dix.
Un coup de tonnerre d’une résonance telle que si l’on doit se fier à
certaines indiscrétions, cela risque fort de donner des idées à d’autres
militants de l’incontournable représentation du RCD au chef-lieu de la
wilaya de Tizi-Ouzou. «Il y a des moments dans la vie où l’on est
contraint de prendre des résolutions parfois cruelles.»
C’est ainsi que l’édile et désormais ex-militant du RCD a annoncé sa
démission devant les journalistes auxquels il a fait part de «cet acte
solennel» qu’il a voulu à la hauteur de la gravité de la décision,
dit-il. Sans trop vouloir se justifier ni s’adonner à la polémique, Aït
Menguellet a voulu adresser son faire-part exclusivement «aux militants
dévoués du RCD» et à «(ses) concitoyens qui m’ont élu à la magistrature
municipale de la commune la plus symptomatique d’Algérie». A ceux-là et
uniquement à eux, tient-il à préciser, il estime devoir des
justifications car «conscient de l’obligation morale» qu’il leur doit.
Si sa fidélité aux idées et aux hommes – ce sont ses mots – était
jusque-là sans faille, à l’instar de celle de milliers de militants à la
sincérité et à l’engagement avérés, le président de l’APC de Tizi-Ouzou
a décelé «des comportements et attitudes inappropriés et déviationnistes
à plus d’un titre dont se sont rendus coupables, ces derniers temps,
ceux qui étaient censés en être les objecteurs».
Puis, pour poursuivre l’énumération des raisons ayant fait qu’il coupe
les liens avec le RCD, Abdelouahab Aït Menguellet prend l’exemple du
moment «lorsque le choix de la représentation des citoyens au
Parlement», autrement dit, l’établissement de la liste des candidats à
l’APN, s’est entaché de «puérilité et d’accommodements». Et de
poursuivre : «Lorsque des connivences et des égoïsmes s’entrelacent, et
des appétits s’avivent, lorsqu’on commue une défaite cinglante en un
moment de festoiement, lorsqu’on adopte une attitude sélective et
dédaigneuse…» cela résonne comme «un reniement des valeurs originelles
du Rassemblement», juge le maire de Tizi-Ouzou. En tous les cas, pour ce
dernier, l’espace de la pratique politique s’est inexorablement
amenuisé, devenant «l’apanage de quelques illuminés». Le tout sans
vouloir nommer quiconque parmi ces «illuminés». Aux interrogations des
journalistes, le premier magistrat de la commune parmi les plus pénibles
à administrer du pays, et militant sans doute pas de ceux qui pèsent
(désormais pesaient) le moins au RCD, balaye d’un revers l’argument
selon lequel cette démission serait liée au fait qu’il n’ait pas été
retenu parmi les candidats à la députation. «Avant les législatives,
j’aurais pu accepter la proposition d’être sénateur lorsque celle-ci
m’avait été faite ; d’ailleurs, des élus d’autres partis m’avaient
assuré de leur concours…», argue le maire de Tizi-Ouzou avant de lâcher
: «Les listes confectionnées grâce aux sacs d’argent, je ne suis pas
d’accord. Il y a des militants plus méritants et plus à même d’être
candidats à l’Assemblée nationale.» Pour ensuite insister à mettre sa
démission sur le compte de la trahison, mot qu’il n’utilisera pas
toutefois, des idéaux du Rassemblement dans lequel il a milité pendant
vingt-huit ans. Ainsi, après Nordine Aït Hamouda, l’année dernière,
c’est une autre figure de proue du RCD qui vient allonger la liste des
cadres ayant décidé de couper les ponts avec leur parti, à l’instar de
ces milliers de voix qui lui ont fait défaut pour se contenter d’un peu
plus de 18 000 lors des législatives d’il y a deux semaines.
A. M.
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