Culture : Musique
Badi Lalla, la pionnière du blues des Touareg


Badi Lalla collabore avec de jeunes musiciens touaregs algériens mais aussi avec le groupe malien Tinariwen. La doyenne du tindé, qui habite toujours à Tamanrasset, a participé à de nombreux festivals et s’est produite en Belgique et en France.
Nul n’est prophète en son pays : l’artiste targui, Othmane Bali, a enregistré son premier album à l’étranger. En effet, il avait fallu attendre l’année 1994 pour voir la sortie de l’album Assouf avec l’Américain indien sherokee Steve Shehan. Mieux vaut tard que jamais : la doyenne et ambassadrice du tindé, Badi Lalla, vient d’enregistrer son premier album en Algérie, à l’âge de 80 ans, aux éditions Padidou.
Côté musical, le nouveau produit de neuf pistes oscille entre le tindé traditionnel et un genre plus contemporain appelé le «tindé guitare», intégrant la guitare électrique et des influences de l'ishumar.
Le morceau Amidinine Ibnou Achir restitue l'ambiance des cérémonies festives du tindé faite de nappes vocales féminines, de percussions soutenues par les battements de mains, de rythmes ancestraux et d'une touche de guitare électrique en plus de la poésie portée par la voix profonde, envoûtante et parfois rauque de Badi Lalla.
Toujours dans le style du «tindé guitare», l’artiste puise certaines de ses inspirations chez les Touareg et le Peuls du Mali, où elle a longtemps vécu, au Niger ou au Burkina Faso. Ces brassages sont perceptibles dans des morceaux comme Tazout Enharet Akeydess Assouf ou Nek Aqimegh qui porte également une touche de rock.
Dans son volet «moderne», cet album a été réalisé en collaboration avec les musiciens et choristes du groupe Imzad. Il comporte également d’autres beaux et envoûtants morceaux, notamment Sabhana Amanay, Ited Oulhin Ichiwiden ou Idi Yani Douhna.
Née en 1937 à Timiaouine (In Guezzam) au sud de Tamanrasset, près de la frontière algéro-nigérienne, Badi Lalla, de son vrai nom Badi Lalla Bent Salem, diffuse dans le paysage musical targui sa poésie qu'elle collecte depuis l’âge de dix ans auprès de sa mère Lansari Bakka. Elle a entamé sa carrière de chanteuse dans les fêtes familiales ; sa première chanson, Hilalo (viens avec nous), libérera son talent.
Elle crée, en 1990, l’association Issakta (souvenir) et s’entoure d’une quinzaine de personnes, hommes et femmes, pour se produire dans plusieurs pays d’Europe. Badi Lalla collabore depuis avec de jeunes musiciens touaregs algériens mais aussi avec le groupe malien Tinariwen. Badi Lalla, qui habite toujours à Tamanrasset, a participé à de nombreux festivals et s’est produite en Belgique et en France. Elle a également fait un enregistrement à la radio en 1974.
Elle est considérée comme la pionnière du blues targui, musique qu’elle chante depuis les années 1970. Avec Othmane Baly et Alla, le Django Reinhardt du oud, elle a contribué a faire connaître la musique du Sahara partout en Algérie et au-delà des frontières.
K. B.




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