Actualités : AU CENTRE DE POLÉMIQUES SUITE AUX DÉRAPAGES DES
CHAÎNES PRIVÉES
L’Arav crie son impuissance
Le président de l'Autorité de régulation de
l'audiovisuel (Arav), Zouaoui Benhamadi, au centre de grosses polémiques
suite aux dérapages de certaines chaînes privées, a appelé hier à
«s'armer de sérénité et de patience» avant de proférer des accusations à
l’encontre de cette institution.
Younès Djama - Alger (Le Soir) - M. Benhamadi répondait en fait à la
Commission nationale des droits de l’Homme appelant l’Arav à assumer ses
«prérogatives émanant de sa mission telle que définie par les textes».
«(…) Nous assistons aujourd'hui à une espèce de mode ; tout ce qui pose
problème dans l'audiovisuel, c'est bien sûr forcément l'Arav qui en est
responsable soit parce qu'elle a fait ceci ou parce qu'elle n'a pas fait
cela. Il faut peut-être, toute raison gardée, s'armer de sérénité et de
patience avant de proférer des accusations», s’est défendu Benhamadi
dans les colonnes du Quotidien d’Oran.
Le président de l’Arav a déclaré que certaines «œuvres» qui se voulaient
ludiques ou artistiques, diffusées par des chaînes privées pendant ce
mois sacré, ont effectivement «posé problème». Au lieu de proférer des
accusations, Benhamadi invite ses contempteurs à prendre «d’abord le
temps de voir exactement si nous étions comptables de quelque chose que
nous aurions dû faire ou ne pas faire, ou bien si, précisément, les lois
ne nous donnent pas autant de pouvoir que certains imaginent».
Les observateurs de la scène médiatique et du champ audiovisuel
nationaux ont l’impression que l’Arav se place comme spectatrice autant
que les ménages algériens face aux dérives éthiques de certaines chaînes
de TV. Le président de cette institution s’en défend et invoque
l’absence de prérogatives. Or, ces dernières viennent de la force du
cahier des charges qu'elle est censée signer avec chacune des chaînes
existantes. Pourquoi l’Arav ne l’a-t-elle pas fait ? «Ces chaînes ne
sont ni algériennes ni légales.
Les meilleures d'entre elles, c'est-à-dire 5 sur les 55 existantes, ont
été juste autorisées à ouvrir des bureaux de représentation. Or, tout le
monde sait que ce ne sont pas de simples bureaux de représentation qui
ont été ouverts mais de véritables rédactions parfois très fournies,
importantes de par le nombre de leurs employés qui est entre 200 et 500
personnes. Ces chaînes ont ouvert de véritables studios parfois
extrêmement performants et modernes.
La définition d'un bureau de représentation de presse est claire, il ne
faut pas qu'il dépasse 9 employés», précise Benhamadi. Interrogé hier,
également, par le quotidien arabophone El Khabar, sur le contenu de sa
rencontre avec le ministre de la Communication, Djamel Kaouane,
Benhamadi a qualifié cette rencontre d’«habituelle» vu que le ministre
vient de prendre ses nouvelles fonctions.
Le président de l’Arav nie que cette réunion qui précède celle en vue
avec le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, soit l’expression d’une
colère des autorités après l’épisode regrettable de Rachid Boudjedra
piégé par une caméra cachée d’Ennahar TV.
Il nie que ceux qui se sont rassemblés devant l'Arav pour protester
contre le traitement humiliant réservé à l’écrivain soient venus pour
manifester contre l'Arav. «Ils sont venus lui délivrer un message en
espérant qu'elle le fasse parvenir aux personnes qu'il faut», a indiqué
Benhamadi.
Y. D.
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