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Bras de fer à la coopérative Afak
Un véritable bras de fer est engagé entre les
partisans actuels de l’ex-président de la coopérative Afak et les
adhérents, anciennement membres de l’assemblée générale, toujours en
attente de leurs logements. Bien qu’une action en justice ait été
intentée contre l’ex-président de la coopérative, M. K. Abdelkader, et
bien qu’ils aient eu gain de cause, ces derniers n’arrivent toujours pas
à s’enquérir de l’évolution des étapes, bien que bon nombre d’entre eux
ait payé la quasi-totalité de la somme.
Pour «usurpation de qualité, construction sans permis de construire,
escroquerie et détournement de fonds propres», le tribunal de Koléa a
condamné K. Abdelkader, actuellement en fuite, à 5 ans de prison fermes
avec une amende de 500 000 DA. Un mandat d’arrêt a également été lancé
contre lui.
La coopérative Afak qui a réalisé la résidence de Sebbala et celle de
Birkhadem, toutes deux sises dans deux communes différentes dans la
banlieue d’Alger, ne répondent pas à la loi, sur le plan administratif.
Pour la résidence de Sebbala, l’arrêté des comptes (bilan financier) n’a
toujours pas été fait. Pour cause, la comptabilité «se faisait comme
pour une épicerie», admet un des responsables du chantier de Khraïcia,
soulignant que «nous nous sommes bien rattrapés en recrutant un
commissaire aux comptes dès 2011». A ce sujet, les adhérents en colère
déclarent que des milliards ont été brassés entre le tout premier projet
de Sebbala, en 1999, et la remise des logements de Birkhadem, en 2004
«et ça continue», soupire une adhérente. Quant à la résidence Afak I de
Birkhadem, baptisée également Résidence El-Kerma, aucun papier n’a été
obtenu afin de la réaliser de manière légale.
Comment cette région connue pour sa terre fertile et agricole, s’est vu
pousser une résidence d’une telle ampleur, pas seulement sans permis ni
agrément, mais sans même qu’aucune institution, ni administration, ni
même une simple brigade de l’Inspection générale de l’urbanisme et de la
construction (IGUC) ne s’en soient inquiétées, durant les 4 années de
réalisation allant de 2000 à 2004 ? Bien que la parcelle de terrain soit
située au bord de la très fréquentée autoroute reliant la sortie de la
capitale vers la wilaya de Blida, personne n’a remarqué la construction
d’une véritable cité au cœur d’un verger.
Fusion des projets et confusion des appellations
Pour la réalisation de la résidence Sebbala, sous l’appellation de Afak,
K. Abdelkader avait obtenu un agrément, lui permettant d’ouvrir un
compte bancaire au niveau de l’Arab Banking Corporation (ABC).
Seulement, pour Afak I et Afak II, sises respectivement à Birkhadem et
Khraïcia, aucun agrément, ni permis de construire n’ont été obtenus.
«D’ailleurs, rappelle un adhérent, Afak I est bâtie sur un terrain
agricole.
Pour revenir au compte bancaire, n’ayant pas d’agrément, ni de permis de
construire pour les deux autres projets, K. Abdelkader a fait une fusion
des deux projets (Afak I et Afak II) en leur attribuant le nom d’Afak,
ce qui prête à confusion entre Afak Sebbala et Afak qui regroupe les
deux autres projets. Lorsque la banque s’est aperçue de la supercherie,
elle a soldé les comptes de la coopérative et M. K. en a ouvert un autre
à la Banque de développement local. La BDL, ne s’est-elle pas rendu
compte ? On se le demande !», s’emporte-t-il.
Au niveau de la résidence de Birkhadem, huit blocs se dressent à
l’entrée. Le premier sert de centre commercial, le second de bureaux, le
troisième reste fermé et les cinq du fond ont été loués par la banque
Société Générale. «Sincèrement, je ne sais pas comment une aussi grande
banque puisse louer un tel espace, alors que le propriétaire ne dispose
d’aucun papier conforme, se demande un adhérent, sauf s’il y a
complicité du notaire.»
En effet, pour louer un bien, il faudrait avoir l’acte de propriété. Or,
comme expliqué précédemment, cette résidence a un dossier vide,
puisqu’elle a été réalisée sans agrément, ni permis de construire.
Dans toutes ces histoires, comment tous ces adhérents et bénéficiaires
ne se sont pas rendu compte que leurs futurs logements étaient réalisés
sans aucun agrément ni permission d’aucune administration concernée ?
Comment de tels projets, aussi lourds, peuvent être érigés sans que les
services de l’urbanisme de la wilaya et des différentes communes, ou
encore l’organisme national de Contrôle technique de la construction (CTC),
ni même la police urbaine n’interviennent ? Quand bien même les dizaines
d’adhérents s’étaient rendu compte, pourquoi ne se sont-ils pas
manifestés au niveau des administrations concernées pour tenter d’avoir
les papiers nécessaires, ou comptaient-ils, peut-être, sur la mise en
conformité des lieux ?
Concernant le terrain de Khraïcia, où 1 388 logements devraient être
construits, la clôture et les voiles ont été partiellement démolis par
l’IGUC, selon les documents fournis par les deux parties. Le problème
qui se pose au niveau de ce terrain qui n’est pas intégré dans le
secteur urbanisable, c’est qu’une canalisation de gaz naturel à haute
pression passe à 200 mètres, de la clôture, selon le courrier de l’APC
Khraïcia qui s’appuie sur celui de la Sonelgaz. Seulement, un autre
courrier, émanant du Plan directeur d’aménagement et d’urbanisme de la
ville d’Alger (PDAU), «confirmera dans les meilleurs délais,
l’intégration du site dans le secteur urbanisable, à toutes opérations
de viabilisation et de construction», peut-on y lire sur le document
daté du 15 mai 2012.
A en croire les écrits émanant des différentes administrations, un autre
bras de fer est engagé à ce niveau-là, pendant que les adhérents restent
dans le désarroi le plus total.
M. A.-S.
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