Actualités : MIGRATION
Guerre aux réseaux clandestins
L'Algérie est en guerre contre les
réseaux responsables de l'afflux massif de migrants africains vers son
territoire et ne rate plus aucune occasion pour le faire .
Abla Cherif - Alger (Le Soir) - Ce week-end, Noureddine Bedoui a
fait savoir officiellement que les autorités étaient déterminées à
lutter contre des «groupes criminels spécialisés dans la traite des
Noirs» mais sans fournir pour autant de détails sur le sujet. Ce dernier
s'est contenté de lier naturellement le fait à l'immigration clandestine
à laquelle le pays fait face depuis un certain moment et rassurer une
nouvelle fois quant au traitement réservé aux migrants lors de leur
rapatriement vers leur pays d'origine.
La lutte contre les réseaux spécialisés dans le trafic humain est
pourtant au centre de l'une des plus grosses guerres qui se mène à nos
frontières. Pour mieux gérer ses territoires, l'Algérie a y compris
décidé de placer de vastes étendues sous contrôle militaire pour
permettre aux soldats de contrôler plus efficacement les déplacements
humains qui s'y opèrent.
Ces mesures contraignent les civils désireux de traverser ces régions à
se présenter auprès des autorités militaires chargées de leur délivrer
des laissez-passer. Des informations publiées par Le Soir d'Algérie, il
y a quelques semaines, faisaient également savoir que les nomades
peuplant ces zones ont été informés de l'entrée en vigueur de ces
nouvelles directives. Cette tâche semble avoir été facilitée par la mise
en place de mesures similaires en Mauritanie.
De larges étendues frontalières avec l'Algérie ont été placées sous
contrôle militaire, avait annoncé le ministère mauritanien de la Défense
avant d'expliquer, sur son site officiel, que son souci était de mettre
fin aux activités des contrebandiers qui pullulent dans ces régions.
Des sources algériennes très proches du dossier nous ont récemment fait
savoir qu'un travail d'information mené en concertation avec des pays
voisins a permis à l'Algérie d'obtenir des données très utiles. «Nous
avons des noms de passeurs, nous savons comment ils agissent et quelle
est leur finalité. Ces groupes sont spécialisés dans la traite des Noirs
et l'Algérie est pour eux une cible.»
Les mêmes sources indiquent, par ailleurs, que des enquêtes ont permis
de remonter jusqu'à «la tête de certains réseaux et d'arrêter les
responsables. Ils ont été présentés devant la justice et condamnés à la
prison».
«Des enquêtes ont été également menées dans les milieux des migrants et
elles ont parfois abouti à des résultats effrayants.»
Certaines de ces conclusions auxquelles ont abouti les recherches ont
été dévoilées à l'opinion publique par la présidente du Croissant-Rouge
algérien (CRA). «Nous avons découvert la présence de 3 000 enfants non
accompagnés et chargés de mendicité et de 6 000 femmes spécialisées dans
la prostitution», affirmait Benhabylès, il y a peu. Les concernés ont
été rapatriés dans leur pays d'origine. Les 1er et 4 août derniers, plus
de 900 Nigériens ont été rapatriés lors de deux opérations successives.
Une troisième vague suivra dans les jours à venir, a annoncé la
présidente du CRA. «Tous les moyens ont été mis en place pour éviter
d'être à nouveau face à la même situation : noyés sous le flux des
réfugiés et noyautés», commentent les personnes ayant, de près ou de
loin, affaire au dossier.
A. C.
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