Régions : Une ville peu recommandable
Constantine entre canicule et morosité



Guichets d’impôts ou de banques bondés de monde. Ne voilà-t-il pas une scène qui déroge au décor de vacuités tous azimuts imposé par une canicule inédite de mémoire de Constantinois, lesquels, ont opté depuis plusieurs années déjà, pour des destinations de villégiature transfrontalière quand les moyens le permettent, bravant les tracasseries administratives et les longues files d’attentes.<finresume>
Destinations qui ont pour noms Hammamet, Aïn-Draham, Sousse, Tabarka et à défaut pour les petites gens, Skikda, Collo, Jijel, Annaba ou encore Béjaïa. Entre escapades d’une journée en bord de mer à moindres frais et des séjours en all inclusif dans les imposants complexes touristiques du pays voisin, l’équation est tributaire de la taille du portefeuille ou du sacrifice que l’on s’auto commande. Pour les plus nantis, c’est l’envol outre-mer qui séduit le plus, et est présent en force parmi les offres des vacanciers. Cette ruée qui n’est guère démentie par les agences de voyages affichant complet pour la quasi majorité des destinations et souvent débordées par le nombre de réservataires trouve aussi une explication dans le versant le plus hideux du vieux rocher qui supporte l’antique capitale numide.
C’est que la troisième wilaya du pays, affublée du statut de capitale de l’est algérien a ignoré un pan entier de son plan de développement, reléguant aux questions subsidiaires le caractère attractif dû aux cités chargées d’histoire, en ne capitalisant, ni ses héritages séculaires ni ses dotes naturelles que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
Un patrimoine qui s’amenuise chaque jour davantage alors que la ville peine à se moderniser, mais aussi à préserver son authenticité. Car, si un léger mieux en termes de structures hôtelières est plus ou moins visible depuis quelques temps, les espaces de loisirs et de détente demeurent inexistants, au moment où l’insalubrité gagne du terrain à travers les artères, boulevards et ruelles de la cité suffoquant de chaleur et de… puanteurs libérées à chaque coin de rue.
Une métropole dit-on, qui a pris près de deux décennies pour «réhabiliter un petit bassin antique, Sidi M’cid en l’occurrence pour subvenir aux besoins de plus d’un million d’âmes. Et ce n’est, hélas, pas le cas du parc d’attractions de Djebel-El-Ouahch, en attente de réaménagement et de reprise en main depuis plus d’un quart de siècle.
A Constantine et par extension, ses méga-cités qui la ceinturent et que l’on appelle abusivement nouvelles villes, Ali Mendjeli, Massinissa et autres, même la notion de places publiques dédiées à la détente et pouvant procurer aux familles, groupes d’amis et visiteurs des bouffées d’oxygène par ces temps de fournaises, sont une chimère. Une malédiction pour ses habitants contenus entre béton et détritus dans l’immensité de ces cités-dortoirs dépourvues de verdures. Ici, rêver de piscines, parcs de loisirs et autres espaces fluviatiles relève du leurre. Il n’est pas dit pourtant que dans un ailleurs proche les choses ne bougent pas. Un ailleurs de l’arrière-pays que l’on pensait plus reculé, mais qui arrive depuis quelques années à séduire les Constantinois avides d’évasion. Batna et Sétif plus particulièrement font, en effet, partie des destinations prisées par les Constantinois de par ce qu’elles offrent comme espaces récréatifs et voire même, pour faire leurs emplettes compte tenu de l’anarchie qui prévaut dans les marchés constantinois où le commerce informel règne en maître. Cet autre aspect qui offre un tableau dégradant de la ville des Ponts qui semble être définitivement livrée aux mains des vendeurs à la sauvette squattant les devantures des commerces légaux et que nul n’ose déloger. Cela déteint indéniablement sur la quiétude du citoyen et installe un climat d’insécurité permanent, altérant «la fréquentabilité» de la cité.
La canicule qui n’est en fait que cet autre facteur naturel à concourir au vide affectant une cité, désertée par ses âmes qui préfèrent le bourdonnement des climatiseurs à la morosité de ses faubourgs, ne justifie pas à elle seule le no man’s land qui s’y est installé depuis le début de l’été, et particulièrement au mois d’août.
L’absence de perspectives, les fuites en avant des mauvais gestionnaires ayant présidé aux destinées de cette wilaya et leur incapacité à conduire un plan de développement englobant les besoins réels d’une métropole digne de ce nom, les dilapidations des enveloppes faramineuses allouées justement à l’effet de lui redonner le cadre qui lui sied et surtout, le laisser-aller en vigueur, ont participé à la relégation de Constantine au rang de ville peu recommandable.
K. G.



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