Culture : 74e Mostra de Venise
Consécration de l’Algérienne Lina Khodri
Première
consécration pour Sofia Djama et son film Les bienheureux. Le prix de la
meilleure interprétation dans la section Orrizonti de la Mostra de
Venise a été décerné à l’actrice Lyna Khodri.
Après le court-métrage Mollement un samedi matin, la réalisatrice
algérienne poursuit ses questionnements sur la société algérienne avec
Les bienheureux (1h42mn), comédie dramatique qui met en vedette Nadia
Kaci, Sami Bouadjila, Lina Khodri, Amine Lansari et Adam Bessa. Ecrit
par la réalisatrice, le film avait déjà bénéficié avant son tournage
d’une reconnaissance à l’international avec la mention spéciale au grand
Prix du meilleur scénariste Sopadin en 2015.
Cette coproduction franco-belge, dont la sortie est prévue en décembre
en France, a pour cadre Alger, quelques années après «la fin» des années
de terreur. Des bourgeois sont en route au restaurant pour y fêter leur
vingt ans de mariage ; si la femme ressent encore une certaine amertume
quant à la perte de ses illusions de liberté et d’ouverture miroitées au
lendemain d’octobre 1988, son mari (Sami Bouadjila), gynécologue qui
pratique des avortements clandestins, est plutôt résigné devant la
sinistrose qui ronge sa société.
Pendant ce long dialogue, leur fils Fahim et ses deux copains Feriel et
Réda errent dans une ville hostile et désertée par la vie dès la tombée
de la nuit. Il s’agit donc de portraits croisés de deux générations qui,
si elles ne partagent pas du tout le même vécu et les mêmes traumas, ont
en commun Alger, fascinante et oppressante à la fois.
A souligner que Sofia Djama et le cinéaste tunisien Abdellatif Kechiche
sont les seuls Africains retenus en compétition officielle à cette 74e
édition de la Mostra de Venise, dont le palmarès a été annoncé samedi 9
septembre.
Le Lion d’Or est revenu au long-métrage The shape of water (La forme de
l’eau) du Mexicain Guilermo del Toro qui a séduit la critique
cinématographique avec cette fiction hybride racontant la relation
étrange d’amour entre une employée muette et la créature née d’une
expérience dans le laboratoire où elle travaille. Le Grand prix a été
décerné au film Foxtrot de l’Israélien Samuel Maoz qui y questionne sa
propre expérience de soldat. Du côté français, c’est Xavier Legrand qui
décroche la distinction de la meilleure mise en scène pour Jusqu’à la
garde, tandis que le prix du scénario est revenu à l’Américain Martin
McDonagh pour Three billboards.
Le prix du jury est décerné au western Sweet Country de l’Australien
Warwick Thornton. On aura remarqué que Kechiche sort bredouille de cette
Mostra 2017, puisque la critique estime que ce palmarès est «sans
tonalité ni parti- pris». Or, le dernier film du réalisateur tunisien
Mektoub est décrit par les partisans comme «un hymne à la vie», «une
rasade d’eau glacée» et «une œuvre sensuelle», iconoclaste et
provocatrice tandis que les anti-Kechiche, qui avaient également décrié
le sulfureux La vie d’Adèle y voit «un naufrage» et un film qui tourne
en rond, sans la moindre cohérence dramatique.
S. H.
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