Actualités : MOHAMED MEBARKI A LA CHAINE 3 :
«Dans un partenariat total avec l’entreprise»
A l’issue de son intervention lundi matin dans
l’émission «Invité de la chaîne 3» de la Radio algérienne, l’on aura
particulièrement relevé chez le ministre de la Formation et de
l’Enseignement professionnels, son insistance à appuyer sur l’approche
retenue par son département ministériel dans la révision de la
nomenclature des filières : un travail fait en étroite collaboration
avec les acteurs du secteur économique et particulièrement les
entreprises en attente de ressources humaines de qualité. Sans
surprises, l’autre aspect sur lequel le ministre a été longuement
interpellé est le Brevet d’enseignement professionnel ou BEP, une
nouveauté dans le dispositif et qui est loin d’être totalement saisie
dans son contenu comme dans sa finalité et son imbrication avec d’autres
diplômes.
Khedidja Baba-Ahmed - Alger (Le Soir) - La rentrée pour la formation
et l’enseignement professionnels se fera le 24 septembre. Un changement
de taille va connaître, cette année, ce secteur qui reçoit chaque année
entre 500 000 et 600 000 jeunes de faible niveau scolaire et non
qualifiés. Il y a d’abord la révision de la nomenclature des filières,
axe extrêmement important selon le ministre qui la considère impérative.
En l’occurrence, il s’agit d’adapter, de modifier, d’introduire ou
d’exclure des filières et ce, en fonction de la vie des entreprises
économiques et surtout des métiers. Certains métiers disparaissent,
d’autres apparaissent ou d’autres encore ne s’exercent plus de la même
manière et l’on est dans l’obligation de revoir nos filières en
conséquence. Lorsqu’il évoque cette révision, le ministre insiste
beaucoup sur l’approche retenue. «La révision de la nomenclature a été
élaborée avec les utilisateurs, en l’occurrence, avec les entreprises
économiques. Ainsi elle nous permet de tenir compte et d’intégrer le
développement des métiers, des techniques et des technologies utilisées
qui évoluent».
Cette approche qui se fait en partenariat avec les secteurs économiques
«se décline et apparaît très nettement dans le programme d’actions du
gouvernement qui sera présenté au Parlement dimanche prochain.
Le travail en partenariat avec les entreprises nous permet, explique
encore M. Mebarki, de définir la demande en ressources humaines au plan
statistique et «de connaître exactement, en termes de spécialités, ce
qu’il y a lieu de dispenser».
Autre intérêt, et non des moindres, est la définition des contenus de
programmes et des apprentissages. On apprend ainsi que 80% du temps de
formation professionnelle se passe dans l’entreprise ou chez l’artisan
et le reste, soit 20%, se fait en établissement de formation. Lorsqu’il
est rappelé au ministre qu’il est souvent reproché à son secteur de ne
pas former aux petits métiers indispensables au développement économique
aujourd’hui, le ministre n’élude pas la question. Il est vrai, dit-il,
que le système éducatif, à un moment donné, a beaucoup axé sur la
formation supérieure. On a beaucoup formé «on s’en félicite» des cadres
moyens à l’université et les petits métiers ont été oubliés. Cela se
corrige aujourd’hui, heureusement et, affirme le ministre «l’on est en
train de rattraper».
Le réseau de formation est de plus en plus dense. Il est constitué
aujourd’hui de 1230 établissements et plus de 120 INSP (pour la
formation des techniciens supérieurs) à travers le territoire national.
Le secteur forme annuellement 240 000 à 250 000 techniciens, techniciens
supérieurs et CAP. Il y a certes certaines filières qui continuent à
être désertées, au motif qu’il s’agit de métiers pénibles, telles que
l’agriculture et le BTP mais dans l’une comme dans l’autre, il y a des
pôles de formation d’excellence. 27 000 formateurs constituent
aujourd’hui le réseau d’engineering pédagogique qui actualise leur
formation annuellement.
A noter aussi que le secteur compte recruter pour cette seule année 2000
formateurs. Et que répond le ministre interrogé sur la réputation du
secteur comme formant des chômeurs ? Pas du tout, rétorque-t-il : «Selon
l’Anem (agence de l’emploi) 83% des sortants trouvent un emploi au bout
de six mois et 10% au bout d’une année. De plus, 70% des porteurs de
projets Ansej sortent du secteur de la formation.»
Quant à l’introduction toute nouvelle dans le cursus de formation d’un
Brevet d’enseignement professionnel supérieur, M. Mebarki a longuement
développé en informant que le système en cours depuis 8 ans a été décrié
par les élèves qui avaient une double demande : que leur diplôme soit
visible et reconnu et qu’il leur permette en même temps d’accéder à
l’université, pour un enseignement professionnel supérieur. Cette double
demande a été prise en charge par l’institution d’un premier diplôme qui
est le BEP qui remplace les deux diplômes BEP 1 et BEP2 qui existaient
mais qui n’étaient pas «visibles». Ce nouveau diplôme leur permet
d’aller vers l’enseignement supérieur, le BEPS. Le BEP qui est mis en
place cette année se prépare de la même manière que se prépare le bac.
Le diplôme de BEP donne les mêmes droits d’intégration à son porteur
dans le monde du travail, avec un niveau 4 classé dans la grille
nationale des salaires en catégorie 8. Et comme le bac, il permet
l’accès à un diplôme supérieur mais ne permet pas, toutefois et comme
partout ailleurs dans le monde, d’accéder à un troisième cycle, comme le
permettent des études académiques classiques.
Enfin, annonce le ministre, ce nouveau cursus sera mis graduellement en
place. Il faut en effet, dit-il, préparer tous les programmes ; la
ressource humaine qui les prendra en charge et les infrastructures qui
les domicilieront.
K. B.-A.
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