Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Les caisses sont vides ? Et pourquoi ?
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où on a beau tenter d’expliquer où sont
passés les milliards de dollars engrangés grâce au pétrole et aux autres
richesses du sous-sol algérien — le bâtiment, la santé et l’éducation ne
suffisent pas, comme nous l’avons déjà dit —, à expliquer la
dilapidation des sommes faramineuses censées nous faire la vie de rêve à
laquelle nous aurions eu droit dans d’autres conditions de gestion des
affaires du pays. En vain. Bien sûr, il y a tous les emplois à rémunérer
et les frais de fonctionnement des ministères et autres entreprises
publiques qui tournent à vide. Mais est-ce que cela justifie pour autant
que l’on en soit à se demander s’il ne faudrait pas renoncer à sa
souveraineté ? Chacun d’entre les Algériens auquel on aura sucré une
part de son confort se demande en son for intérieur, quand il ne
l’exprime pas à haute voix, pourquoi c’est à lui que l’on fait appel
pour éviter que le pays ne s’effondre plutôt que d’aller affronter ceux
qui ont vidé les banques et n’ont toujours pas commencé à rembourser
leurs dettes ; autrement dit, à remettre l’argent là où il était.
Le tort qu’ont les hauts responsables du pays c’est qu’ils ne vont
jamais regarder au-delà des vitres teintées de leurs bureaux. Ils ne
savent pas ce qui se passe dehors, dans la rue, là où pourrait bien se
construire la colère et s’exprimer la frustration. On aurait tort de
croire qu’un peuple que l’on a conditionné au silence en brandissant
ponctuellement l’épouvantail du terrorisme et le souvenir d’années de
feu et de cendres gardera son calme ad vitam. Parce que, au-delà du
terrorisme, il y a eu cet autre pli qu’ont pris les Algériens à
consommer tout et n’importe quoi, y compris ceux qui n’ont pas connu les
années de pénuries. Celles où, déjà, le marché parallèle se taillait une
place de choix au cœur de la demande en constante augmentation. Pourquoi
ne pas restreindre le train de vie de l’Etat et exiger des importateurs
qu’ils investissent une part de leurs bénéfices colossaux dans la
production ? Il y a longtemps que le plus naïf d’entre nous a compris
que l’achat et la revente en l’état était bien plus rentables.
M. B.
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