Culture : Festival international de la bande dessinée
Un 10e anniversaire sous le signe de l’austérité
Le
Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA) fêtera son
10e anniversaire du 3 au 7 octobre à l’Esplanade de Riad El Feth et au
Palais de la culture Moufdi-Zakaria, avec la France comme invité
d’honneur.
Dalila Nadjem, commissaire du festival, a animé hier un point de presse
à Alger en compagnie de toute l’équipe du Fibda. L’un des premiers
points abordés était évidemment les restrictions budgétaires dues à la
crise financière du pays qui touche de plein fouet le secteur culturel.
Pour le Fibda, ce sera synonyme de diminution du nombre des artistes
invités, de raccourcissement de la durée et d’entrées payantes.
Par ailleurs, l’affiche de cette 10e édition est conçue par le célèbre
bédéiste algérien Slim qui a choisi de rassembler ses personnages
mythiques, à l’instar de Bouzid et de Zina, chacun portant une planche
de BD non moins emblématique à l’image d’Astérix et Obélix, Zembla ou
encore Titeuf. La nouveauté cette année est le partenariat avec le
Palais de la culture Moufdi-Zakaria qui abritera une partie des
activités avec une navette assurant le transport entre les deux sites.
Côté exposition, l’ambassade de France a choisi, pour sa part, une
rétrospective du dessinateur Uderzo, auteur de l’indémodable Astérix,
ainsi qu’une exposition regroupant des artistes de la French Comics
Association, une espèce de syndicat des éditeurs de BD créé en 2016 qui
fédère nombres d’éditeurs majeurs du 9e art et qui œuvre à la promotion
des bédéistes français et belges. Un flash-back sera également consacré
au défunt journal El Manchar tandis que Kronikas nous permettra de
découvrir les œuvres d’artistes algériens, belges et cubains autour du
thème du patrimoine.
Par ailleurs, seront exposés les travaux de l’atelier algéro-italien
organisé en 2016 ainsi que l’ensemble des œuvres produites dans le cadre
des concours durant les dix ans du festival. Certains invités, fidèles
du Fibda seront de la partie, à l’instar de Jacques Ferrandez qui
présentera son adaptation en BD du livre de Camus «Le premier homme» et
animera une conférence autour du thème «Le roman soluble dans la BD».
La dessinatrice française Catel Muller et l’éditeur et romancier
José-Louis Bocquet traiteront de la manière dont le féminisme est abordé
dans la bande dessinée alors que Nicolas Grivel, considéré comme le
parrain de la BD française aux Etats-Unis, animera une conférence autour
du thème «Pourquoi la BD francophone est-elle aussi dynamique».
Des ateliers sont par ailleurs prévus sur les deux sites mais aussi au
niveau des écoles et des hôpitaux, en partenariat avec l’Association «Jeunesseplus».
Le jeune public bénéficiera également d’une bibliothèque numérique et
d’un programme de jeux éducatifs, grâce à un partenariat avec le Salon
du livre «jeunesse de Montreuil».
Les concours, sponsorisés par l’Union européenne et par une banque
privée française, concerneront les jeunes talents, les espoirs scolaires
et les auteurs de scénarios ; quant à TV5 Monde, en partenariat avec
l’Institut français d’Alger, elle décernera cette année un prix
financier et un séjour à Angoulême au meilleur dessinateur.
Côté Cosplay, qui fait partie des activités les plus attrayantes du
festival, le jury composé de Bénédicte Lalanne, Philippe Brocard et
Walid Mandi, aura à départager des dizaines de participants dont la
performance aura lieu à la salle des spectacles du Palais de la culture.
Cette 10e édition sera, en outre l’occasion d’une résidence artistique
avec le dessinateur et scénariste français Joël Alessandra et l’artiste
algérien l’Andalou qui réaliseront un carnet de croquis à quatre mains
pour célébrer les dix ans du Fibda.
Enfin, le volet cinéma comprendra deux projections : «Valerian et la
cité des mille planètes» de Luc Besson et «Macadam Popcorn» de Jean
Pierre Pozzi. La billetterie reste accessible avec des prix variant de
300 DA à 600 DA selon la formule (Jour, semaine et week-end) et l’âge
des visiteurs (les enfants de moins de quatre ans auront l’accès
gratuit).
Interrogés sur la dépendance financière du Fibda qui, au bout de dix
ans, reste tributaire d’un budget du ministère de la culture, les
organisateurs du festival rétorquent que l’autonomie a toujours été le
but recherché mais «c’est loin d’être évident puisque, pour l’instant,
les sponsors privés ne suivent pas ; au contraire, ils diminuent leur
dotation au fil des années» ; la question épineuse finit tout de même
sur une note d’humour de l’artiste Djaoudet Guessouma qui prédit le
recours à «la planche à BD» !
Sarah Haider
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