Actualités : STATISTIQUES ÉCONOMIQUES
Le gouvernement avoue son impuissance
Hier encore, au dernier jour de l’université du FCE,
un autre ministre, celui de l’Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, a
indiqué aux opérateurs économiques que le gouvernement ne dispose pas
d’informations économiques fiables qui lui permettent d’élaborer des
stratégies.
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Le ministre de l’Industrie et des
Mines, Youcef Yousfi a demandé hier aux opérateurs économiques présents
au panel qu’il a animé sur le climat des affaires dans le cadre à
l’université du Forum des chefs d’entreprises (FCE) de l’aider à avoir
des informations fiables sur la production industrielle nationale et des
indicateurs sur la consommation. Il a annoncé que son département compte
lancer une opération de quantification de cette production qui consiste
en la collecte d’informations via ses services déconcentrés, invitant
les producteurs à remplir les fiches qui leur seront distribués. «Ce
n’est pas pour vous espionner ou à communiquer ces informations à
l’administration fiscale mais, pour mettre une information économique
fiable à votre disposition», a-t-il avancé. C’était en réponse à la
question de savoir si le gouvernement entend faire quelque chose quant à
l’accès parcellaire à l’information qui pose énormément de difficultés
aux opérateurs économiques.
Mais, Yousfi n’est pas le premier à avouer cette ignorance du
gouvernement. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a ouvert le bal en
demandant aux opérateurs économiques d’aider le gouvernement à connaître
le marché local afin de pouvoir limiter les importations et protéger
l’industrie naissante. Une requête formulée ensuite par les ministres du
Commerce et ceux des Finances et de l’Agriculture. «Il n’y a que nos
amis des douanes qui nous donnent des statistiques sur les importations.
Et mis à part les quelques entreprises publiques, on ne connaît pas
vraiment le secteur privé», a regretté Youcef Yousfi. La remarque du
modérateur du panel Djamel Azzoug soulignant que le Centre national du
registre du commerce (CNRC) où les opérateurs économiques déposent leurs
comptes sociaux suivant une obligation légale, peut fournir ce genre
d’informations n’a pas secoué le ministre qui semble ne pas faire
confiance aux données structurées par ce démembrement de
l’administration du commerce. En tout cas, l’insistance des membres du
gouvernement démontre que l’économie hors hydrocarbures a complètement
basculé dans l’informel au point où les institutions de l’Etat ne savent
plus qu’elle est la part de marché des industriels locaux.
Il convient en tout cas de signaler que le ministre de l’Industrie et
des Mines a fait part de quelques projections de son département
concernant le ciment et l’acier dont l’Algérie, a-t-il annoncé, devrait,
à court terme, passer du statut d’importateur à celui d’exportateur. Il
a également évoqué l’exploitation du phosphate. Un minerai rare dans le
monde dont l’Algérie en dispose d’importantes réserves et qu’elle
pourrait produire dix fois plus que ce qu’elle en produit actuellement.
Cela nécessite la mobilisation d’importants moyens financiers – «6
milliards de dollars sans compter la logistique à mettre en place pour
le transporter», a-t-il précisé –. Et d’inviter les opérateurs privés à
s’intéresser à la pétrochimie puisque l’Etat ne compte pas en faire le
monopole des entreprises publiques. Pourvu, bien sûr, que ces
projections soient faites sur des données fiables…
L. H.
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