Actualités : CÉLÉBRATION DU PREMIER YENNAYER «OFFICIEL»
Plus qu’un Nouvel An, une nouvelle ère


Après de longues, très longues années d’un combat souvent réprimé avec une férocité que seuls ceux qui l’ont subie pourraient le mieux en parler, l’amazighité est donc en passe de se faire reconnaître dans toutes ses dimensions. Yennayer n’est certainement pas la commémoration du calendrier amazigh à laquelle tiennent le moins ces millions d’Algériens qui le célèbrent depuis des lustres.
Après la consécration de tamazight langue nationale, puis tamazight langue officielle — en attendant les actes concrets —, l’Algérie s’est donc «officiellement» appropriée Yennayer en le déclarant «chômé et payé». En fait, ils sont des millions à ne pas avoir attendu le 12 janvier 2018 pour en faire un moment solennel. Depuis des temps immémoriaux, Yennayer est en effet une halte qu’observent des populations entières d’Afrique du Nord et même au-delà pour reprendre, à partir des années 1980 surtout, après les événements du Printemps berbère, toute sa dimension non seulement en Kabylie mais dans plusieurs régions du pays également. Aujourd’hui et demain donc, les Algériens accueillent Yennayer, comme le faisaient leurs aïeuls, non pas comme pour célébrer un rituel tel qu’il en existe beaucoup dans le pays et en Afrique du Nord, mais pour donner corps à un héritage ancestral qui n’a pas attendu une quelconque reconnaissance officielle, même si celle-ci revêt une importance majeure pour la réconciliation de l’Algérien avec son identité. Pour beaucoup, ce premier Yennayer à caractère officiel sera dédié aux militants de la cause identitaire qui ont consacré leur vie pour la cause, dont nombreux, notamment parmi les plus illustres, ne sont plus de ce monde. Un combat de longue haleine mené par plusieurs générations d’hommes et de femmes de valeur qui, malgré l’adversité de tout un système, n’ont jamais baissé les bras pour exiger que l’on réconcilie l’Algérien avec lui-même, son identité intégrale. Du temps s’est écoulé, des mains sont encore tachées de sang, des larmes n’ont pas encore eu tout le temps nécessaire pour sécher, mais aujourd’hui que les grains semés ont fini par donner leurs fruits, il s’agira de consolider les acquis tout en se disant que le combat n’est pas encore arrivé à son terme, et l’adversité est toujours là, certes pas aussi étoffée dans ses rangs qu’il n’y a pas encore longtemps, pour continuer à rejeter l’identité algérienne dans son intégralité.
M. Azedine





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