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Pr Abdelkrim Chelghoum, président du Club des risques majeurs : «80% des barrages réalisés en Algérie sont totalement envasés»

«80% des barrages réalisés en Algérie sont totalement envasés», déplore le professeur Abdelkrim Chelghoum, directeur de recherche à l'Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediène (USTHB) et président du Club des risques majeurs.
Prévenir contre les risques majeurs naturels tels que la désertification, la sècheresse et la canicule doit être une priorité, selon le Pr Chelghoum car «les risques majeurs en Algérie constituent l’un des défis réels que les pouvoirs publics doivent relever» et «le manque de pluviométrie est un problème qui touche l’Algérie depuis une vingtaine d’années». Invité à la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, le professeur a ajouté «que le déficit pour l’Est algérien est estimé à 13%, pour le Centre, il est de 12% et surtout pour l’Ouest, il dépasse les 20%». La solution serait de savoir comment anticiper les effets de cette sécheresse par la gestion des eaux de surface et des eaux souterraines, rappelant par la même occasion les investissements colossaux ces 20 dernières années à travers la construction de barrages, de stations de dessalement et de stations d’épuration. 
Le Pr Chelghoum précisera que «la capacité des 50 barrages en exploitation, programmée et planifiée, est de 5 milliards de mètres cubes et là on n’a même pas quelques millions de m3». C’est à cause de cette situation, dit-il, que l’Algérie vit actuellement le stress hydrique. L’invité de la radio n’omettra pas de préciser que mis à part le barrage de Beni Haroun dans la wilaya de Mila, les autres sont à moins de 10%, notamment ceux de Taksebt (Tizi-Ouzou), Bouira et de Tipasa qui sont pratiquement à 0%. Selon l’expert, c’est bien de construire ces ouvrages, mais le problème de fond qui se pose est comment aménager à l’amont d’un barrage. «Là on s’aperçoit que dans la construction et la réalisation de ces ouvrages, il y a une absence totale d’étude et d'aménagement des berges et des bassins et sous-bassins versants», déplore-t-il. Et d’estimer que la construction des barrages a été faite sans étude technique appropriée ni surveillance périodique. Ainsi, la boue et les algues ont envahi la plupart de ces barrages, et avec la sécheresse, certains n’étaient remplis qu’à 5%. 
Le pays subit les conséquences du réchauffement climatique, la désertification et la sécheresse sont un phénomène prévisible et pour y faire face en Algérie, cette situation doit être gérée «intelligemment, sérieusement et rationnellement», estime le professeur qui insiste pour dire que les eaux souterraines doivent être gérées correctement, plutôt que de recourir au processus de dessalement car ce dernier coûte très cher. Avec le déficit de pluviométrie, il faut absolument réduire la consommation de l’eau potable, qui est très chère à produire, et ce, en multipliant les stations d’épuration et utiliser ensuite les eaux usées dans l’industrie et l’agriculture. 
Poursuivant ses explications, le président du Club des risques majeurs estime que la situation actuelle «nous oblige même à revoir certaines choses au niveau de l’urbanisation par exemple et prévoir probablement une seule canalisation au niveau d’une cuisine pour l’eau potable, puisque on n’a pas besoin d’eau potable dans la douche et les sanitaires». Selon l’expert, l’eau issue des précipitations ne profite pas aux barrages boueux, d’autant qu’une grande quantité de cette eau se déverse dans la mer.
Ilhem Tir 

 

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