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Frontières Algéro-Libyennes À quoi joue Haftar ?

Une situation peu anodine se déroule depuis quelques jours à la frontière algéro-libyenne. Les forces du maréchal Haftar auraient pris position dans un poste limitrophe avec l’Algérie et l’auraient déclaré zone militaire fermée à tout déplacement.
L’information a été dévoilée par plusieurs médias libyens parmi lesquels la télévision Libya Al Hadath qui est allée jusqu'à diffuser des images montrant des véhicules militaires relevant de la milice de Haftar, la 128e brigade, occuper le terrain en question.
Les mêmes sources affirment également qu’il a été décrété zone militaire et que toute activité ou déplacements y sont désormais interdits.
Le site Menadéfense, relayant les médias proches de Haftar, nous en apprend cependant plus et fait savoir que le poste frontalier occupé par les troupes de Haftar est celui de Issine et qu’il est situé près de la ville de Ghat qui fait face au poste frontalier algérien Tin-el-Koum, dans la wilaya de Djanet. Menadéfense, spécialisé dans les questions de défense, affirme également détenir l’information selon laquelle le mouvement des troupes a été ordonné le 12 juin dernier.
«Les éléments de la 128e brigade ont quitté Sebha pour s’enfoncer vers le sud-ouest vers la frontière algérienne», rapporte encore ce média.
Jusqu'à l’heure, aucune autorité libyenne n’a émis un quelconque avis sur les faits qui se déroulent dans cette zone. La même attitude est observée chez les porte-voix de Haftar. Pas de réaction également côté algérien. Mutisme total donc autour de cette affaire dont on ne sait pas plus que ce qui a été rapporté par la presse libyenne mais qui intervient, toutefois, dans un contexte national libyen assez particulier.
Après de lourds échecs dans le nord de son pays et son incapacité à s’emparer de Tripoli au nom de la guerre sans merci qu’il livre contre les groupes terroristes, les troupes de Haftar ont pris l’ordre de se diriger vers le Sud libyen pour y lancer une opération antiterroriste             d’envergure.
Autoproclamé commandant en chef de l’armée libyenne, le maréchal conduit une milice qui active de façon autonome, mais qui continue surtout de peser de tout son poids dans l’échiquier libyen en raison de l’appui que lui apportent plusieurs pays arabes et certains États occidentaux. Son action inattendue intervient également au moment où un renforcement notable des relations algéro-libyennes est enregistré.
L’Algérie a manifesté une volonté d’aller de l’avant dans ses relations avec ce pays en lui apportant également des aides concrètes parmi lesquelles on compte la décision de rouvrir le poste de Deb-Deb et l’alimentation du territoire libyen en électricité. Il y a cinq jours, une délégation algérienne, conduite par le responsable de Sonelgaz, s’est d’ailleurs déplacée à Tripoli pour discuter du sujet.
Le fait que Haftar décide de s’emparer d’un poste algéro-libyen ne peut que susciter des interrogations aujourd’hui. A quoi obéit sa logique ? Provocation ? Riposte à la démarche algérienne hostile aux milices agissant hors de la coupe du commandement militaire libyen? Dans une récente interview à la chaîne qatarie Al Jazeera, Abdelmadjid Tebboune n’a pas mâché ses mots en qualifiant les forces de Haftar de milices et en affirmant surtout qu’il avait donné des instructions pour empêcher que Tripoli tombe entre les mains de mercenaires.
Le fait que l’action de Haftar n’ait été accompagnée d’aucune déclaration pourrait toutefois être interprété comme étant probablement une « simple gesticulation », estime Akram Kharief, spécialiste en question défense.
Notre interlocuteur précise même que, selon des informations recueillies auprès d’habitants de la ville de Ghat, aucune présence des troupes de Haftar n’avait été signalée dimanche en mi-journée.
Haftar pourrait également avoir calculé son coup et détourner l’attention sur cet événement à la veille d’une échéance importante pour la Libye. Dans deux jours, le 23 juin prochain se tiendra la conférence de Berlin II sur la Libye, où il est question de se pencher sur le processus mis en place pour parvenir à stabilité du pays et bien sûr la préparation des élections législatives et présidentielle prévues avant la fin de l’année. La dernière carte qu’a donc trouvée Haftar pour faire échouer l’avancée du processus ?
Abla Chérif

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