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IL DÉNONCE UNE ÉPIDÉMIE DE «MAUVAISE GESTION, D’INCOMPÉTENCE ET D’IMPUNITÉ» Abdelouahab Bengounia, un épidémiologiste en colère

©Abdenour/ PPAGENCY
©Abdenour/ PPAGENCY

Le professeur Bengounia dénonce une épidémie de mauvaise gestion, d’incompétence et d’impunité. L’épidémie de choléra – maladie de la saleté — qui sévit dans plusieurs wilayas du pays, est la conséquence du sous-développement économique, social, culturel, sanitaire et même politique. Ce tableau est complété par le sous-développement dans la gestion laquelle mauvaise gestion s’adosse sur l’impunité.
L’invité du forum hebdomadaire du quotidien national Le Courrier d’Algérie, le professeur Abdelouahab Bengounia, chercheur en sciences médicales et chef de service épidémiologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Mustapha-Pacha (Alger), n’avait, en effet, pas assez de mots forts pour dénoncer cette situation honteuse pour le pays. Pour lui, les autorités cachent la vérité au peuple et communiquent mal pour le rassurer. A la question sur l’engagement du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH), le professeur Mokhtar Hasbellaoui, le professeur Bengounia réplique : «Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Il faut avoir le courage de dire la vérité au peuple et le rassurer. Par ailleurs, notre pays ne dispose pas d’institutions fortes et crédibles pour prendre en charge tout phénomène hostile aux populations.» Et d’enfoncer le clou : «Je ne m’attendais pas à ce que notre pays atteigne ce degré de déliquescence.»

La bactérie cholérique est hautement contagieuse
Le spécialiste en épidémiologie annonce que les sources de cette bactérie cholérique sont l’eau, la nutrition et l’environnement. Cette bactérie est hautement contagieuse et ses attaques sont fulgurantes. «Une seule bactérie se transforme en 12 heures en 69 000 autres bactéries.» Selon lui, cette épidémie pourrait être éradiquée mais elle pourrait aussi connaître une extension. Mais il écarte le risque d’une pandémie. A l’occasion, il déconseille aux proches des malades de leur rendre visite car la contagion est très facile. Pour lui, la faute est incombe entièrement aux services de l’Etat qui n’imposent pas des règles en matière de respect de l’hygiène. «Voyez la capitale du pays qui croule sous les ordures», s’est-il exclamé. Sa colère et son indignation sont telles qu’il ne pouvait ne pas revenir sur la gestion de la santé de la population du pays livrée, d’après lui, à la mauvaise gestion, au carriérisme, à l’impunité, à l’enrichissement illicite et aux réformes aléatoires. «Nous avons eu 23 ministres, aucun d’eux ne nous a dit si la médecine algérienne est curative ou préventive.» Il déplore, par ailleurs, l’absence d’un institut de veille de la santé. «Une telle institution aurait pu jouer un rôle important dans la détection de cette épidémie.»
En clair, le professeur estime que la prévention en Algérie est juste un slogan. «C’est parce qu’on a confié la santé aux incompétents alors que 1 000 professeurs sont marginalisés. Ceux qui ne savent pas communiquer sont aux commandes et ceux qui savent communiquer sont marginalisés», dira-t-il amèrement. Dans le même sillage, le professeur Bengounia dénonce le silence coupable des élites algériennes qui voient tout mais qui se taisent pour ne pas perdre leurs privilèges matériels.
Abachi L.

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