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SITUATION DES MIGRANTS Alger assène ses vérités

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

Sommée de cesser immédiatement l'expulsion des migrants subsahariens par le rapporteur spécial de l'ONU chargé des droits de l'Homme, l'Algérie s'est sentie une nouvelle fois piquée au vif, voire agressée et a réagi en conséquence. Des vérités amères, que le pays avait sans doute tues par pudeur mais aussi par compassion à l'égard de la terrible condition de ses migrants, ont été assénées tout au long de ces derniers jours.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les vérités les plus terribles ont été portées à la connaissance de l'opinion interne et internationale par le responsable du dossier de la migration clandestine auprès du ministère de l'Intérieur. Les propos, tenus lors d'un entretien accordé au site électronique TSA, ont d'ailleurs été très vite repris par plusieurs agences internationales très intéressées par le sujet. Hassen Kacimi accuse d'abord le rapporteur des Nations-Unies d'avoir agi dans un but malhonnête et «comme un mercenaire travaillant pour le compte de parties connues et non pas pour les droits de l'Homme». Puis, tout comme l'avait fait le ministère des Affaires étrangères mercredi, il déclaré infondées les informations consignées dans son rapport puisque ces dernières ont été puisées auprès des réseaux de trafics de migrants. «Ces derniers, dit-il, n'ont pas intérêt à ce que ces reconductions aient lieu du moment qu'ils sont les premiers à en tirer profit». Ce rapport, faut-il le préciser, fait suite à un voyage entrepris par Gonzales Morales (le rapporteur onusien) au Niger, le pays où se déroulent la majorité des reconductions des migrants. Hassen Kacimi révèle ensuite que le nombre de réseaux de migrants basés à Agadez, au Niger, ont à leur tête 7 000 trafiquants chargés de conduire les populations déplacées vers l'Algérie et la Libye. Il ajoute que ces groupes sont en possession de 14 000 véhicules. «99% des 35 000 migrants reconduits ont été recrutés par des réseaux de mendicité», ditil encore avant de faire savoir que «l'Algérie enregistre l'entrée quotidienne de 400 migrants à partir des frontières sud». Selon lui, certains d'entre eux constituent un danger pour l'ordre public et un grand nombre d'entre eux est porteur de maladies graves et contagieuses comme le sida et la tuberculose qui marque un retour en Algérie». La question de l'immigration est une «carte de pression» pour l'ouverture de «centres de rétention» pour les sans papiers et pour s'ingérer dans les affaires des Etats». Mercredi, l'agence officielle APS, publiait quand à elle une dépêche dans laquelle elle annonçait le rejet par le gouvernement algérien des accusations portées par le rapporteur onusien. Le ministère des Affaires étrangères s'est, lui aussi, élevé contre le rapport de Gonzales Morales tout en affirmant que les opérations de reconductions allaient se poursuivre. Les deux communiqués ne sont cependant pas allés aussi loin en détails que l'a été le représentant du ministère de l'Intérieur. Régulièrement critiquée pour sa gestion du dossier de la migration clandestine, l'Algérie s'est jusque-là toujours abstenue de communiquer sur le sujet comme cela a été fait jeudi. Tenir l'opinion informée et divulguer les informations détenues au sujet des réseaux de trafiquants n'aurait-il pas, en effet, permis d'éviter les grosses cabales menées par des agences étrangères, lesquelles accusaient l'Algérie d'avoir abandonné des centaines de Subsahariens dans le désert ? De la manière de communiquer dépend souvent l'évolution des dossiers a fortiori lorsqu'ils sont sensibles. Alger l'a compris, mais tardivement. Des journalistes ont été invités à couvrir les opérations de rapatriements et les images retransmises à des heures de grande audience. Mais les nouvelles attaques prouvent qu'il en faudra plus...
A. C.

 

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