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Confusion politique dans le pays Ammar Saâdani s’en mêle

La scène nationale continue à assister à de grands déballages, chacun y allant dans le sens qui lui convient ou peut lui convenir, en ces moments incertains. Dans le lot, Ammar Saâdani, ancien secrétaire général du FLN, a lui aussi voulu faire fort tout en tentant de maintenir un maximum de cohésion et de fidélité avec les positions qui ont été toujours les siennes.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Dans une interview accordée au journal en ligne TSA, ce dernier développe un argumentaire basé sur une série d’éléments se voulant à la fois être des révélations et un recadrage, une sorte de mise au point aux voix qui s’élèvent pour vilipender Abdelaziz Bouteflika et exiger sa sortie par la petite porte.
Saâdani s’adresse d’abord à tous les «soutiens et l’entourage du président de la République» qualifiés de personnes «ingrates alors qu’elles ont été à l’origine de la situation actuelle». Il en dresse la liste : «les hauts responsables qui étaient chefs de gouvernement qui géraient les affaires du pays et qui dépensaient le budget de l’État, les gouvernements, les zaouïas qui ont eu des acquis, des locaux, de l’argent, des passeports… les imams, les ministres, les directeurs, les ambassadeurs et tous ceux qui étaient couverts par le burnous du Président…» puis accuse : «Ce sont les gouvernements qui distribuaient de l’argent, pas le Président.» l ne met pas de temps à se faire plus précis : «Le Premier ministre a été également directeur de cabinet (à la présidence de la République). Tout passait par lui. Aujourd’hui qu’il n’est plus là (Ahmed Ouyahia), avez-vous vu des décisions émaner de la présidence de la République ?»
Ammar Saâdani va plus loin : «Toutes les décisions qui ont suscité les doutes des citoyens sortaient sur ordre de l’État profond et de son représentant à la présidence de la République.» Ce qu’il appelle «Etat profond» revient à de nombreuses reprises dans cette interview. Il le présente comme le symbole même du mal qui ronge le pays depuis son indépendance, mais ne l’identifie pas, ne cite aucun nom. A qui faisait-il référence ? Le général Médiène, ancien patron du DRS ? Avant d’être démis de ses fonctions, l’ancien secrétaire général du FLN l’avait longtemps pris pour cible l’accusant de vouloir déstabiliser le régime mis en place par Bouteflika pour se venger de sa «destitution».
Au cours de l’année 2016, il l’avait accusé, entre autres, d’être à l’origine des évènements qui avaient secoué Ghardaïa, mais aussi d’être l’instigateur de la lettre rédigée du groupe des 19 (personnalités et moudjahidine) ayant demandé à rencontrer le président de la République et exigé le départ de Saâdani de la tête du FLN. Aujourd’hui, il va plus loin : «La seule lettre (de Bouteflika) dont je ne doute pas est celle du 11 mars 2019 où il annonçait qu’il ne s’est pas présenté pour un cinquième mandat et qu’il n’avait pas l’intention de se porter candidat. Sa candidature est venue de l’État profond (…) pour qu’il continue à gérer le pays (…) il faut demander le départ de l’État profond. C’est lui qui a commis des boucheries, était à l’origine d’actes arbitraires à l’égard des citoyens, mis en prison des personnes…» Il l’accuse aussi d’avoir «infiltré» le mouvement citoyen, «ce sont des personnes agitées par l’État profond qui cherchent à cibler des institutions de la République dans le but de se recycler (…) Ils ont tellement fait de choses depuis 1992 (arrêt du processus électoral)». Il poursuit : «Si ce groupe contrôle l’état-major, il n’y aura pas d’État démocratique, pas d’État civil, pas de justice indépendante. Nous allons revenir à 1992. Cela ne va ni dans l’intérêt des islamistes ni des démocrates. L’état-major ne doit pas être pris des mains des nationalistes.»

Ouyahia «l’infiltré»
Ouyahia est lui aussi présenté comme un homme infiltré, agissant pour le compte de cet «Etat profond» : «C’est Ouyahia, dit-il, qui a écrit les lettres (du Président) avec son secrétaire. C’est lui qui se charge de l’envoi du parapheur et de son retour. Il décide comme il l’entend, nomme, met fin aux fonctions, fait la promotion. Ce n’est donc pas le Président qui est responsable.» A la question de savoir où étaient à ce moment les conseillers du Président, il répond : «Je ne parle pas des conseillers ou des personnes, mais des institutions. Le directeur de cabinet de la présidence est le premier responsable de tout ce qui se passe dans cette institution. Il veille sur toutes les procédures administratives et les décisions du Président. Il possède même le cachet de la Présidence.»
Saâdani base son intervention sur des informations qui se veulent aussi être des révélations. Trois éléments essentiels sont particulièrement à retenir. Premièrement le rejet, dit-il, d’un processus mis en place pour aboutir à l’indépendance de la justice en passant par la création d’un Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ne devant pas être présidé par le chef de l’État mais par «un magistrat élu par ses pairs. «Ces propositions, poursuit-il, ont été jetées dans les tiroirs par Ahmed Ouyahia pour qu’il continue de gérer les affaires de l’État comme il l’entend». Deuxièmement, la non-implication de Kamel El Bouchi et du fils Tebboune dans l’affaire de la cocaïne «montée de toutes pièces contre l’institution militaire, selon lui, puisqu’elle a été préparée à l’étranger avec des complicités internes».
Au passage, il nous apprend que les officiers incriminés ont été déclarés innocents au terme de l’enquête menée. On apprend en troisième lieu que trois noms ont été potentiellement reconnus pour figurer parmi la liste des candidats que le FLN peut présenter à la prochaine présidentielle : Abdelaziz Belkhadem, Abdelmadjid Tebboune et Mouloud Hamrouche.
Un autre élément retient enfin l’attention. Ammar Saâdani affirme : «Quand le Président a déclaré qu’il ne s’est pas porté candidat à l’élection, cela veut dire qu’il termine son mandat actuel pour partir après. Laissez-le donc terminer ce mois et partir après. Le rêve du Président est d’inaugurer la Grande Mosquée (d’Alger), y rester ne serait-ce qu’un instant.»
Seule partie à avoir été épargnée par Saâdani : l’état-major conduit par Gaïd Salah qui a su «éviter le piège du coup d’Etat».
A. C.

Mouloud Hamrouche réagit aux déclarations de Saâdani

Fausses échéances, vrais enjeux
Des déclarations d’acteurs politiques, de sites d’information, de réseaux sociaux et des articles de journaux parlent et affichent, de temps en temps, des noms de plausibles candidatures à de probables échéances électorales ou instances transitoires. Je souhaite porter à la connaissance de l’opinion publique, aux animateurs de ces réseaux sociaux et aux rédactions de ces sites d’information que je ne suis nullement candidat. Je ne serai pas candidat à d’éventuelles instances de transition ni à de futures élections quelles que soient leurs natures, leurs échéances et leurs conditions. Je m’exprimerai chaque fois que j’estimerai que mon point de vue peut éclairer l’opinion ou alerter mes concitoyens. Dont acte.
Alger le 25/03/2019
Mouloud Hamrouche

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