Dès 11 heures, la place de la Grande-Poste grouillait de monde. Ce sont les APC de la wilaya de Béjaïa, des architectes, vétérinaires et patriotes de quelques wilayas qui étaient là. Pratiquement la totalité des communes de Béjaïa se sont donné rendez-vous à Alger.
Selon nos informations, les APC de la capitale ont fait défection. Seuls quelques travailleurs des communes de Bab El-Oued et de Bologhine ont répondu à l’appel de la Snapap. Renseignements pris sur place, l’ensemble des présidents des APC d’Alger ont menacé leur personnel de représailles dans le cas où ils rejoignent le mouvement de protestation.
La foule était considérable hier, sur la place de la Grande-Poste, et en face, les services anti-émeute se limitaient à veiller à l’ordre afin de faciliter la circulation automobile sans que le moindre incident mérite d’être signalé. Les slogans scandés par la foule sont identiques à ceux choisis par les manifestants de tous les vendredis précédents. « Pouvoir dégage », « la force du peuple est la faiblesse du pouvoir maffieux », « le pouvoir au peuple », pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles. A deux pas, et contrairement à l’appel syndical des APC, les architectes et les vétérinaires en provenance de plusieurs wilayas qui se sont donné rendez-vous via Facebook tenaient leur sit-in.
Si pour les premiers, l’heure est au changement du système qui gère la corporation depuis des années, les vétérinaires, eux, qui se disent partenaires de 12 institutions de l’Etat, promettent d’établir une plate-forme sur laquelle seront consignées les revendications urgentes.
A ce sujet, Belkacem Ramdane, vétérinaire de la wilaya de Bouira, prône un nouvel ordre non soumis aux pressions du ministère de l’Agriculture ainsi que le droit de regard de la corporation sur toutes les opérations d’import, car dit-il, «notre mission ne se limite pas à la santé animale mais à la sécurité alimentaire», un créneau longtemps ignoré, selon lui. C’est justement là que se situe la revendication urgente de création d’un ordre national des vétérinaires qui est répétée par les représentants des wilayas présentes au nombre de six. «Ceci garantirait la levée du monopole des décisions du ministère de l’Agriculture sur la profession», renchérit, Taïl Abdelhalim, un autre vétérinaire venu de Chlef.
Dans le camp des architectes, on estime que le fait de gérer l’argent public rend l’urbaniste responsable envers l’Etat. Aussi, on estime que les pouvoirs publics ont beaucoup trop négligé les compétences nationales au point où «le génie algérien n’a pas été associé aux grands projets du pays depuis l’indépendance». Pour le restant de la foule, d’hier lundi, sur la place de Grande-Poste, l’on note la présence des Patriotes de la décennie noire arrivés de plusieurs wilayas se disant concernés par ce vaste mouvement de revendications populaires auquel ils assistent chaque vendredi, mais particulièrement hier, aux côtés des APC, ils sont venus pour brandir la revendication à laquelle ils y tiennent depuis toujours, et à laquelle les pouvoirs publics «font la sourde oreille» depuis plusieurs années, à savoir l’officialisation d’une Organisation nationale qui regrouperait tous ceux qui ont lutté contre le terrorisme durant la décennie noire.
Abdelhalim Benyellès
