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Ouyahia et Sellal au procès Haddad : «C’est Bouteflika qui décidait de tout»

Les anciens ministres poursuivis dans l’affaire Haddad continuent à faire assumer l’entière responsabilité des faits qui leur sont reprochés à Abdelaziz Bouteflika, leur rôle, disent-ils, étant limité à l’application de projets et décisions avalisés par le Parlement et le Conseil des ministres.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Ahmed Ouyahia a cependant tenu à lancer un message lourd de sens à l’adresse de l’ancien chef de l’État. En l’évoquant, ce dernier s’emploie en effet à rectifier son image en employant une formule bien connue des Algériens pour dire tout le bien qu’ils pensent de la personne concernée. «Allah yedakrou bel kheir», déclare-t-il, comme pour tenter de rectifier les lectures ayant découlé des propos tenus au premier jour du procès. Bizarrement, leur teneur ne diffère en rien de ceux tenus hier.
Ahmed Ouyahia était le dernier arrivé dans la salle d’audience, et son entrée s’est faite à pas lents. La veille, il se trouvait à l’enterrement de son frère avocat, mais il fait savoir au juge qu’il est en mesure de répondre aux questions qui lui seront posées. Son audition dure plus de deux heures. Elle porte essentiellement sur les projets accordés à Haddad. Le juge lui rappelle d’abord qu’il est poursuivi pour octroi d’avantages indus et qu’on lui reproche d’avoir utilisé sa fonction pour octroyer des marchés publics. Ses réponses ne se font pas attendre : «Tous les projets, toutes les décisions étaient pris lors du Conseil des ministres présidé par Abdelaziz Bouteflika. En tant que Premier ministre, je ne faisais qu’appliquer les décisions prises.» Ouyahia est ensuite tenu de répondre à une question relative au projet du métro. «Il a été octroyé, dit-il, au partenaire qui présentait les meilleures offres et expériences.»
Le magistrat se tourne à ce moment vers Haddad et lui demande les raisons du retard pris dans la réalisation de ce projet qui a coûté 2 200 milliards de centimes. Haddad : «Nous étions partenaires à hauteur de 5%, Alstom était la première responsable. Quant à nous, nous étions uniquement chargés de creuser.» Le juge : «Le projet a été évalué à 2 200 milliards de centimes, mais 3 200 milliards de centimes ont été dépensés.»
Nouvelle question, à Ouyahia cette fois. Elle concerne l’autoroute Est-Ouest et l’ex-Premier ministre est tenu de fournir les raisons pour lesquelles il est intervenu pour annuler une décision d’attribution du projet ferroviaire à une société chinoise à travers une lettre adressée au ministère des Finances et celui des Travaux publics au profit de l’ETRHB de Haddad. Réponse : «Il y avait des problèmes avec cette société. J’ai écrit à Amar Tou et Karim Djoudi pour leur demander de geler la décision concernant les Chinois, je n’ai avantagé aucune entreprise. Avec les Chinois, il aurait fallu des conversions car le prix était de 485 millions d’euros. On accuse Ouyahia mais ce sont des décisions prises par le gouvernement.» La cour alterne les questions entre Haddad et l’ancien Premier ministre. Haddad est interrogé au sujet des projets de la cimenterie de Djelfa, du projet d’aménagement de l’entrée de l’aéroport d’Alger, du tronçon routier Boudouaou-Zeralda, celui de Lakhdaria-Bouira, du projet du stade de Tizi Ouzou, «pour lequel vous avez eu une rallonge de 19 milliards de DA», un projet de barrage à Béchar pour un montant de 950 milliards de centimes. Les réponses sont davantage d’ordre technique.

«Toutes les décisions sont approuvées par le Conseil des ministres»
Pour Bouira-Zeralda, c’est Ouyahia qui répond : «En 2009, Abdelaziz Bouteflika, que Dieu le rappelle à nos bons souvenirs, a mis sur pied une commission chargée du suivi et de l’évaluation des projets en question. Les réunions se tenaient au cabinet de la présidence en présence de plusieurs ministres, dont celui des Transports et celui des Finances. Elles étaient présidées par Abdelaziz Bouteflika.» «Pourquoi le choix de Haddad», demande le juge. Ouyahia : «Je ne peux pas répondre, cela ne relevait pas de mes prérogatives.» Haddad est également interrogé au sujet de son hôtel à Barcelone. Le juge lui demande de quelle manière il l’avait acquis : «Il a coûté 54 millions d’euros, je n’ai pas sorti un sou d’Algérie. Un ami m’a aidé à obtenir des crédits bancaires en Espagne. Ils m’ont été octroyés par tranches, l’hôtel a travaillé de 2011 à 2017, date à laquelle nous avons été confrontés à des problèmes, il fallait rembourser les dettes et en 2019, il restait 12 millions d’euros à rendre à la banque et 5 millions à la personne qui nous avait aidés à obtenir les crédits en question.»
Le juge : «Avez-vous déclaré aux impôts algériens l’achat de cet hôtel en Espagne ?» Haddad : «Je ne savais pas que je devais le faire, mais j’ai informé les enquêteurs de l’existence de cet hôtel.»
La cour appelle les frères Hadadd, mais leur audition se limite à quelques questions. Les concernés nient tous les faits qui leur sont reprochés et affirment n’avoir aucune connaissance des affaires qui se traitaient. Haddad Amar, Mohamed, Meziane, Sofiane étaient actionnaires à hauteur de 16% dans les entreprises de leur frère qui ont démarré elles-mêmes d’un bien appartenant à leur père.
L’audition de Abdelmalek Sellal se déroule en début d’après-midi : «J’appliquais le programme politique de Abdelaziz Bouteflika et ce dernier passait par le Parlement. Le chef du gouvernement n’est pas l’auteur de ces projets, je n’ai aucun lien avec ces projets, comme vient de le rappeler Ouyahia, il y avait 20 000 projets de réalisation à travers le pays, et c’est à cette époque que le Président est tombé malade. Je me suis retrouvé au premier plan, j’étais chargé du suivi de la situation politique, jusqu’à mon départ et je ne pouvais pas suivre l’évolution de ces projets.»
Sellal est ensuite interrogé au sujet de la cimenterie de Relizane. Le juge lui demande pourquoi le choix s’est porté sur Haddad, associé à des Chinois et pas la société nationale GICA. Première réponse : « On ne pouvait pas obliger GICA à entrer dans ce projet.»
Le juge : «Le responsable de GICA affirme cependant qu’il avait des crédits qui lui permettaient de prendre le projet.»
Sellal : «Non, GICA fuyait deux projets, Aïn Salah et Relizane malgré l’insistance des autorités.»
Le juge à Haddad: «Pourquoi le projet de cette cimenterie n’a jamais démarré, alors que vous l’avez depuis 2014 et vous avez obtenu 2100 milliards du CPA et 83 hectares?»
Haddad : «60% étaient destinés aux préparatifs, et GICA a eu un bon terrain à Seybouse et moi une montagne à Relizane.»
L’après-midi tire à sa fin. Les auditions ont été intenses. Le juge décide de lever la séance pour une heure et demie. La soirée s’annonçait longue à Sidi-M’hamed.
A. C.

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