Placeholder

Rubrique Actualités

Guerre sanitaire contre le Covid-19 Cette armée, les bénévoles !

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

La crise sanitaire de coronavirus s’est révélée comme le déclic déclenchant le savoir-faire des Algériens. Alors que certains se sont investis dans la préparation et la distribution de repas au personnel soignant, d’autres ont carrément innové dans la fabrication de tunnels de désinfection mis à la disposition des services Covid-19 d’établissements hospitaliers.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Lancée le 2 avril dernier, l’opération de préparation et de distribution de repas au personnel soignant connaît, depuis, un franc succès. Plus de 500 repas sont distribués quotidiennement aux malades, personnel soignant, techniciens de surface et agents de sécurité des services Covid-19 du CHU Beni-Messous et de l’hôpital Salim-Zemirli à Alger.
L’initiative, qui émane de quelques amis, regroupe aujourd’hui une équipe de 24 bénévoles. «C’est mon ami Nabil, chef cuisinier et restaurateur de profession, qui m’avait contacté et proposé l’idée. Seulement, sa cuisine ne suffisait pas et il nous fallait beaucoup de moyens. Après quelques démarches, j’ai pu trouver un premier local de restauration doté d’une grande cuisine», raconte Yacine Benharrats, coordinateur principal de l’initiative «Mobilisation derrière les soignants action
Covid-19».
Et c’est ainsi que l’aventure a démarré avec cinq personnes, trois voitures et 40 000 DA. «Ce jour-là, nous avons réussi à faire 140 repas à midi et 140 autres le soir», se souvient-il fièrement. Aiguillés par leur amie, une diététicienne installée à l’étranger, les initiateurs de cette action se sont fixé l’objectif de proposer des plats équilibrés. «Nos repas sont un moment de plaisir que nous offrons aux malades et au personnel soignant», dit-il.
D’ailleurs, poursuit-il, «nous avons pu offrir, pendant tout le mois d’avril, des jus nature, de fraises, de pêches et d’oranges préparés dans la journée par un donateur. Malheureusement, celui-ci a été sommé de fermer son commerce».
Transférée dans une cuisine de catering à Semmar (Gué-de-Constantine), l’équipe de «Mobilisation derrière les soignants action Covid-19» s’est vite adaptée au rythme du mois de Ramadhan. Chaque jour, 110 repas sont distribués à midi aux malades et entre 350 et 390 repas livrés pour la rupture du jeûne. Elle a également assuré le repas du f’tour aux démunis et personnes nécessiteuses, notamment avec la détresse sociale accentuée depuis l’avènement du Covid-19 et l’instauration du confinement.
«Nous nous sommes retournés vers les démunis, notamment ceux actuellement en chômage, et les SDF. La plupart d’entre eux étaient des habitués du restaurant où nous sommes domiciliés, converti en restaurant de Rahma à chaque mois de Ramadhan. Nous sommes ainsi passés d’une trentaine de personnes à 170 personnes servies quotidiennement durant tout le mois de jeûne», note Yacine Benharrats. Autre aide apportée : la distribution de couffins durant le mois de Ramadhan. Même la fête de l’Aïd n’a pas été un répit pour ces bénévoles. «Nous avons aussi livré des repas durant les deux jours de l’Aïd et nous comptons poursuivre notre action jusqu’à la levée du confinement», assure-t-il.
Sur les réseaux sociaux, notamment sur son compte Facebook «Mobilisation derrière les soignants action Covid-19» et celui d’Instagram, l’opération de préparation de ces repas est illustrée dans toutes ses étapes : réception des denrées alimentaires, désinfection des achats, préparation des repas, mise en emballage et livraison aux hôpitaux. «C’est aussi un outil de sensibilisation et d’orientation des donateurs vers nos besoins les plus essentiels», dit-il. Dressant un bilan provisoire, il assure que plus de
25 000 repas ont été distribués depuis le 2 avril dernier. «Nous arrivons à préparer entre 500 et 600 repas par jour, selon la demande des hôpitaux que nous livrons», souligne-t-il.

Les autorisations de circulation, une entrave !
Dans le processus de préparation des repas destinés aux malades et personnel soignant, les bénévoles font face au problème des autorisations de circulation. Le coordinateur principal de l’initiative «Mobilisation derrière les soignants action Covid-19» précise que les autorisations délivrées par les hôpitaux ne sont pas reconnues par les services de sécurité. Seules celles délivrées par le wali délégué sont acceptées. «C’est grâce à un chef d’une entreprise qui nous a pris sous son aile en tant que groupe bénévole que nous avons pu nous faire délivrer des autorisations de circulation», dit-il.
De son côté, Mohamed, propriétaire d’un établissement de restauration rapide et bénévole, affirme que le même problème a encore resurgi durant les deux jours de l’Aïd. «Nous avons eu un grand problème durant l’Aïd pour la circulation des véhicules. Les réactions diffèrent d'un barrage à un autre. Alors que certains se contentent de vérifier les autorisations, d’autres sont catégoriques : pas de circulation même avec une autorisation. Ça nous a rendu dingues», explique-t-il. Selon lui, il a fallu des ordres de mission délivrés pas les établissements hospitaliers pour accompagner leurs autorisations de circulation.
Par ailleurs, utilisés pour servir les repas, les plats, boîtes et couverts de table jetables se font rares depuis la fermeture des magasins spécialisés, imposée par le confinement sanitaire. Mohamed évoque justement la problématique des emballages nécessaires pour la livraison des repas aux hôpitaux. «Non seulement cet emballage est difficile à trouver en ces temps de confinement, mais en plus, c’est ce qui nous coûte le plus cher. À lui seul, il revient à 14 000 DA par jour», assure ce trentenaire.

Des tunnels de désinfection pour les hôpitaux
Créée en 2017, l’Organisation de l’unité algérienne pour la sécurité et la paix civile (OUASPC) a fini pas avoir son agrément en mars dernier. Une aubaine pour ses responsables pour marquer le coup en cette crise sanitaire. À peine installés, les bureaux de wilaya de l’organisation ont entamé une série d’actions. «Près de 120 masques N95 destinés au personnel médical des blocs opératoires ont été distribués, fin mars dernier, aux établissements hospitaliers à Alger et à Jijel», assure le président du bureau de wilaya d’Alger, Mourad Tadja. Intervient après, l’installation de deux tunnels de désinfection. Le premier a été mis en place au service diabétologie au CHU Mustapha-Pacha, et le second à l’hôpital de la Sûreté nationale (les Glycines), à Alger. Une action similaire a touché récemment l’hôpital d’Adrar.
Fabriqué localement par un membre de l’organisation, ce matériel de stérilisation est apparemment très sollicité puisque deux autres tunnels de désinfection, affirme Mourad Tadja, sont en cours de réalisation.
«Au départ, le premier tunnel nous est revenu relativement cher puisque qu’il a coûté 48 000 DA. Avec la maîtrise de la construction de ce matériel, son coût varie aujourd’hui entre
38 000 et 40 000 DA», précise-t-il.
Toujours dans son élan de solidarité, l’organisation a offert 300 draps au CHU Mustapha-Pacha. «La distribution de près de 1 000 draps est prévue ces jours-ci. Nous allons cibler les services surchargés de patients, mais aussi répondre aux besoins des structures hospitalières», dit-il. Ne dérogeant pas à la règle, l’OUASPC a tenu à apporter sa touche durant le mois de Ramadhan en assurant la distribution d’environ 350 couffins à Alger, Boumerdès et Tipasa. Une opération qui, assure le président du bureau d’Alger, «va se poursuivre tant que le confinement est maintenu».
Ry. N.

 

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder