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Affaire du financement du 5e mandat Chaudes confrontations à la cour d'Alger

Le procès dans le dossier de montage automobile et de financement de la campagne électorale pour le cinquième mandat a repris, hier mercredi, à la cour d'Alger, avec l'audition des derniers accusés, dont Ali Haddad, Hassan Arbaoui et Farès Sellal. Les auditions sont émaillées de chaudes confrontations entre les accusés.
Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le procès a repris avec l'audition de Farès Sellal, par visioconférence, qui a rejeté les charges à son encontre, expliquant qu'il avait acheté des actions dans une société de Mazouz pour 900 millions de centimes et sorti avec des dividendes de 11 milliards de centimes. Interrogé sur la contradiction avec ses propos devant le juge d'instruction, où il a indiqué qu'il est venu à la société en raison de son expérience et compétences, et qu'il n'a investi aucune somme d'argent, l'accusé a évoqué « un malentendu » lors de l'instruction.
La juge appelle par la suite Hassan Arbaoui, par visioconférence à partir de la prison de Chlef, à la barre. Ce dernier a bénéficié de décisions techniques pour la construction d'une usine de montage automobile à Batna où une assiette foncière de 100 000 mètres carrés lui a été accordée. Une convention d'investissement a été signée dans ce sens. « Le foncier dont vous avez bénéficié appartenait à une entreprise publique », observe la juge. « J'en ai bénéficié dans le cadre de l'investissement. J'ai constitué un dossier et on me l'a accordé », a-t-il expliqué, rappelant que le coût du projet était de 18,258 milliards de dinars. La juge l'interroge ensuite sur ses relations avec l'ancien ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, qui lui avait octroyé trois agréments pour l'importation de véhicules en l'espace d'une année. « J'ai commencé l'importation des voitures en 2010 avec le groupe Global Motors. Les rumeurs sur mes liens avec Bouchouareb ont cassé mon projet », a-t-il lancé, accusant Ouyahia d'avoir bloqué son dossier. L'accusé hausse le ton et parle avec colère. La juge le rappelle à l'ordre et lui demande de baisser le ton et de répondre calmement. Arbaoui poursuit alors, et dit qu'il n'avait bénéficié d'aucun traitement de faveur au ministère. La présidente appelle Ouyahia, toujours par visioconférence, pour le confronter aux déclarations de Arbaoui. Elle lui demande s'il y avait des liens et donc conflit d'intérêts entre l'accusé et Bouchouareb. « Lorsque M. Yousfi a envoyé le dossier du groupe 5+5, Glovis (l'entreprise de Arbaoui) n'était pas dans la liste. Elle est incluse dans la liste supplémentaire des 40. Je n'ai reçu aucun rapport sécuritaire sur le lien entre Bouchouareb et Arbaoui. Il y avait des rumeurs et j'ai demandé à Yousfi de mener une enquête au sein du ministère », a déclaré Ouyahia, précisant que lorsque Yousfi lui a envoyé la liste des 40 qui inclut Glovis, il l'a signée. La juge appelle Youcef Yousfi et l'interroge sur le même sujet.
« Je n'ai pas la prérogative de déclencher une enquête sécuritaire. C’est vrai qu’on parlait de liens entre les deux hommes et j’ai demandé des informations au sein du ministère », a indiqué Yousfi. Arbaoui Hassan est interrogé également sur les décisions techniques, au nombre de 14, pour six modèles de voitures, signées en sa faveur par Youcef Yousfi et Bedda Mahdjoub, et sur les avantages dont a bénéficié sa société. Il précise qu’il a eu ces décisions techniques sur la base du décret 2074 et non sur la base du cahier des charges laissé par Bouchouareb. Selon l’accusé, il n’y avait pas de réserves sur ses dossiers, ajoutant que toutes les conditions ont été respectées par Glovis et Global Motors. « J’ai acheté un bateau de transport des conteneurs à 10 millions de dollars en prévision de l’exportation, et les Coréens se sont engagés à transférer la technologie et développer une véritable industrie en Algérie », a-t-il ajouté.
Concernant le financement de la campagne pour le cinquième mandat de Bouteflika, Hassan Arbaoui a nié avoir donné la somme de 20 milliards de centimes, ni avoir donné des véhicules à la direction de la campagne.

Ali Haddad : « Je n’ai donné aucun dinar à la direction de campagne »
Viendra par la suite l’audition d’Ali Haddad, ancien président du FCE, par visioconférence à partir de la prison de Babar à Khenchela, à propos du financement de la campagne électorale de Bouteflika en 2019. D’emblée, Ali Haddad a rejeté les accusations à son encontre, nié avoir reçu l’argent de la part des hommes d’affaires qui y ont contribué, affirmant qu’il ne les connaît pas. Ali Haddad a ajouté qu’il ne connaissait pas Saïd Bouteflika en dehors de la relation de travail entre eux, soulignant qu’il n’a jamais déjeuné, dîné ou voyagé avec lui pour le connaître.
Cela ne l’a pas dissuadé d’affirmer qu’il a travaillé sous ses ordres lors de la préparation de la campagne électorale. « Comment êtes-vous arrivé à la tête du FCE ? » lui demande la juge. L’accusé commence à répondre en français avant que la juge ne l’interrompe pour lui demander de s’exprimer en arabe. « Oui, il faut parler en arabe », répond-il en suscitant des rires dans la salle. « Ou en tamazight, si vous voulez », ajoute-t-il. « Comme vous voulez mais je préfère en arabe », tranche la présidente qui lui demande comment un homme d’affaires, président du FCE, se retrouve dans l’enceinte politique à préparer la campagne électorale et à collecter de l’argent.
« Comment un forum économique s’est transformé en bureau de collecte de milliards ? » Ali Haddad : « Ce ne sont que des paroles.» « Les preuves sont là », clame la juge en évoquant les chèques remis et les sommes en espèces. « Je n’ai donné aucun dinar à la campagne. Je ne connais aucune des personnes qui ont donné l’argent », a-t-il répondu.
La juge le relance : « Lors de l’instruction, vous avez évoqué un appel du frère du Président, Saïd, qui vous a demandé de collecter l’argent pour la campagne .» « Non Mme la présidente, j’avais dit que Saïd Bouteflika m’a appelé pour lui proposer un comptable et non pas la collecte de l’argent », indique Ali Haddad.
La juge : « Pourquoi alors vous avez reçu Ahmed Mazouz dans votre bureau et vous a remis un chèque de 39 milliards de centimes ? .» « Je n’ai jamais connu Ahmed Mazouz », répond Haddad. « Et Baïri ? » relance la juge. « Il était vice-président du FCE », dira Haddad. « Baïri dit que Mazouz vous a donné 39 milliards », réplique la juge. « Je ne connaissais pas Mazouz. Il était venu par hasard au siège du FCE », répondra encore l’accusé. « Je vous conseille de donner des réponses logiques », lance la juge. « Il était venu dans le cadre de l’investissement et il m’a dit qu’il voulait faire du bien et aider la campagne. Il m’a donné une enveloppe fermée me demandant de la déposer à la permanence électorale, en m’expliquant qu’il ne pouvait pas aller à la permanence pour des raisons personnelles », se défendra Haddad. « Et vous, avez-vous donné de l’argent ? Mazouz a dit que vous avez donné 180 milliards », interroge la juge, lui rappelant que Mazouz a donné 39 milliards, Arbaoui 20, Benhamadi 5, Metidji 10 milliards et Bellat 1 milliard. Ali Haddad insiste qu’il n’a donné aucun dinar. Il affirme aussi qu’il a recruté son gendre au sein de l’équipe de campagne sur demande de Saïd Bouteflika qui a exigé, selon ses dires, une personne de confiance. « Pourquoi c’est à vous que Saïd Bouteflika a demandé ces choses et non à une autre personne ? » insistera la juge.
« Je n’ai jamais déjeuné, dîné ou voyagé avec Saïd Bouteflika pour le connaître. C’est une relation de travail que j’avais avec lui », répond Haddad. « Laquelle ? » le relance la juge. « Le FCE ne pouvait rien faire sans l’accord de la présidence ou du Premier ministère », explique Haddad.
« Nous sommes devant une campagne politique. Qu’y faisait un homme d’affaires ? » Haddad dira que « Bouteflika est un candidat indépendant. Je n’ai aucune relation avec les partis politiques, ni avec le FFS, ni avec le RCD, ni avec le PT, moi qui suis né à Tizi-Ouzou où tout le monde fait de la politique. »

Sellal : « Même le comptable a été désigné par Saïd Bouteflika »
La juge l’interroge sur le transfert de 19,5 milliards de centimes en quatre étapes de la permanence électorale au siège de son entreprise à Dar-el-Beïda. La aussi, l’accusé évoque une demande de Saïd Bouteflika pour « des raisons de sécurité ».
« Où est passé cet argent ? » interroge la juge. Ali Haddad répond qu’une partie a été récupérée par lui en guise de loyer des sièges de ses entreprises à la direction de campagne et une autre saisie par la police judiciaire.
« Et les 75 milliards cités dans le rapport d’expertise ? » relance la juge. « Je ne les ai pas gérés », répond l’accusé. « La loi électorale autorise-t-elle ces pratiques ? » lui demande encore la présidente. « Je n’ai aucun lien avec la campagne et je ne sais pas ce que dit la loi. » La juge lui rappelle que la loi interdit la chkara, et appelle en même temps Abdelmalek Sellal à la barre, en sa qualité de directeur de campagne.
Elle lui demande si tout cet argent était versé dans les deux comptes créés spécialement pour la direction de campagne. Sellal répond que le volet financier n’était pas de son ressort, et qu’il s’occupait du volet politique. « Même le comptable, il a été désigné par le frère du Président », a-t-il argué, ajoutant qu’il a remis les deux comptes bancaires au défunt Hamou Chaïb aussitôt ouverts.
Sellal ajoute qu’il n’était pas au courant du transfert de l’argent, précisant qu’il avait quitté la direction de campagne. « Je le confirme de manière officielle », insiste l’ancien Premier ministre.
« De manière officielle, non, je ne le pense pas », réplique la juge. « Pardon, dans ma tête je suis toujours dans mon moyen-âge (lorsqu’il occupait des fonctions officielles) », s’excuse-t-il. La juge appelle également le successeur de Sellal à la tête de la direction de campagne, Abdelghani Zaâlane, par visioconférence à partir de la prison de Koléa (Tipasa). « Je n’ai aucune idée sur cet argent.
Le Président m’a désigné pour remplacer Sellal. Ma mission était liée à la politique et à l’organisation. Elle a pris fin une semaine après, suite au retrait du Président. Je n’ai aucune relation avec le volet financier », a-t-il expliqué, ajoutant qu’il n’a aucune information sur les 6,5 milliards de centimes disparus chez Ali Haddad.
Ahmed Mazouz, qui a déclaré la veille avoir été informé par Baïri qu’Ali Haddad avait donné 180 milliards à la campagne, a été également confronté à ce dernier. Mazouz précise que c’est Baïri qui l’a informé et non Ali Haddad en personne, ajoutant que « je ne connais pas Ali Haddad ».
À une question du procureur général sur le mouvement de ces sommes importantes déposées au siège de sa société, l’ancien président du FCE a répondu que sa société, l’ETRHB, avait un chiffre d’affaires de 80 milliards de dinars, et que les sommes évoquées durant le procès sont « ordinaires ».
K. A.

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