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ALGER Des manifestants qui viennent de partout

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

Les marches des vendredis dans la capitale ne sont pas réservées uniquement aux Algérois. Depuis le début de ce mouvement de protestation le 22 février dernier, plusieurs manifestants venus d’autres wilayas ne ratent aucun vendredi pour marcher à Alger. Pour eux, c’est le lieu «officiel» pour mieux faire entendre leur voix appelant au départ du pouvoir en place dans son intégralité.

La voix des Aurès
En plein milieu du jardin Khemisti qui fait face à la Grande-Poste à Alger-Centre, un groupe de manifestants brandissent leurs pancartes : «We want law to be used not abused» (Nous voulons que la loi soit respectée pas bafouée) ; «Pour la liberté, pour les magistrats et les journalistes», et autres slogans contre le pouvoir en place. Salim, Rabah et Hichem font partie du groupe et profitent ainsi d’une longue séance photos.
Les trois amis arrivent tout droit de Batna. Ayant recours au stop, Salim, 49 ans, et Hichem, 28 ans, ont pu voyager de Batna jusqu’à Aïn Azel dans la wilaya de Setif avant d’emprunter un autocar jusqu’à la gare routière de Caroubier à Alger.
Salim est à sa première marche du vendredi dans la capitale. «Nous sommes venus de Batna jusqu’à Alger pour transmettre notre message à cette mafia qui sévit au pouvoir. Nous voulons lui dire que nous ne voulons plus de ce système pourri», précise cet artiste-peintre. Son ami Rabah, superviseur dans une entreprise privée, lui, est à sa seconde manif à Alger. Devoir professionnel oblige, il n’a pu participer aux marches des vendredis dans la capitale que le 8 mars dernier. «J’ai le cœur gros et c’est à Alger que notre voix sera mieux entendue», dit-il.

Une nuit à la gare routière de Caroubier
Ouvrier de profession, Alilou habite à Jijel mais préfère manifester à Alger, tous les vendredis. La veille à 21 h, Alilou prend place dans un bus en partance pour la capitale. Arrivé vers 1h du matin à la gare routière de Caroubier, le jeune Jijelien est contraint de passer la nuit sur place. «Je suis resté à la gare routière jusqu’au lever du soleil avant de rejoindre le centre de la capitale.»
Pour lui, le choix de manifester à Alger n’est pas fortuit. «C’est ici que nous serons mieux entendus», dit-il.

Pas de couverture médiatique à Tiaret
Marcher le vendredi dans la capitale est devenue un rituel pour Omar. Habitant à Tiaret, cet étudiant en droit prend part aux manifestations à Alger, depuis celle du 1er mars dernier. «Je viens marcher tous les vendredis à Alger et ce, depuis la deuxième marche. Ici, c’est le centre du pays», dit-il avant d’ajouter : «A Tiaret, il n’y a même pas de couverture médiatique pour faire passer notre message et faire entendre notre voix.»
Pourtant, ce déplacement hebdomadaire n’est pas sans difficultés ni sans dépenses. «J’ai pris un taxi hier jeudi, vers 11 h pour arriver à Alger, vers 16h. J’ai passé la nuit à Boumerdès chez un ami, avec un groupe d’amis venus d’autres wilayas que j’ai connus sur Facebook depuis le début de ce mouvement de protestation», détaille-t-il.
Toutefois, Omar a tenu à noter le bon accueil du peuple algérien à travers tout le territoire national. «A Alger, on vous donne à boire, à manger, et on vous héberge même. Tout le monde contribue avec ce qu’il peut. C’est une manière comme une autre pour contribuer à ce mouvement de protestation», dit-il.

Marcher à Alger, tous les vendredis
Au jardin Khemisti, Azouz et ses deux amis apportent les dernières retouches à leurs banderoles avant le début de la marche du vendredi 29 mars. Venus tous les trois d’Oum-el-Bouaghi, ils affirment n’avoir raté aucune manifestation des vendredis dans la capitale. «Nous avons participé à toutes les marches de vendredi à Alger, depuis la toute première le 22 février dernier», assure Azouz.
Pour ce faire, ce commerçant de 28 ans et ses deux amis démarrent tous les jeudis d’Oum-el-Bouaghi vers 8h du matin pour arriver vers 16h à Boumerdès où un ami les héberge. Tôt le lendemain, ils reprennent la route pour atteindre Alger et prendre ainsi part à la marche.

De Tizi Ouzou, contre la mafia
Drapé de l’emblème amazigh, Mohamed brandit sur la rue Didouche-Mourad à Alger-Centre une pancarte appelant au départ du système en place. Autour de lui, quelques amis. «Nous sommes tous venus du village d’Aït Ergane dans la daïra des Ouadhias à Tizi Ouzou», dit-il.
Organisés en cortège, Mohamed et une dizaine de personnes de son village prennent chaque vendredi matin la route d’Alger. Une fois leurs véhicules garés dans un parking, ils se dirigent vers la Grande-Poste pour attendre le coup d’envoi «officiel» de la manif prévu à 14h.
«Nous sommes à notre 6e marche à Alger et nous sommes déterminés à revenir tous les vendredis jusqu’à ce que tout ce pouvoir dégage, jusqu’à ce que l’Algérie retrouve une nouvelle fois son indépendance», dit-il.
Et à son ami de renchérir : «C’est ici à Alger que se trouvent toutes les têtes de la mafia qui nous gouvernent.»

«Hello Algiers, goodbye London !»
Nadia vit en Angleterre. En vacances en Algérie pour deux semaines, elle a dû prolonger son séjour qui a maintenant atteint quatre semaines. «Je suis très accrochée et je ne peux rater ce moment crucial pour l’Algérie», explique-t-elle.
Pour elle, ce mouvement de protestation est «historique». «C’est un sentiment de liberté. Le peuple est en train de renaître. Au départ, il y avait, certes, cette hantise de ce qui s’est passé dans les pays arabes et du Moyen-Orient mais aujourd’hui, nous pouvons être un exemple pour d’autres pays même pour les pays occidentaux», dit-elle fièrement.
Selon elle, même la femme est en train de reconquérir tous les espaces publics et de retrouver sa place dans l’identité nationale.
Rym Nasri

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