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OUYAHIA ET LOUKAL CONVOQUÉS PAR LA JUSTICE Des politiques face aux juges

L’ENTV a rectifié le tir hier en apportant des précisions importantes à la nouvelle qui avait fait fureur samedi soir : Ahmed Ouyahia et Mohamed Loukal ont, en fait, reçu leur convocation par la justice ce lundi et non pas avant comme l’ont interprété les citoyens.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L’ENTV a tenu également à lever une grosse zone d’ombre, en indiquant que l’ancien Premier ministre et l’actuel ministre des Finances devaient être écoutés en qualité de témoins. Une grosse polémique avait, en effet, fait suite à cette annonce puisque des spécialistes et même des acteurs de la scène politique sont intervenus tout au long de la journée de dimanche pour rappeler que les hauts responsables ne pouvaient être entendus que par de hauts magistrats tels que ceux de la Cour suprême. Il en est tout autre lorsque ces derniers sont appelés en qualité de témoins. La raison pour laquelle les deux hommes ont été convoqués demeure la même : dilapidation de biens publics et octroi d’avantages illégaux. Aucune information n’était en revanche encore disponible hier au sujet de l’affaire, s’il y en a une, que devra traiter la justice. Aurait-elle un lien avec les enquêtes déclenchées autour des hommes d’affaires proches des Bouteflika ? Une question parmi toutes les interrogations qui se posent aujourd’hui. Car beaucoup n’ont pas trouvé réponse également à celle de savoir si la justice avait agi sur plainte ou si elle s’était, au contraire, autosaisie pour répondre aux attentes du mouvement populaire qui a très fortement ciblé Ouyahia durant les manifestations du vendredi. Une certitude, l’information rapportée par la chaîne de télévision nationale n’est pas basée sur un communiqué émanant du parquet de Sidi M’hamed, ni d’aucune autre instance judiciaire, auquel cas il serait parvenu aux autres médias parmi lesquels les radios nationales qui se sont contentées de reprendre l’ENTV. Beaucoup se sont d’ailleurs interrogés samedi sur les raisons ayant poussé les auteurs de «l’opération» à opter pour «l’Unique» au moment où l’opinion est en attente d’éclairages en provenance des instances judiciaires.
L’essentiel demeure cependant ailleurs. En dépit de l’effet médiatique et psychologique engendré par l’annonce de la convocation d’Ahmed Ouyahia par la justice, une autre question demeurait posée tout au long de la journée de dimanche : opération mains propres, règlements de comptes, ou tentative d’apaiser les esprits en jetant en pâture l’homme le plus impopulaire d’Algérie ?
Mardi 16 avril, dans une nouvelle intervention, le chef d’état-major, annonçait en effet l’ouverture prochaine de gros dossiers liés à la corruption et dilapidation de biens publics par la justice. Le message est clair. L’opinion l’interprète immédiatement : Gaïd Salah veut élargir les enquêtes en cours. Jusque-là, elles concernent officiellement douze hommes d’affaires considérés comme étant le cœur même de l’oligarchie née des privilèges octroyés par la famille Bouteflika. La liste des personnes ciblées serait, cependant, beaucoup plus longue à en croire des indiscrétions sciemment divulguées par des sources bien informées. Et le fait n’a pas tardé à se vérifier avec les convocations d’Ouyahia et Oukal.
L’effet de cette annonce a un impact immédiat sur les Algériens. Ces derniers se focalisent particulièrement et naturellement sur Ouyahia. Les premiers citoyens avaient afflué dès les premières heures de la matinée vers le tribunal de Si M’hamed. Vers 12h, une foule immense s’était regroupée. Certains portaient des pots de yaourt en référence à la fameuse phrase prononcée quelques années plus tôt (en 2015) sur les restrictions auxquelles devaient s’attendre les Algériens. Elle scandait «justice». L’image avait impressionné. La rue ne «juge» pas seulement le premier responsable politique convoqué depuis le déclenchement de la révolte le 22 février dernier. Elle juge Ahmed Ouyahia, l’homme le plus impopulaire du pays. Et ce n’est pas un hasard si des victimes de la terrible opération mains propres sont aujourd’hui aux premiers rangs des manifestants. L’un d’eux a passé quarante-quatre mois dans la prison d’El-Harrach avant d’être innocenté. Il fait partie de la longue liste des cadres algériens à avoir été jeté en prison dans les années 90 et y avoir passé de longues années avant d’être reconnus innocents. Des centaines de carrières ont été brisées, des foyers détruits et pour beaucoup plongés dans la misère…
Des témoins, des rescapés ont tenu à être présents par conséquent. Mais tous savent que le nom de Ahmed Ouyahia reste aussi intimement lié à l’histoire» des ponctions sur le salaire des travailleurs, opérées en février 1996. Et tous se souviennent aussi de la réponse qu’il a apportée à ce sujet : «J’ai eu l’audace de le faire parce que la mesure s’imposait.» Les mesures impopulaires ne s’arrêtent pas : elles se comptent à n’en plus finir : planche à billets, interdiction d’importer des produits, privatisation des entreprises publiques par cession ou ouverture du capital, mais Ouyahia résiste. Il résiste à toutes les critiques de la population, fait la sourde oreille aux expressions de haine des Algériens, ne répond pas aux attaques des responsables qui officient pourtant dans les mêmes cercles, et apparaît avec des sourires même lorsqu’il est désavoué, voire humilié par la présidence qui annule des mesures trop osées. Ouyahia fait l’unanimité contre lui.
En 2017, l’homme que l’on disait proche des services est sanctionné par un communiqué qui le présente comme une «menace pour la sécurité et la stabilité du pays».
Devrait-on s’étonner de la joie éprouvée par les Algériens en apprenant que son tour d’être traduit en justice était arrivé ? Au même moment, des parties très actives au sein du mouvement populaire se sont exprimées pour appeler à davantage de prudence mais aussi exprimer des doutes sur cette affaire. «La lutte contre la corruption ne peut se faire que s'il y a justice indépendante, la justice indépendante ne peut exister que dans un État de droit», déclarait RAJ dans un communiqué.
De son côté, Louisa Hanoune a invité la justice à ne pas «répondre aux maîtres du moment (…) car cette dernière a besoin de sérénité absolue et d’une totale liberté pour que les magistrats puissent agir selon la loi et leur conscience».
A. C.
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