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Chômage en Algérie Des proportions qui font peur

Les chiffres de l’emploi en Algérie, avant qu’ils prennent un caractère «officiel» depuis cette semaine, étaient déjà donnés pour atteindre des proportions dramatiques. Vers la fin de l’année qui vient de s’écouler, il était fait état de plus de 1,5 million d’emplois menacés par la double crise économique et sanitaire qui happe le pays. Selon d’autres sources, il s’agissait plutôt de
2 millions d’emplois au bas mot. Quoi qu’il en soit, l’emploi traverse une grave crise qu’illustre parfaitement le cours de l’activité pris par certains secteurs, tels le bâtiment, le transport et le petit commerce.
Le constat est tout récent, il est établi par la Banque mondiale. En 2020, bien que les données sur les pertes économiques du secteur privé ne soient pas disponibles, plusieurs enquêtes révèlent néanmoins que les entreprises privées ont vu leurs activités gravement affectées par la pandémie de Covid-19 avec des répercussions notables sur le marché de l’emploi. Les secteurs les plus touchés par la pandémie ont été les transports, le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, l’artisanat, l’énergie et le commerce de détail et de gros. En outre, les petites et moyennes entreprises et les travailleurs indépendants et occasionnels ont le plus souffert de l’arrêt des activités.
L’Agence nationale de l’emploi (Anem) fait également état d’une baisse de l’offre de main-d’œuvre, relate également la Banque mondiale. En cours de semaine, est venu finalement l’éclairage du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, lors d'une séance de travail avec les sénateurs devant lesquels il confiait : « Le taux de chômage en Algérie connaît une augmentation sans précédent, avec une forte diminution des offres d'emploi depuis les trois dernières années.»
Un état de fait qui n’a pas attendu la sortie du ministre pour qu’il soit établi tant, dès les trois premiers mois après que la pandémie s’est propagée à l’Algérie, il était loisible de constater les dégâts occasionnés sur l’emploi, dans la lignée des bilans établis par des institutions internationales, dont l’onusienne Organisation internationale du travail (OIT) qui s’apprête d’ailleurs à publier, ce prochain lundi, un
7e rapport sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur le travail et les entreprises dans le monde.
L’OIT, donc, établissait, rien que pour le second trimestre 2020, la perte de 195 millions d’emplois à plein temps dans le monde, soit 6,7% du temps travaillé dans le monde. «Les employés comme les entreprises sont face à une catastrophe », jugeait Guy Ryder, le directeur général de l’OIT qui établissait que dans la région Mena, à laquelle est rattachée l’Algérie, les pertes d’emplois à plein temps étaient estimées à 5 millions. Jusqu’à la fin du second trimestre 2020, l’agence onusienne envisageait jusqu’à 38% de la population active mondiale, soit 1,25 milliard de personnes, menacées de perdre leur emploi dans un des secteurs d’activité touchés directement par la pandémie. Un employé sur quatre dans le monde travaille dans l’industrie de transformation, de l’hôtellerie, de la restauration et dans le commerce. Ce dernier, à lui seul, emploie près d’un demi-milliard de personnes, 482 millions plus précisément. Dans un premier temps, l’OIT estimait une perte de 25 millions d’emplois sur l’année 2020, à l’arrivée il s’est avéré que la réalité était pire, le chiffre étant largement dépassé, reconnaît l’organisation qui, à l’occasion, se disait inquiète du sort des travailleurs de l’informel les plus vulnérables, essentiellement par manque de protection sociale, comme il s’est vérifié en Algérie.
Pour se rendre compte de l’ampleur du désastre chez nous, il suffit de voir les chiffres d’un seul
secteur : le bâtiment et les travaux publics. Un secteur qui, soit dit en passant, n’a pas attendu la crise sanitaire pour broyer du noir.
La statistique la plus récente fait état de plus de 4 000 entreprises, selon une des organisations patronales, ayant mis la clé sous la porte jusqu’à la fin de l’année dernière à cause, principalement, de la pandémie et de son impact sur la commande publique notamment.
La pression budgétaire à laquelle sont soumis les pouvoirs publics a donné lieu à des restrictions drastiques dont celles énoncées à travers une correspondance de la Direction générale du budget, du ministère des Finances, datée du mois de novembre dernier. Un courrier à travers lequel était ordonné le gel «dans l’immédiat» des crédits budgétaires alloués aux projets relevant des programmes et projets centralisés (PSC) et aux programmes et projets sectoriels déconcentrés (PSD) ainsi que ceux relatifs aux études et aux protestations de services n’ayant pas encore fait l’objet d’un ordre de service (ODS). Autrement dit, des centaines de projets grâce auxquels vivotent des centaines, voire des milliers de petites et moyennes entreprises des métiers du bâtiment, du maçon au manœuvre en passant par l’électricien et le plombier ou le menuisier. Des dizaines de milliers de postes de travail qui, en fait, sont la raison d’être de l’Agence nationale de l’emploi (Anem).
Si l’on doit se fier à un rapport de l’ONU, tout récent, traitant de l’impact socioéconomique du coronavirus sur l’Algérie, le taux de chômage, en attendant les statistiques officielles de l’ONS, devrait marquer une hausse de plus de 3,5%, passant de 11,4% à 15%. Un taux «sans précédent», comme le qualifiait le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, El Hachemi Djaâboub, lors de son audition au Sénat, mardi dernier.
L’énoncé des chiffres par le ministre traduit dans une grande mesure la crise de l’emploi qui sévit en Algérie. Ainsi, de 437 000 en 2019, ce qui n’est pas extraordinaire en soi, les offres d’emploi sont retombées en 2020 à 306 000. Les emplois créés durant l’année 2020 ont été en diminution de 31% par rapport à l’année précédente et l’essentiel des offres satisfaites l’ont été grâce aux entreprises activant dans le bâtiment et les travaux publics, malgré la crise, l’hydraulique, l’industrie et les services. Quant aux placements sur le marché de l’emploi en 2020, ils ont chuté à 230 621 postes contre 335 311 en 2019, soit un recul de près de 31% donc. C’est dire combien est désastreuse la conjugaison des effets des restes de la crise économique d’avant pandémie et de la propagation du Covid-19 sur la situation socioéconomique du pays.
Azedine Maktour
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