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Plaidoyer du procureur de Sidi-M’hamed en faveur des manifestants Diversion ou réel engagement pour l’indépendance de la justice ?

A la surprise générale, le procureur du tribunal de Sidi-M’hamed, réputé pour ses sévères réquisitoires contre les détenus du mouvement populaire, a demandé d’appliquer la loi et d’acquitter les manifestants qui ont été présentés, avant-hier, devant le juge. Manœuvre, diversion, rébellion ou expression d’un engagement en faveur de l’indépendance de la justice ?
Karim Aimeur- Alger (Le Soir) - Un événement exceptionnel s’est passé avant-hier au tribunal de Sidi-M’hamed à Alger. Le procureur, réputé pour ses sévères réquisitoires contre les détenus du mouvement populaire, a demandé l’acquittement des manifestants qui ont été présentés devant le juge. Devant l’étonnement d’une assistance déconcertée, il a défendu les manifestants, affichant son adhésion aux slogans du Hirak en faveur de l’indépendance de la justice.
L’acte du procureur a été différemment interprété. Est-ce un message adressé au ministère de la Justice suite à la note envoyée en fin de la dernière semaine par l’Inspection générale aux procureurs généraux et présidents de cours leur demandant de dénoncer les jugements sans fondements légaux ? Une note dénoncée par les magistrats avant d’être retirée par la tutelle. Le procureur a demandé l’application de la loi et l’acquittement des manifestants , ce qui laisse supposer que tous les détenus du Hirak ont été incarcérés arbitrairement et sans fondements légaux. Un message, on ne peut plus clair, à l’égard de la tutelle. Mais comment les juristes et militants interprètent ce geste ? Fetta Sadat est avocate qui a défendu la cause de plusieurs détenus du mouvement. «Visiblement, le procureur veut s’affranchir une bonne fois pour toutes des contraintes et entraves imposées aux magistrats et qui les empêchent d'accomplir leurs missions dans la stricte application de la loi. Le procureur de la République a sollicité la relaxe et parfois la simple application de la loi. C'est un aveu que les poursuites sont injustifiées et dénuées de tout fondement légal», a-t-elle estimé.En insistant (le procureur) sur la nécessité de construire l'Algérie de demain et de s'affranchir des ordres et instructions, Me Sadat se demande s’il y a une réelle stratégie pour affirmer son indépendance et redorer le blason de la justice. Le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, parle, lui, d’une «première» dans les annales de la justice, espérant qu’il s’agit d’un «sursaut de dignité» et non d’autre chose. Il souligne qu’un malaise profond secoue l'institution judiciaire, « la plus grande victime du pouvoir», qui est aujourd'hui au centre de plusieurs critiques.
Pour Kaci Tansaout, porte-parole du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), le geste du procureur du tribunal de Sidi-M’hamed peut bien être une «diversion». Rappelant que le procureur qui a défendu les manifestants est le même qui a requis de lourdes peines contre d’autres, M. Tansaout y voit en tout cas «un aveu» que le procureur a servi dans le passé comme un levier du pouvoir.
«Le peuple algérien se bat depuis le 22 février 2019 pour l'indépendance de la justice, et justement cette indépendance doit venir du verdict rendu par le juge au nom du peuple. Le plaidoyer du procureur, dimanche 9 février, est peut-être historique d'un seul point de vue : «C’est un aveu dangereux d'une justice aux ordres et dont il est personnellement complice.»
Pour preuve, le porte-parole du CNLD évoque les lourds réquisitoires d’autres procureurs dans différents tribunaux, dont un autre procureur de Sidi-M’hamed qui a demandé, hier, une année de prison ferme à l’encontre de trois détenus du mouvement populaire.
«Les jours à venir vont nous renseigner sur beaucoup de choses, surtout si le procureur Ahmed Belhadi sera convoqué par l'inspection du ministère de la Justice pour s'expliquer devant sa tutelle à propos de ses déclarations, et qui sont venues justement au lendemain de la fameuse note envoyée aux juges et annulée dans la soirée après de nombreuses critiques qui ont visé le département de la justice», ajoute notre interlocuteur.
K. A.

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