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La Banque d’Algérie sans gouverneur Gare aux conséquences

Un autre cas où la Constitution bloque, se révèle dépassée alors que la situation ne prête pas à un quelconque laisser-aller. Du fait de la nomination de Mohamed Loukal dans le gouvernement Bedoui, la Banque d’Algérie se retrouve sans gouverneur, et si l’on doit se fier à la Constitution ce sera ainsi jusque après la potentielle élection d’un président de la République jouissant de tous ses droits constitutionnels.
Déjà que le climat économique ne baigne pas dans une confiance qui permet de voir venir dans la plus grande sérénité, voilà donc depuis deux semaines la banque des banques sans maître à bord, Mohamed Loukal étant depuis deux semaines maintenant en charge du ministère des Finances.
Les mauvais esprits, mais pas aussi mauvais que cela en réalité, mettront sur le compte des conséquences collatérales le fait enregistré, pas plus tard qu’il y a deux jours, avec l’annonce faite par le département ministériel que dirige désormais M. Loukal sur la mise en place d’un comité de veille et de suivi, chargé de l’évolution des transferts en devises vers l’étranger afin de renforcer la vigilance en matière de transactions financières avec le reste du monde. Une décision qui, de façon implicite, remet en cause l’autorité de la Banque d’Algérie, une autorité remise en cause dans son fonctionnement évidemment, sans que soit mise en doute l’intégrité morale des personnes chargées de cette mission auparavant au sein de la Banque d’Algérie.
Mais, le fait est là, il renseigne amplement sur la conjoncture imposée à la banque des banques depuis le début du mouvement populaire, lorsque des voix parmi les spécialistes et même les profanes en questions financières se sont mises à s’élever pour exiger qu’on mette en sécurité des réserves de change du pays par crainte que des pontes parmi l’entourage de l’ex-président de la République se mettent à faire fuir leurs capitaux plus ou moins bien acquis en procédant à des transferts. C’est une passe imposée à la Banque d’Algérie qui a de quoi faire subir un sérieux impact, entre autres, à l’activité d’opérateurs économiques dont bon nombre, en temps normal déjà, n’ont jamais cessé de dénoncer les lourdeurs bureaucratiques dans la conduite de leurs transactions avec l’étranger lorsque arrivaient les formalités bancaires. Alors, avec la mise en place d’un comité tel celui dont il a été décidé la mise sur pied, comme l’annonce le ministère des Finances, la célérité qu’exigent depuis des années les hommes d’affaires algériens dans leurs opérations de commerce extérieur n’est sans doute pas acquise, du moins pas dans l’immédiat.
En fait, c’est presque tout le système monétaire est financier du pays qui pourrait se retrouver grippé par la défection d’un gouverneur de la Banque d’Algérie, également tête à penser du Conseil de la monnaie et du crédit. Surtout en cette conjoncture marquée, comme depuis la fin 2017, par le recours au financement non conventionnel, l’usage de la planche à billets qui nécessite une veille de tous les instants afin de présider à la mise en place de «correctifs» tel que ce fut le cas il y a à peine quelques semaines lorsque la Banque d’Algérie a imposé aux établissements financiers du pays le relèvement du taux des réserves obligatoires à 12% depuis le 15 février dernier dans le but de diminuer le fort accroissement de l’excès de liquidités.
La vacance du poste de gouverneur de la Banque d’Algérie en ces temps politiquement éminemment incertains est un luxe que le pays ne peut se permettre, mais il se l’offre malgré tout en raison de la Constitution qui veut que le président de la République soit le seul habilité à nommer ou relever le gouverneur de la BA, comme pour d’autres postes de haute responsabilité.
Azedine Maktour

 

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