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Jeudi de vote et d’appréhension dans la capitale

Photo : Samir Sid
Photo : Samir Sid

Alger ne peine pas à se lever en ce 12 décembre 2019. Les Algérois semblent avoir même hâte de se mettre debout, sortir dans les rues, voir, constater, vivre cette journée, tournant décisif des évènements qui ont éclaté un certain 22 février de la même année pour mettre fin à vingt ans de règne des Bouteflika.
Il n’est donc pas encore neuf heures lorsque de petits groupes de personnes commencent à se former dans plusieurs quartiers de la capitale. Il y a là surtout des anciens, des hommes d’un certain âge pris dans des conversations de haute importance. Elles portent sur leurs appréhensions, leurs craintes de voir des débordements survenir durant le scrutin, des potentiels vainqueurs, de la situation qui prévaut dans les autres régions du pays, de celle qui prévalait quelques heures auparavant, la veille, à Alger. Une frénésie sans pareille régnait alors dans ces moments. Description du tableau général : d’importants renforts de police prenant place au niveau de tous les axes stratégiques de la ville, des manifestants anti-élections regroupés à Alger-Centre jusqu’en début de soirée, d’autres citoyens vaquant à leurs occupations quotidiennes mais préférant rentrer tôt chez eux pour suivre les évènements sur les réseaux sociaux et les télévisions. De cette frénésie, il n’en restait cependant plus rien au lendemain. Le jeudi 12 décembre démarre dans un calme total. A l’est d’Alger, Bab Ezzouar, les Bananiers et même plus loin, le scrutin se déroule dans des conditions normales. La présence policière n’est pas aussi renforcée qu’ailleurs. Il y a des votants, pas nombreux, mais il y en a.
L’un d’eux accomplit rapidement ce qu’il considère comme un devoir pour pouvoir retourner à son magasin. Il explique sa vision de la situation : «Je suis apolitique, je suis sorti de nombreuses fois le vendredi pour manifester avec les autres citoyens, mais je suis de ceux qui pensent qu’il faut quand même un président à ce pays, on ne peut pas rester indéfiniment comme ça.» Il fait partie des huit votants s’étant présentés durant la même tranche de temps (entre huit heures et 12h30) au principal centre de vote des Bananiers.
Beaucoup plus loin, dans le quartier Jolie-Vue, la situation semble beaucoup plus tendue. Selon des témoins rencontrés sur place, la police a dû intervenir par deux fois lorsque des jeunes ont tenté d’empêcher deux femmes d’entrer dans un bureau de vote. Des arrestations ont été opérées. «Ils leur disaient que voter allait aggraver la situation du pays, qu’elles étaient des vendues, certains ont tenté de les filmer avec leur téléphone», raconte un autre jeune qui dit bien connaître ces deux dames, «des voisines, dit-il, qui n’ont jamais raté un rendez-vous électoral». Interrogé à son tour, ce même jeune répond : «Moi je ne me suis jamais inscrit, voter ou pas ne changera rien à ma situation.»
A El-Biar, la situation est beaucoup plus calme. Ici, la présence policière est importante, surtout aux alentours des centres où se déroule le scrutin. La plupart des magasins sont ouverts. Les gens circulent normalement. Non loin de la place Kennedy, des groupes de personnes, regroupées autour de deux écoles primaires transformées en centres de vote, observent avec curiosité la situation. «Il n’y a pas foule, mais des gens sont quand même venus voter, il y a même eu des jeunes.» L’un de ces votants explique : «Il faut bien un président à ce pays.» L’argument utilisé est le même chez toutes les personnes interrogées. Le vide au sommet de l’Etat, l’incertitude, et l’éventuelle complication des évènements en cours sont également avancés comme raison ayant poussé des citoyens à voter. Il est bientôt 15h. Les opposants au scrutin sont rassemblés au centre-ville où la situation est extrêmement tendue depuis le milieu de matinée. Ici, des centaines de citoyens scandent des slogans réclamant le départ du système sous l’œil vigilant des policiers qui chargent de temps à autre les manifestants. Ces opposants au scrutin se sont donné un mot d’ordre : ne pas empêcher le déroulement du scrutin, ne pas se positionner autour des centres de vote, et n’agir d’aucune manière pour intimider les votants. Ils insistent sur le caractère pacifique du mouvement et veillent à ce que ce principe soit appliqué. Cela se vérifie sur le terrain. Aucun quartier n’enregistre de violence verbale ou autre à l’encontre des votants. En ce milieu d’après-midi, les rues de la capitale sont presque vides. Chez eux, les citoyens suivent le déroulement du scrutin mais aussi les évènements qui surviennent dans certaines régions du pays. Des vidéos montrant des émeutes en cours en kabylie circulent largement. Tous guettent aussi et surtout l’évolution du taux de participation et le commentent. Les réseaux sociaux sont enflammés.
Il est bientôt 19 h. Au 1er-Mai, des cafés ouverts et des vendeurs de thé traditionnels sont envahis par des citoyens venus commenter la journée. Les yeux rivés sur leurs smartphones, ils apprennent que les grandes tendances donnent déjà Abdelmadjid Tebboune en tête.
La surprise est grande. Les discussions portent sur certains propos tenus par le candidat. On se remémore des explications fournies par celui-ci au sujet de son fils incarcéré dans l’affaire Kamel Chikhi. Rappelons que selon Tebboune, celui-ci a été victime de la «issaba». 20h arrive. L’opération de dépouillement débute. Pas d’incidents. La veillée va être longue…
Abla Chérif

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