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Jeux et enjeux d’une sortie de crise

L’élection d’un nouveau président de la République avant la fin de l’année en cours, toujours vue comme affront aux revendications du Hirak, au mieux une provocation par les animateurs de la scène politique, toutes tendances confondues. C’est que l’enjeu est de taille et la question d’une grande sensibilité quant à l’avenir, à court et moyen terme d’abord, les indicateurs économiques virent au rouge les uns après les autres, signes d’une menace d’écroulement aux conséquences dramatiques.
La sonnette d’alarme est tirée par les spécialistes et les lanceurs d’alerte sans pour autant mettre en émoi ceux qui prônent le changement radical du système. Trop préoccupés par leurs joutes dans les différents meetings partisans, les conférences à thèmes, les feuilles de route d’un jour miraculeusement concoctées à la faveur de concessions mutuelles dans les rencontres d’ici et d’ailleurs rappellent, à s’y méprendre, des discussions byzantines. Pourtant, ce qui est censé les réunir tous, c’est la revendication première, à savoir le changement du système en place depuis l’indépendance qui a survécu, paradoxalement, aux événements et aux hommes ! Il n’est pas faux de voir dans le soulèvement populaire du 22 février dernier un aboutissement de toutes les manifestations jalonnées par l’histoire immédiate de l’Algérie post-indépendance et dont les dates-repères sont les évènements de Constantine, les Printemps de la Kabylie et, enfin et surtout, ceux du 5 Octobre 1988 qui ont embrasé le pays tout entier.
Crise de croissance ou faillite d’un modèle politico-économique, le diagnostic établi s’est avéré au-delà du mal qui a commencé à gangrener la société sans que l’on prenne réellement conscience de son étendu. A telle enseigne, d’ailleurs, que les marches populaires du 22 février ont surpris tout le monde politique et médiatique. Son ampleur mettra dans leurs petits souliers les chantres de l’action politique dans le cadre fermé du système, affublé de l’habit pluraliste et de liberté d’expression qui s’avèrent être un moyen de diversion afin d’éviter l’implosion fatale. Aujourd’hui, sept mois après le début du soulèvement populaire pacifique pour le changement du système, le bilan introduit la symbolique forte qu’il y a lieu de relever dans la mise à l’écart des hommes les plus apparents de ce même système sans que cela donne l’impression d’un bilan positif des revendications populaires scandées sans discontinuer à pleins poumons les vendredis ponctuées d’une rare ponctualité par les discours de mise au point ou de rappel à l’ordre du chef de l’état-major de l’armée.
Pour le Hirak le vendredi, les étudiants le mardi, mettre en prison les symboles du système ne suffit pas, c’est loin d’être suffisant ; mieux, cela est vu comme une ruse visant à perpétuer le système honni. A ce stade, les positions des uns et des autres semblent dans l’impasse et les conséquences risquent d’être catastrophiques quand bien même cela n’inquiète pas outre mesure les jusqu’au-boutistes de tout bord. Et l’on se rend compte que déjà beaucoup de temps est passé sans que l’on enregistre une avancée tangible dans la recherche de solutions de sortie de crise.
Creuset de toutes les contradictions, le Panel de médiation et de dialogue ne sait plus à quels dieux se référer en dépit de sa composante constituée de personnalités animées de bonne foi et où militants se réclamant de la démocratie, hommes de culture, journalistes et jeunes du Hirak se côtoient dans une quête presque désespérée de solutions à même de desserrer l’étau qui attise le sentiment d’exaspération de toute la société qui commence à donner des signes de lassitude d’une situation précaire qui s’inscrirait dans la durée. Toutefois, les Algériens, dans leur majorité, ne veulent pas d’un changement dans la continuité, tout habitués qu’ils sont aux privations et déni de liberté – brandissant, bien haut, pour cela, les banderoles portant leurs aspirations à une Algérie nouvelle, de progrès et d’espoirs d’une vie meilleure.
A la pointe du combat, les étudiants, avec la fougue qui leur est propre, ciblent, depuis son installation, le Panel et vont jusqu’à le chahuter devant son bâtiment et même faire irruption, comme pour bien se faire entendre, quand ce n’est pas pour dire tout simplement leur rejet de cette structure qui fonctionnerait sur injonctions en dépit des dénégations de Karim Younès, son président. Les partis politiques, affaiblis par leurs divisions, leurs querelles chroniques, leur manque d’anticipation des événements (ils n’ont pas vu venir le Hirak), leur guerre de leadership donnent une piètre image de la classe politique incapable de réagir à l’urgence de l’heure, c’est-à-dire le pays en danger de faillite. De ce fait, l’on s’interroge si un parti ou une coalition de partis (hors FLN et RND, un singulier passif du système) dits d’opposition sont à même d’assumer l’alternance pour la gestion politique du pays en mal de dirigeants d’envergure.
Quant aux forces en présence, la principale est vue dans l’état-major de l’ANP que d’aucuns disent que c’est cette instance qui tire les ficelles dans toute décision engageante. Les chefs de partis ont ainsi pris le pli de regarder dans leurs actions dans le rétroviseur le général Ahmed Gaïd Salah. Ils voient dans les démarches du Panel (de plus en plus déserté et infiltré par des éléments opportunistes) à leur endroit plus comme une sollicitation qui titille leur ego, ainsi certains, se donnant des airs de président, ne se donnent pas la peine de l’accueillir à l’entrée de leur permanence mais trônent au fond de leur fauteuil dans leur bureau.
A l’opposé, l’armée réitère à chaque occasion son soutien aux efforts du Panel de médiation et de dialogue et y relèvera même des signes d’agacement devant la stagnation des pourparlers avec les acteurs de la société politique et civique, croyant déceler dans les critiques et autres résistances des manœuvres de la « bande » et promettant de démasquer les « chargés de mission » du parasitage de la sortie de crise. L’élection du nouveau président de la République est la cible de leurs attaques.
L’état-major de l’armée en fait une priorité absolue : il faut un président de la République au plus vite, avant la fin de l’année en cours. Avec une promesse : des élections crédibles et pas à la Naegelan (gouverneur durant l’Algérie coloniale qui s’est rendu célèbre par le bourrage massif des urnes). Du reste, le trucage des élections a continué dans toutes les consultations populaires dans l’Algérie indépendante ! Alors quel discours faut-il adopter pour vaincre les résistances et pousser aux urnes pour choisir le président de la République : en promettant donc un scrutin honnête et transparent, un profil présidentiable réunissant les qualités d’intégrité et de dévouement à l’intérêt général et travaillant pour l’intérêt et le progrès du pays. A défaut, la rentrée sociale risque d’être otage de calculs politiques interminables.
Le Hirak, qui a sa propre dynamique, ne doit pas être vu comme une masse à disposition, par les uns qui l’accompagnent et les autres qui parlent en son nom sans le reconnaître. Ceux-là sont prompts à crier, en cas d’échec : « Yaou 3likoum léblindi »…
Brahim Taouchichet
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