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Véhicules de moins de 3 ans La fuite en avant du gouvernement

Il est des décisions qui suscitent une avalanche de réactions en chaîne avant même leur mise en application. C’est le cas, en ce moment, de la mesure prévue dans le projet de loi de finances 2020, autorisant l’importation des véhicules de moins de trois ans.
En dépit des avis des économistes et des observateurs avertis, qui ont déjà eu à relever l’inconsistance de l’argumentaire décliné par le ministre du Commerce pour tenter de justifier le retour à une disposition suspendue en 2005, le gouvernement maintient le cap et se permet même une imprudente disposition de dernière minute de réintroduire le diesel dans la gamme de ce type de véhicules. Ce qui n’a pas échappé à l’attention de la ministre de l’Environnement, qui affirmait, mardi dernier, son opposition à cette disposition en soulignant son incohérence aussi bien avec la stratégie de son département que celle de la communauté internationale visant à interdire, à court terme, l’utilisation des motorisations diesel.

Le diesel a les faveurs du gouvernement
S’il est vrai que ce dernier fait l’objet d’une condamnation internationale unanime pour ses importantes émissions de particules (70% contre 30% pour l’essence) et a même été classé en 2012 « cancérogène certain » par l’Organisation mondiale de la santé, il n’en demeure pas moins que les dernière évolutions technologiques introduites sur ces moteurs améliorent sensiblement la qualité de leurs rejets et les placent, pour certains, au même niveau de dépollution que l’essence. Ajoutons à cela la politique de soutien des prix du carburant en Algérie qui reste largement en faveur du diesel, puisqu’il coûte à la pompe la moitié de celui de l’essence, alors que le GPL peine à se généraliser à toutes les stations du pays et que le GNC demeure au stade de l’expérimentation. Cela se passe de commentaire.

Peu d’intérêt pour le citoyen
Plus globalement, le retour à l’importation des véhicules de moins de 3 ans, si elle venait à être adoptée dans sa mouture actuelle par l’APN, ne profiterait nullement au citoyen lambda. Et même au stade de projet de texte ne devant entrer en vigueur qu’au début de l’année prochaine, cette décision a fait déjà flamber les cours du change parallèle de la devise qui flirte de nouveau avec la barre psychologique des 200% après avoir dégringolé autour de 160 et 170% durant les mois précédents.
Nous ne nous attarderons pas trop sur les prix des véhicules de moins de 3 ans en Europe notamment, qui obéissent à une décote officielle qui ne les rend pas aussi attractifs pour le client algérien que le gouvernement le laisse croire. Une petite citadine de 2017 reviendrait en moyenne au minimum 9 000 euros auxquels viendraient s’ajouter les frais d’assurance, de transport et de séjour, soit près de 10 000 euros. Une fois dédouanée, après paiement des taxes, elle reviendrait à environ 2 400 000 DA. Le même modèle assemblé en Algérie est proposé autour de
2 000 000 DA. Et quand on connaît les restrictions de plus en plus sévères dans la délivrance des visas pour les Algériens par les chancelleries de l’espace Schengen, on ne saurait s’attendre à un engouement particulier pour cette formule.
Ainsi, l’on est bien loin de cet «équilibre du marché automobile » souhaité par le ministre du Commerce et encore moins de cette démarche censée « faire pression » sur les prix pratiqués par les assembleurs locaux.

Des licences d’importation pour équilibrer le marché automobile
Il serait plus judicieux, en revanche, de revoir en priorité l’organisation de ce secteur, en instaurant des contrôles en amont et en aval de la chaîne d’approvisionnement des usines déjà en activité tout en envisageant une réouverture contrôlée des importations à travers des quotas pour les concessionnaires automobiles indument écartés par l’ancien ministre Bouchouareb. Et c’est uniquement cette dernière mesure qui pourrait faire fléchir les tarifs surévalués des véhicules proposés actuellement par les marques présentes en Algérie. Sachant, à l’évidence, que les produits importés seraient largement compétitifs et que la facture globale ne doit pas, en tout état de cause, dépasser les seuils des exercices précédents.
Ceci étant, l’autorisation d’importer décidée par le gouvernement, en plus d’être une mise en conformité avec les réglementations commerciales internationales et les exigences de l’OMC, pourrait, par ailleurs, être une aubaine pour certains citoyens dont les moyens financiers le permettent ou aussi les revendeurs importateurs habitués de la filière du Moyen-Orient où les prix des véhicules d’occasion sont plus attractifs.
En l’état actuel des choses, le retour à l’importation des véhicules d’occasion s’apparente plus à une fuite du gouvernement qui ne veut pas assumer jusqu’au bout les dérives dangereuses de l’ancienne équipe, qu’une solution adaptée au pouvoir d’achat du citoyen.
B. Bellil

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