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ALGER POURRAIT SE TOURNER VERS LES FOURNISSEURS RUSSES AU DÉTRIMENT DES FRANÇAIS La guerre des céréales

Une véritable guerre de céréales a éclaté dans le monde sur fond de stratégies politiques et défense des intérêts de tout un chacun. Bien placée sur la liste des clients importants, Alger a, elle aussi, été amenée à réexaminer sa politique d’importations et doit se décider à trancher rapidement dans une question cruciale : poursuivre son approvisionnement auprès des Français, ou pencher vers le blé tendre de Moscou ?
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Dans le contexte où elle est soulevée, cette question dépasse, on s’en doute, de bien loin l’unique cadre du marché céréalier. La décision doit être, en effet, prise au moment où les relations algéro-russes se trouvent à leur plus haut niveau et qu’a contrario se trouvent figées les liens entre Alger et Paris. A la recherche d’un redéploiement diplomatique, Moscou ne ménage aucun effort et n’épargne aucune faille pour gagner du terrain. Le marché africain, traditionnellement acquis aux Français, lui a déjà ouvert de nombreuses portes, puisque des pays comme le Cameroun, le Sénégal et le Maroc s’alimentent déjà à partir de la Russie. Leur position est aujourd’hui similaire à celle de l’Égypte qui a toujours fait montre d’une grande exigence en matière de qualité des céréales qu’elle importe. Aujourd’hui, l’Algérie risque à son tour de rejoindre cette liste, au grand dam de la France qui se classait jusque là au quatrième rang mondial des plus gros pays exportateurs de blé. Alger était quant à elle, classée premier acheteur de blé français. Tout a commencé au cours de l’été dernier lorsque les autorités algériennes décident de lancer un appel d’offres sur le marché international afin de renforcer ses stocks en céréales en perspective des changements en cours dans le marché mondial. Traditionnellement, il est connu que l’Algérie couvre une bonne moitié de ses besoins en blé dur ainsi qu’une petite quantité en blé tendre. Pour couvrir le reste manquant, et pour répondre à la demande interne croissante, le pays sollicite de manière régulière les plus gros producteurs céréaliers. L’appel d’offre passé il y a quelques mois concerne 360 000 tonnes de blé et intéresse au plus haut point les exportateurs français. Le gouvernement algérien a en effet toujours marqué sa préférence pour le blé tendre en provenance de ce pays en dépit de la grande diversification de l’offre à l’échelle internationale. Cette position inchangée depuis de longues années (voire depuis l’indépendance du pays) a d’ailleurs longtemps été interprétée par les spécialistes comme étant un choix politique relevant probablement d’accords secrets. Une entorse à la règle générale a été cependant enregistrée en 2016 en raison des pertes occasionnées par les changements climatiques. A l’instar de l’Europe du Nord, la sécheresse et la canicule ayant affecté les pays producteurs (Suède, Pologne, Allemagne…) s’est faite également durement ressentir sur le territoire français. Les dernières moissons ayant été épargnées, le pays a pu remonter la pente, escomptant regagner les terrains perdus ou en passe de l’être. Premier objectif reconquérir le marché algérien en se targuant d’avoir engrangé un blé tendre d’une excellente qualité cette fois. Au cours de ces dernières années, ce pays avait été en effet accusé de fournir l’Algérie du blé de qualité médiocre. En 2011, des informations persistantes affirmaient que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avait importé des quantités de blé dur contenant des champignons toxiques et que celles-ci avaient été révélées par des analyses effectuées par le laboratoire du port d’Alger. L’affaire avait alors été vite étouffée. L’incident s’est cependant reproduit deux ans plus tard. En 2013, les contrôleurs de l’OAIC ont intercepté 8 navires dont la cargaison était infectée. Pour l’année 2014, trois cas ont été «contrôlés positifs ». La même situation s’est produite avec l’Égypte qui s’est résolument tournée vers les fournisseurs roumains et russes. 2018 : les gouvernants algériens étudient sérieusement l’option russe. Des sources bien informées affirment que ce pays a répondu d’une manière satisfaisante à l’appel d’offre (360 000 tonnes). Le ministère russe de l’Agriculture a quant à lui confirmé le fait en publiant un communiqué annonçant que les autorités algériennes prendraient incessamment leur décision après analyse de leur cargaison. L’agence russe Sputnik rapportait également que «l’Algérie est extrêmement intéressée par l'importation de blé russe et envisagera cette possibilité après avoir analysé les informations reçues lors de l'inspection (…). La décision de la partie algérienne sera également basée sur les résultats de l'inspection du lot de blé d'essai qui sera envoyé à l'Algérie dans un avenir proche». Le ministère russe de l’Agriculture a tenu également à souligner que son pays «produira des céréales de qualité dont la croissance est respectueuse de l’environnement numéro un dans le monde». Moscou proposerait en outre un prix plus intéressant que celui en cours sur le marché européen où la tonne de céréale a atteint les 220 euros. La montée en puissance de la Russie est vivement critiquée par ses détracteurs qui y perçoivent une nouvelle arme redoutable servant son redéploiement diplomatique dans des zones stratégiques et habituellement sous influence française. Le gouvernement algérien s’est quant à lui gardé de commenter publiquement cette situation préférant sans doute s’en tenir aux strictes règles de la loi de l’offre et de la demande. Une manière d’éviter aussi d’alimenter un débat politique trop sensible à l’heure où les relations avec Paris ne sont pas au beau fixe…
A. C.

 

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