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LE MDN ACCUSE NOMMÉMENT LE MAROC DE VOULOIR DÉSTABILISER L’ALGÉRIE La guerre du kif

Un changement notable dans la communication du ministère de la Défense est enregistré depuis un moment à l’égard du Maroc. Le stade des insinuations ou messages usant d’allusions est dépassé. Rabat est cité nommément et accusé d’entreprendre toutes sortes d’opérations pour nuire à l’Algérie et au Sahel.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les mots utilisés dans les communiqués du MDN ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant lorsqu’il s’agit de désigner les auteurs de maux ou manœuvres en provenance de l’Ouest. Cette dernière terminologie (voisin de l’Ouest) a d’ailleurs été longtemps et même systématiquement privilégiée lorsqu’il s’agissait d’évoquer le Maroc. Jusqu’alors, elle était aussi empreinte de l’expression diplomatique qu’Alger a toujours réservée à ce dossier y compris dans les périodes de grande tension. Les derniers textes officiels marquent cependant une démarcation très nette à ce niveau, les gants ont été ôtés et deux des tout récents communiqués publiés par le ministère de la Défense sont là pour le prouver.
Le 21 février dernier, le MDN publiait ainsi un texte très offensif pour démentir toute intention de dépêcher des troupes participer dans le cadre du G5 à la lutte antiterroriste qui se mène au Sahel. Cette organisation englobe des contingents de cinq pays de la région (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) qui opèrent sous le commandement des troupes françaises enrôlées dans l’opération Barkhane.
Emmanuel Macron, initiateur de cette force, a laissé croire que l’Algérie et le Maroc s’étaient engagés à prendre part à une nouvelle opération, la Task Force Takouba, et précisé que tous les partenaires devaient officier sous le commandement français. Le ministère de la Défense a démenti ces propos et réagi de manière très virulente à toutes les interprétations qui ont découlé du discours de Macron. Le MDN précisait alors que ces rumeurs colportées sur les réseaux sociaux sont de « l’intox qui ne peuvent provenir que d'ignares à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes ».
Les mots « Maroc » et « entité sioniste » font pour la première fois leur apparition dans des communications officielles chez les militaires. L’allusion renvoie ici aux liens évidents qui unissent les deux parties désignées et à la nouvelle donne qui se projette dans la région depuis la reconnaissance d’Israël par le Maroc.
Ce lundi 1er mars, dans un communiqué portant sur le bilan des activités de l’ANP dans le cadre de la lutte contre la criminalité et la drogue, le ministère de la Défense passe à l’offensive. Le Maroc est nommément désigné comme étant à l’origine d’une tentative de déstabilisation de l’Algérie et du Sahel en tentant d’inonder ces territoires de drogue. « Le Maroc poursuit sa politique visant à inonder l’Algérie de drogue qui est devenue une menace contre la sécurité et la stabilité nationale d’autant qu’elle vise la catégorie la plus vulnérable, en l’occurrence nos jeunes », peut-on lire dans le texte.
Les chiffres publiés laissent sans voix : « 2 013,86 quintaux, introduits via les frontières avec le Maroc, 6 261 775 comprimés psychotropes ainsi que 3 183 narcotrafiquants durant la période allant du 1er janvier 2017 au 24 février 2021», affirme le communiqué tout en indiquant que les opérations ont été menées dans « le cadre de la lutte contre la campagne lancée par des réseaux internationaux connus pour leurs accointances avec le régime du Makhzen en vue d'inonder l'Algérie de drogue ».
Le MDN impute cette situation aux « positions immuables de l’Algérie envers les causes justes dans le monde et dans la région, le pays est en ligne de mire des réseaux internationaux alliés avec des pays de la région dont les intentions politiques sont sournoises, avec à leur tête le régime du Makhzen (…) le régime marocain use de tous les moyens pour faire écouler et vendre ses drogues en dehors de ses frontières, et ce, en faisant fi de la sécurité et la stabilité des pays du voisinage ».
La même source ajoute que « l’impunité assurée par le régime du Makhzen aux narcotrafiquants et aux réseaux de narcotrafic (…) cette impunité est expliquée par les tentatives du Makhzen de voiler ses multiples échecs économiques et pour apaiser l’ébullition sociale (…) la pauvreté prend de l’ampleur au Maroc et le chômage s’installe de plus en plus parmi les jeunes, c’est pourquoi, le régime marocain ferme les yeux sur la contrebande et le narcotrafic. De surcroît, il encourage et motive ses éléments postés sur ses frontières pour faciliter l’acheminement des tonnes de drogues vers l’Algérie ».
Le MDN cite également le rapport de l’ONU publié en août 2020 mettant en garde contre « l’exportation du cannabis et de haschisch depuis le Maroc vers les pays du voisinage et du Sahel, ce qui contribue au financement des groupes terroristes actifs et à la déstabilisation de la région à cause de l’interconnexion qui existe entre les bandes de narcotrafic et les groupes terroristes activant dans la région où ces groupes assurent une couverture sécuritaire aux narcotrafiquants en contrepartie d’une part des rentes des opérations de narcotrafic ».
Il tient également à rappeler que le rapport de l’Observatoire européen de la drogue et de la toxicomanie, publié en juin 2020, désigne le « Maroc comme premier fournisseur de l’Europe en haschisch et cannabis, avec un taux de 72% du total des drogues saisies en Espagne seulement ». Plus en détail, le communiqué du ministère de la Défense cite un rapport adressé au président du Conseil de sécurité de l’ONU, le coordonnateur du groupe d’experts sur le Mali, Albert Barume, révélant que « le flux de stupéfiants le plus régulier et le plus stable en provenance du Maroc transite par la Mauritanie et le Mali puis du Niger en Libye et que l’implication des groupes armés dans la criminalité organisée continue d’évoluer principalement autour de l’acheminement du haschisch marocain engendrant des affrontements meurtriers tout au long des frontières marocaines».
L’inquiétude est d’autant plus grande que cette situation a donné lieu à « des affrontements, en juillet dernier, lors de l’acheminement d’un convoi de drogue vers le Niger (…) ces violents conflits peuvent amener certains groupes armés à la violation de l’accord de cessez-le-feu poussant les parties concernées par la lutte conjointe contre la criminalité organisée de redoubler d’effort afin de venir à bout des flux de drogues ».
A. C.

 

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