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Retour des anciens terroristes du Moyen-Orient La hantise des pays du Maghreb

Le Maghreb est sur le pied de guerre. Le retour d’anciens terroristes ayant servi sous la bannière de Daesh dans les zones de grand conflit inquiète grandement les pays de cette zone où de véritables ripostes s’avèrent difficiles à mettre en place.
17 décembre 2018. Le petit village d’Imlil, au Maroc, est ébranlé par la mort de deux jeunes touristes scandinaves égorgées par un groupe terroriste. Dans une vidéo, les criminels revendiquent leur allégeance à Daesh. Les experts en matière de sécurité sont formels : l’action est indéniablement liée au phénomène du retour des anciens djihadistes rentrés au pays avec l’intention de réactiver les cellules dormantes. Le Maroc ne l’ignore pas. Comme la Tunisie, l’Egypte mais aussi l’Algérie, ce retour fait peser une menace qui mobilise grandement ces Etats. Les pouvoirs publics communiquent peu sur le sujet préférant garder sous silence les concertations étroites menées avec l’Union africaine et les Nations-Unies pour dégager une stratégie commune de lutte contre cette nouvelle menace. Sur le qui-vive, l’UA a alerté il y a deux ans déjà l’opinion sur le risque en cours. Selon les recoupements effectués sur la base d’informations obtenues dans le cadre d’une coordination interservices, près de 6 000 terroristes envisageaient à ce moment de quitter les zones de conflit (du Moyen-Orient) où leur organisation a été mise en déroute pour retourner chez eux. L’ONU en a fait de même, publiant un rapport détaillé sur les pays concernés par ce retour. Les faits se sont rapidement vérifiés sur le terrain. La Tunisie, le Maroc, et plus particulièrement l’Egypte se sont retrouvés confrontés à l’arrivée de groupes ayant activé en Syrie ou en Irak sans pouvoir y faire face réellement. Bien que le risque soit estimé moins grand en Algérie, des informations parues ces derniers jours évoquent des rapports transmis par le ministère algérien des Affaires étrangères à l’Union africaine et l’Union européenne les alertant de l’arrivée de «centaines d’extrémistes issus du Maghreb et de la région subsaharienne suite à leur déroute en Syrie et en Irak». Le même document précise que «la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et l’Egypte sont parmi les pays les plus concernés» par ce phénomène. Des spécialistes du dossier affirment que «le danger est d’autant plus grand que ces terroristes repérés tentent de s’introduire dans les pays concernés par des voies illégales. A leur arrivée, beaucoup d’entre eux font tout pour ne pas se faire repérer, pas par crainte des autorités ou des procédures à suivre pour régulariser leur situation, mais parce qu’ils sont visiblement animés d’intentions malsaines». Les personnes arrivées par voie légale «sont naturellement soumises à des procédures judiciaires, leur dossier est étudié», précisent d’autres sources bien au fait de la situation. Elles indiquent ainsi que des éléments ayant combattu à Damas sont entrés en Algérie avec de faux passeports avant d’être découverts par la Gendarmerie nationale dans le cadre d’opérations contre la criminalité. «D’autres tentent probablement d’utiliser les frontières sud, la région est propice à ce genre d’activités», poursuivent ces mêmes sources en précisant que «le problème qui se pose n’est pas seulement lié aux terroristes de nationalité algérienne et qui sont peu nombreux d’ailleurs à avoir combattu à l’étranger (près d’une centaine), il est lié au retour de tous les terroristes maghrébins et africains tentés de se redéployer à travers le Sahel. Une fois sur place, ces derniers peuvent agir en direction des pays ciblés». Les experts mettent l’accent sur deux autres destinations particulièrement sensibles en Afrique du Nord : le Sinaï (en Egypte) où se trouvent implantées des organisations affiliées à Daesh, mais aussi en Libye foyer de groupes terroristes de tout bord. «Le Sinaï est proche de l’axe irako-syrien, quant à la Libye, elle reste une destination privilégiée en raison de la confusion qui règne sur ce territoire.» Des prévisions établies il y a deux ans sur une possibilité d’une accentuation des attentats en Egypte se sont vérifiée. Les terroristes dont l’organisation a été mise en déroute à Damas ou à Baghdad n’avaient plus aucune possibilité de rester sur place, explique-t-on. «Il leur était impossible de tenter de se dissimuler parmi la population, les différences de culture, de langage sont trop grandes. Leur crainte est de se faire arrêter et tuer par les forces antiterroristes, les armées légales. Le retour de ces djihadistes vers leur pays d’origine n’est pas un choix, il leur est imposé par une situation, ils sont endoctrinés, entraînés militairement et n’ont, pour la plupart, aucunement l’intention de se rendre. Ils sont très dangereux, ces gens-là ont été formés pour faire la guerre dans de grands conflits. Ils reviennent déçus et animés de la volonté de se redéployer, de poursuivre la mission pour laquelle ils ont été recrutés.» Des études menées sur le sujet par le Centre d’études stratégiques pour l’Afrique définissent ces objectifs comme suit : renforcement des cellules dormantes, endoctrinement des jeunes générations, constitution de nouveaux groupes armés. Une influence du phénomène est également attendue sur la délinquance et la criminalité. Dans l’une de ces résolutions, le Conseil de sécurité précise que «le dessein (de ces terroristes) est de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme, ou d’y participer ou de dispenser un entrainement au terrorisme, notamment dans le cadre d’un conflit armé». Dans ces conditions, précise le même texte, ces éléments peuvent se rendre dans des pays autres que celui de leur nationalité. Pour faire face à ce phénomène, les pouvoirs publics ont tenté de mettre en place une stratégie axée principalement sur la détection de ces individus à leur arrivée. En Tunisie, comme au Maroc, l’arrivée de ces djihadistes a soumis les gouvernements à rude épreuve. Dans ce dernier pays, ce retour a coïncidé avec la libération (ces derniers mois) de très nombreux Marocains impliqués dans des réseaux terroristes et détenus dans des prisons européennes. Tunis et Rabat avouent être aujourd’hui face à un phénomène qui les dépasse. Un peu partout, des mesures de riposte sont en réflexion. Alger plaide elle aussi pour une accentuation de la coopération internationale, à l’échelle africaine et européenne.
A. C.

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