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Berlin au chevet de la Libye en crise L’apport très attendu de l’Algérie

Le président du Haut Conseil d’Etat libyen (GNA), Khaled El Mechri
Le président du Haut Conseil d’Etat libyen (GNA), Khaled El Mechri

Après une absence notable dans les affaires internationales, pour des raisons de gestion politique interne, le retour de l’Algérie sur la scène diplomatique à la faveur de l’aggravation de la crise libyenne est salué par plusieurs capitales aussi bien africaines qu’européennes. A cet égard, relevons la déclaration du président du Haut Conseil d’Etat libyen (GNA), Khaled El Mechri : « Nous considérons que l’Algérie est le seul pays capable de rétablir les équilibres.»
C’est dans ce même état d’esprit que le président du Conseil italien a fait le déplacement d’Alger, où il a été reçu par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, ainsi que par le Premier ministre, chef du gouvernement Abdelaziz Djerad. Une visite dans le sillage des relations bilatérales dont l’importance est démontrée par les séances de travail entre les hauts responsables algériens et italiens, volet sur lequel le président du Conseil italien a beaucoup insisté.
Par ailleurs, au cœur de la visite de ce dernier, la question libyenne interpelle l’Italie compte tenu de la proximité et de l’Histoire. Il a exprimé sa préoccupation au Président algérien, comme il l’a souligné dans une déclaration publique dans laquelle il a également mis en avant la concordance des vues entre l’Italie et l’Algérie. L’objectif de cette «visite qui s’inscrit dans la dynamique des efforts de la communauté internationale pour circonscrire le cessez-le-feu et lui apporter une solution durable».
Il y a lieu de rappeler que l’on assiste depuis ces derniers jours à un chassé-croisé diplomatique. Plusieurs ministres des Affaires étrangères sont venus à Alger, qu’il s’agisse de l’Egyptien Sameh Shoukry ou du Turc Cavusoglu après Fayez El-Serraj, le président du Gouvernement d’unité nationale reconnu par l’ONU.
Les concertations avec Alger n’ont pas discontinué puisqu’elles le sont directement par le bais de communications téléphoniques. Donc, demain dimanche, Abdelmadjid Tebboune, sur invitation de la chancelière Angela Merkel, se rendra à Berlin, la capitale allemande. Du beau monde, il y en aura au chevet de la Libye, meurtrie par une guerre fratricide qui met à rude épreuve son existence en tant qu’Etat souverain, avec son lot de destructions et d’exode des populations fuyant la guerre. Les enjeux de cette crise libyenne sont énormes et graves.
Ce que prouve la présence de superpuissances comme les Etats-Unis avec le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, ou la Russie et la Chine. La conférence de Berlin sur la guerre civile en Libye a pour ordre du jour la recherche des voies et moyens à même de mettre fin à un conflit susceptible d’avoir de dangereuses répercussions sur toute la région orientale de la Méditerranée.
Evénement exceptionnel s’il en est pour l’Allemagne, cette conférence aux contours d’un sommet d’urgence a pour ambition de réussir là où la réunion de Moscou a échoué, puisque l’un des protagonistes de la crise, en l’occurrence le chef militaire Khalifa Haftar, avait refusé de parapher le document portant cessez-le-feu et a ainsi quitté la capitale russe.
On imagine la déception des parrains de la rencontre de Moscou, en particulier Recep Tayyip Erdogan qui est entré dans une colère noire, le radicalisant encore plus dans son interventionnisme en Libye, allant jusqu’à parler de représailles. Joignant le geste à la parole, il vient de dépêcher du renfort aux côtés des mercenaires sur place. Il n’est d’ailleurs pas le seul à être tourné en ridicule par les pirouettes du maréchal.
En Italie, la rencontre prévue entre les frères ennemis est tombée à l’eau, le même Haftar ayant fait faux bond à la dernière minute, afin de ne pas serrer la main de son rival, pourtant sous les encouragements bienveillants de son hôte. Suffisant en tous les cas pour donner un coup de fouet aux bonnes volontés de la paix. Une opportunité que l’Allemagne d’Angela Merkel veut mettre à profit. Elle va donc user de toute sa crédibilité pour réussir là où d’autres parties, aussi motivées voire intéressées, ont échoué. Il reste que c’est là un challenge redoutable et semé d’embûches, tant les positions des parties en conflit ouvert sont éloignées les unes des autres ,et les forces parasitaires déterminées à dire leur mot dans ces négociations pour une sortie de crise.
Si la conférence de Berlin révèle au grand jour l’impuissance de l’Afrique à régler par elle-même ses problèmes (absence de l’Union africaine-UA, son président n’est pas invité), et de la Ligue arabe que l’Égypte a tenté, en vain, d’instrumentaliser, l’on s’acheminerait vers une solution européenne avec toutes ses limites. Il faut dire que c’est l’intervention de la Turquie d’Erdogan qui a tout précipité, à telle enseigne que les deux frères ennemis se retrouvent irrésistiblement débordés et ainsi aller les mains liées à Berlin, quand bien même l’objectif premier reste la signature du cessez-le-feu et le paraphe de ses clauses. Les garanties ? Angela Merkel a-t-elle réuni tous les atouts ? En effet, si elle s’assure des soutiens dont celui de l’Algérie pour une feuille de route réaliste vers la paix, il faut compter avec les inimitiés soulevées par la démarche du Président turc, qui a opté pour une démarche unilatérale risquée aux côtés d’El-Serraj. Et les résultats sont catastrophiques car la crise libyenne s’est retrouvée encore plus compliquée. Pis encore, les pays arabes alliés de Haftar crient au scandale et ne digèrent pas ce qu’ils considèrent comme un affront de la part d’un descendant ottoman !
A Berlin, ils seront présents en tant que membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Sans la Tunisie pourtant frontalière de la Libye, pour des raisons non encore élucidées. Est-il possible pour autant de faire l’impasse sur ce pays ? Décidément, Erdogan apparaît comme une personnalité « non grata » jusqu’en Grèce qui revendique, haut et fort, le droit de participer à la conférence, arguant du fait qu’elle est concernée par tous les problèmes liés à la région. Il est vrai que le maréchal Haftar n’a pas manqué de faire du lobbying auprès d’Athènes, qui, ne l’oublions pas, attend qu’Ankara solde le différend qui empoisonne les relations entre les deux pays depuis l’affaire de Chypre.
La Turquie sera présente à Berlin. La France qui n’a pas, elle aussi, soldé son passif désastreux en Libye, participera à la conférence. Quel impact faut-il espérer de ce rendez-vous exceptionnel sur la crise libyenne ? S’il est vrai que les pays arabes participants tenteront d’influer sur les résultats, l’on s’attend également à ce que l’Algérie, vers qui leurs regards se tournent, joue le rôle qui est attendu d’elle, c’est-à-dire celui de médiateur dans une neutralité positive qui imposerait un dialogue inclusif interlibyens, la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’Etat libyen, le rejet de tout interventionnisme et des hégémonismes. Pour une paix juste et durable… En mettant hors-jeu le tandem Fayez El-Serraj/maréchal Haftar ?
Brahim Taouchichet

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