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Saïd Sadi : «L’armée n’est pas compétente pour conduire la transition démocratique»

Origines de la révolution populaire, les écueils qu’elle doit dépasser pour se réaliser, les contours que doit prendre la transition et le rôle de l’armée ont été les principales haltes de la conférence du Dr Saïd Sadi, qui était l’invité, jeudi dernier, des Débats de l’Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou.
Partant du postulat que les événements d’Avril 1980 comme le mouvement révolutionnaire du 22 février sont le fruit de colères accumulées depuis des années et qui « sont des signes de l’arrogance d’un pouvoir qui se croit tout permis », Saïd Sadi identifie plusieurs écueils qu’il faut dépasser pour aller vers le nouvel ordre politique revendiqué par les millions d’Algériens qui sortent dans la rue depuis le 22 février 2019.
« Ce à quoi invite la miraculeuse insurrection citoyenne de 2019, c’est la mise en place des fondations de LA République », dira Saïd Sadi qui va à contre-courant de la pensée dominante. « Des acteurs revendiquant le changement appellent à l’avènement de la deuxième République, ce qui laisse sous-entendre que nous aurions connu une première République (…) Quelle fut donc cette première République ? Comment a-t-elle été structurée ? Autour de quelles valeurs et pour quels objectifs le système qui a sévi depuis 1962 a-t-il été organisé ? », s’interroge l’ex-président du RCD pour qui le système politique en place depuis 1962 est « une succession de coups d’Etat, de fraudes endémiques et une corruption institutionnalisée. L’Algérie a inauguré son indépendance avec un coup de force contre le GPRA. Il fut immédiatement suivi par « une Constitution prostituée dans un cinéma », pour reprendre l’expression de Ferhat Abbas. Après le putsch de 1965, ce fut un « Conseil de la révolution » qui ne s’est jamais réuni qui a fait office de cadre législatif. Par la suite, une charte nationale a décrété un encasernement idéologique général composé de jacobinisme, de léninisme et d’islamisme. Il y a eu une Constitution en 1976 taillée sur mesure pour un homme décidé, lui aussi, à mourir au pouvoir. Petit à petit, le pays a subi des coteries tribales puis familiales, expressions les plus dégradées de l’organisation étatique », tranche l’homme politique qui postule qu’il faut « sortir d’un système archaïque et aller vers un ordre politique adapté aux réalités nationales et performant dans le monde moderne». Et d’ajouter: « Il est impératif de libérer la vie publique de l’emprise militaire. Il y a une tendance à la soumission politique et intellectuelle qui inhibe la pensée de bon nombre d’acteurs qui se persuadent que la sortie de crise, c’est-à-dire la conduite de la phase de transition, doit passer par la surveillance, l’arbitrage ou le contrôle de l’armée ; au motif que cette institution est la colonne vertébrale de l’Etat. Or, c’est bien cette tutelle qui pose problème. L’armée algérienne n’est pas compétente pour accompagner une transition démocratique. D’une part, son commandement politique est toujours accaparé par des officiers sortis du rang avec pour bagage un populisme rétif à toute idée d’adaptation républicaine. Les rares cadres qui ont tenté d’introduire des pratiques encourageant des discussions et des études innovantes ont été systématiquement confinés dans des fonctions supplétives avant d’être éliminés. D’autre part, cette institution, qui s’est confondue avec l’armée des frontières dès 1962, a été conçue comme un instrument de prise de pouvoir. L’approche qui consiste à vouloir faire jouer à l’ANP un rôle pour lequel elle n’est pas qualifiée peut mener à un autre plongeon dans l’abîme. Fatal, celui-là. » Car, avertit-il, « les moyens qui ont permis de faire vivre un système militaire autoritaire et improductif n’existent plus. La seule colonne vertébrale qui garantit la stabilité institutionnelle et la pérennité démocratique s’appelle la volonté citoyenne ».

«La phase de transition doit être pensée comme la clé de voûte de l’Algérie future»
La construction de la nouvelle Algérie que les millions de manifestants qui sortent dans la rue depuis deux mois appellent de leur vœu depuis suppose « la naissance d’un nouvel ordre constitutionnel », selon Saïd Sadi qui suggère des outils et une méthodologie à suivre pour réussir l’étape charnière et importante de la transition qui « doit être aussi courte que possible. Toute précipitation peut engendrer des effets pervers », dira l’invité de l’UMMTO qui suggère que « les acteurs politiques les plus avisés, les groupes sociaux les plus crédibles doivent être activement mobilisés pendant toute cette période pour poser en termes lisibles par tous les principes généraux qui détermineront la vie de la Nation démocratique ».
Pour éviter le piège du retour vers le statu quo antérieur comme ce fut le cas après la séquence vécue après 1992, Saïd Sadi insiste sur la nécessité de « valider par la vox populi (à travers des débats qu’il faut multiplier) les fondamentaux démocratiques qui doivent être posés et admis comme des règles auxquelles personne ne peut déroger. Cela prendra le temps qu’il faudra mais nous ne pouvons pas enjamber ces minima sur lesquels se sont construites toutes les nations prospères et durables (…)Pour le reste, les propositions de l’opposition se recoupent sur le fond. Présidence collégiale, gouvernement de transition, commission indépendante d’organisation des élections…font consensus. De plus, et mis à part le régime qui veut court-circuiter la révolution par une élection présidentielle à la hussarde, les acteurs les plus crédibles conviennent que l’élection législative devant aboutir à l’Assemblée qui élaborera une nouvelle Constitution doit être le premier scrutin de l’Algérie nouvelle. C’est le Parlement, démocratiquement élu, qui aura à définir puis adopter la nature du régime qui sied le mieux au pays : présidentiel, parlementaire… »
S. A. M.

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